L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neige

97 ~ Sylath

Sylath écoute avec un sourire les arguments du débat intérieur d'Ilashan. Le mercenaire dévoile plus de lui-même en cet instant que s'il avait tout simplement accepté de se déshabiller. Il réfléchit à l'implication de chaque chose et prévoit plusieurs coups d'avance. Malgré tout, Sylath n'est pas très étonné par la réponse d'Ilashan, il est même plutôt surpris, agréablement surpris, que l'humain ait hésité si longtemps. Cela signifie qu'il a envisagé un instant la perspective de participer à une cérémonie, de se déshabiller, d'approcher le Veilleur, sans pousser de hauts cris ni hurler aux monstres.

Et même si finalement, la perspective d'une telle cérémonie lui a semblé trop insupportable, Sylath y voit quand même un progrès, les prémices d'un refroidissement de sa colère.

Le vampire rattrape au vol la pièce qu'il lui lance, revient vers lui et la dépose à nouveau sur la table basse, près de l'humain.

— C'est toi qui choisi, je ne te forcerai à rien. Mais réfléchis-y encore. Pas simplement à l'épée, pense à la cérémonie. Aucun fidèle, aucune novice ne pourrait plus douter de toi si tu y participais, ils cesseraient de te considérer comme une menace et te verraient un comme frère. Et ce serait pour toi le moment d'accepter d'être protégé, de ne pas être seul, livré à toi-même, au moins une fois dans ta vie.

Sylath s'éloigne pour ouvrir la porte au nouveau venu. Méric, un vampire, entre et repousse son cache-nez. C'est un éclaireur, le cuir de ses vêtements sent la neige et la forêt.

— Les quatre humains ont atteint le village de Heurtevent. J'ai pris sur moi de les suivre jusqu'au plus proche village humain, ils avaient été pris en chasse par des loups arctiques.

— Vont-ils bien ? demande Sylath.

— Oui, ils ont souffert du froid mais j'ai empêché les loups d'approcher, ils sont tous sains et saufs. J'ai écouté leurs conversations quand le vent soufflait dans la bonne direction, ils croient les autres membres de leur expédition morts de froid. Sans exception.

Sylath tourne le regard vers Ilashan. Il sait le poids de cette phrase. C'est à la fois une bonne nouvelle et la fin d'un espoir pour l'humain. Personne ne sait qu'il a survécu, personne ne va venir le chercher. Faute de résultats, l'enquête sera certainement abandonnée. À présent, son seul espoir de quitter cet endroit est que Sylath tienne parole et le laisse partir.

Le Flagelleur remercie l'éclaireur qui sort et les laisse enfin seuls.