L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neige

109 ~ Sylath

Lorsque la lumière de l'astre solaire devient trop éblouissante et chasse les profonds puits d'ombre bleutée de la plaine, Sylath se détourne. Il retourne dans le Temple et passe par la chapelle.

— Vous cherchez votre esclave, Flagelleur ? demande une novice, poliment. Il est reparti il y a moins d'une heure.

Sylath remercie la novice qui sort en emportant les balais qui ont servi à nettoyer la chapelle. Ilashan est venu ici, tout seul ? Le vampire pose les yeux sur l'autel, puis il les lève vers les arches de pierre blanche stylisées. La présence du Veilleur vibre dans l'air glacé comme une caresse, un souffle froid, un murmure réconfortant.

Il a le sentiment que le Veilleur n'a pas épargné Ilashan pour rien, que son arrivée ici ne doit rien au hasard. Mais il ne comprend pas ce que son dieu attend de lui. Et après avoir posé silencieusement la question au Veilleur, il quitte la chapelle et retourne sur ses pas.

Dehors le soleil se lève et filtre entre les vitraux, éblouissant le vampire qui s'empresse de regagner sa chambre. Quand il arrive finalement, l'odeur d'Ilashan lui indique que l'humain est là. Et Sylath met du bois dans le feu, par réflexe. Le froid ne l'atteint pas mais il a compris en entendant la langue natale d'Ilashan que le mercenaire vient de loin, de très loin dans le Sud, où le soleil brûle la terre et où la neige ne tombe jamais. Les températures glaciales du Nord doivent être pénibles à quelqu'un qui a grandi sous un soleil de feu.

Alors qu'il pense ne plus voir l'humain jusqu'au lendemain, la porte de la chambre d'Ilashan s'ouvre, et le mercenaire en sort.

Sylath ne dit rien, il le regarde avec sa sérénité habituelle. Quelque chose tressaute au fond de lui mais ce n'est pas le besoin violent qu'il a éprouvé plus tôt. Et il se sent profondément soulagé d'avoir retrouvé le contrôle de lui-même.