L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neige

113 ~ Sylath

           

Sylath éprouve une sensation indéfinissable, quand Ilashan lui révèle le nom que les habitants du Sud donnent à son dieu. Si son cœur battait, peut-être aurait-il accéléré légèrement à cause de l'émotion. Il ignorait qu'Ilashan était un nom donné en l'honneur d'une divinité. Une divinité solaire, l'exact opposé de ce qu'il est, de tout ce en quoi il croit. Et l'obstacle lui semble insoluble, soudain. Il ne pourra pas garder Ilashan auprès de lui, quel que soit son désir pour lui, ou sa patience, l'humain a raison, que ce soit trois mois, trois jours ou trois ans, cela ne fait aucune différence, si leur incompatibilité est inscrite dans le nom même d'Ilashan.

Mais le « merci » sincère qu'il formule efface cette sensation de défaite. Parce qu'il le regarde dans les yeux. Parce que cette fois, la méfiance dans son regard semble s'être estompée. Parce que ses yeux noirs ont l'air un peu moins tristes, et un peu moins solitaires, pendant un court instant.

Sylath se contente de hocher la tête lentement. Avec Ilashan il ne comprend ni ses défaites ni ses victoires. Le mercenaire a son propre mode de fonctionnement, son propre rythme. Il est presque impossible de prévoir ses réactions tant elles semblent enchevêtrées dans un réseau complexe de raisonnements froids, de suspicions et de méfiances.

— Elle s'appelle Mérédith, répond Sylath à la dernière question que pose l'humain. C'est l'une des deux jeunes filles qui sont venues ici avec Boréa.

Il marque une pause, il ne dit pas qu'il aurait aimé y voir Ilashan, l'humain le sait sans doute très bien, et le rappeler ne ferait que le rendre un peu plus irritable, ce que le vampire ne se sent pas prêt à supporter.

— Et tu ne me déranges jamais, Ila. Ce n'est pas pour rien que cette porte s'ouvre dans les deux sens. Demain, je ne te force pas à assister à la cérémonie ni à participer à la fête, mais je serais heureux que tu y sois. Ensuite si tu veux, je pourrai te montrer un endroit de la forteresse, depuis lequel on voit se lever le soleil comme nulle part ailleurs.