L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neige

180 ~ Ilashan

Ilashan reste songeur devant le feu de cheminée. Il termine son plat sans rien ajouter, perturbé par tout ce que le vampire vient de lui apprendre. Il ne comprend toujours pas pourquoi il s'inflige un tel tourment alors qu'il lui suffirait de mordre à la gorge du premier humain venu. Ce ne sont pas les volontaires qui doivent manquer.

Plus encore, il n'aime pas entendre Sylath le louer ainsi. Ce n'est pas que la flatterie le dérange, mais ça le gêne que le vampire puisse parler de lui de la sorte, avec autant... d'admiration à son égard. Il ne le connaît pas vraiment. Et il ne sait pas la moitié de tout ce que Ilashan a dû faire ou vivre au court de sa vie.

Lorsque Sylath prend congé, Ilashan ne le retient pas, pour ne pas prolonger son calvaire. Au lieu de ça, il reste quelques minutes encore à fixer les flammes avant de se redresser.

Il décide d'aller ramener lui-même son plateau aux cuisines. En remontant, il pourra peut-être s'arrêter à la bibliothèque, regarder quelques cartes pour rêver à son futur départ, ou bien à la salle d'arme pour se dégourdir un peu les jambes.

Ilashan commence à se familiariser avec les lieux, à reconnaître les longs couloirs froids et les arches délicates des plafonds. Il apprécie bien plus de se déplacer dans la forteresse lorsque le soleil est levé et éclaire les vitraux anciens, baignant les lieux de couloirs vives auxquelles les torches ne font pas honneur. La nuit, bien que les lieux soient plus animés, tout lui paraît beaucoup plus sombre.

Une fois sa vaisselle déposée, il traverse une salle commune près des cuisines où un groupe d'humains d'âges divers sont attablés. Ils jouent à un jeu de carte étrange, qu'Ilashan ne connaît pas, et interpellent ce dernier sitôt qu'ils l'aperçoivent.

Le mercenaire hésite à répondre à leur invitation, mais la vue d'une bouteille de liqueur posée près d'eux le fait finalement changer d'avis. Il se retrouve vite assis au milieu des joueurs, à se voir expliquer les règles de leur jeu.

Ils lui racontent avoir travaillé une bonne partie de la nuit à la restauration d'une salle de la forteresse, et prendre un peu de bon temps avant qu'il ne soit l'heure d'aller se coucher. Quelques femmes passent en riant en les voyant ainsi attablés, et bien vite, l'ambiance devient plus familière à Ilashan. Celle des soirs d'hiver dans les tavernes isolées, où on tue l'ennui comme on peut.

Les quelques verres qu'on lui propose ne sont pas non plus étrangers à sa décontraction, et il cesse vite de penser à ce qui le préoccupait quelques heures plus tôt.