L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neige

8 ~ Ilashan

           

Les derniers pas sont les plus difficiles. Les distances semblent se rallonger au fur et à mesure que les flèches et les murailles de la forteresse se rapprochent. Ilashan n'aspire plus qu'à la chaleur et au repos, les yeux rivés sur ce monstre de glace qui devient de plus en plus distinct.

Il ne ressent pas tout de suite le changement de température, tellement frigorifié qu'il grelotte encore dans les longs couloirs vides. Mais peu à peu, son corps reprend vie en dessous de ses vêtements trempés, le sang recommençant à circuler sans encombre dans ses veines, à irriguer l'extrémité gelée de ses membres. Un réchauffement doux et progressif qui soulage ses engelures, et lui permet de se rendre compte qu'il n'a probablement pas perdu de doigts, et peut-être même pas non plus d'orteils. Ses joues le brûlent étonnamment alors que son esprit sombre dans une douce torpeur, enveloppé par cette chaleur aussi inattendue qu'inespérée.

Il a pourtant un mouvement de recul en entrant dans ce qu'il ignore être la chambre de son hôte. Son regard balaye la pièce avec circonspection, et s'il n'y avait pas eu le feu brûlant dans l'âtre, il aurait sûrement rechigné à y pénétrer pour de bon. Toutefois, avant même de s'en rendre compte, il se retrouve assis sur un épais tapis, tentant de retirer les nombreuses épaisseurs de fourrures et de tissus glacé pour réchauffer son corps devant la douceur des flammes.

— Ça... ça ressemble pas... à une cellule de moine, dit-il d'une voix encore hachée par le froid et l'épuisement.

Ilashan observe le lit à baldaquin, les épais rideaux, son hôte à la voix et à l'allure si jeune sous son grand manteau. Mais il est tellement fatigué qu'il ne parvient pas vraiment à éprouver de l'inquiétude. Encore moins de la pudeur, même s'il peine à retirer ses habits pour dévoiler son corps meurtri par le froid et l'humidité.