L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neige

183 ~ Sylath

Le trophée que rapporté Ilashan amuse le vampire. L'humain semble assez réaliste sur ses compétences, qu'il s'agisse d'un vrai combat ou d'un simple jeu à boire. Cette demi-victoire semble pourtant lui avoir fait du bien. Ou plutôt, songe Sylath, la compagnie des humains semble lui avoir fait du bien, parce qu'Ilashan n'est pas du tout dans un état d'alcoolémie préoccupant, mais il a l'air en revanche plus léger et plus joyeux. Bien plus qu'après plusieurs nuits à ses côtés.

La question du mercenaire le prend au dépourvu.

— Non, répond-il d'un ton neutre. La soif est passée.

Et c'est vrai. Il faudra peut-être qu'il boive un peu le lendemain, mais la gorge d'un autre humain s'y emploiera à merveille. Et une expression paisible s'installe sur son visage parce que ses craintes viennent de s'apaiser. Il n'y a rien de plus angoissant, lorsque l'on est immortel, que de devoir son confort et son bien-être à une créature de passage. Surtout à une créature capricieuse comme Ilashan.

Mais le Veilleur qui pourvoit à toute chose, a répondu à son appel, et il pourrait presque sentir ses doigts froids envelopper son cœur.

Ilashan le suit dans la chambre et Sylath ne fait aucune remarque. Il s'attendait à ce que le mercenaire passe rapidement par la salle d'eau et l'abandonne pour aller regarder le soleil se lever dans sa chambre, mais il n'a pas l'air décidé à partir et Sylath ne va de toute façon pas dormir tout de suite. Alors il met du bois dans la cheminée, et il s'installe sur le tapis.

— Je t'emmènerai à la salle d'armes demain, quand nous aurons terminé des repérages de l'aile ouest. Il faut que tu t'entraînes régulièrement, sinon entre l'inactivité et le froid, tu seras rouillé dans trois mois. Enfin, si tu as envie. Tu peux aussi retourner passer une soirée avec les novices, ils seront heureux de t'accueillir à nouveau. Les gens du Nord sont froids au premier abord, et difficiles à approcher, mais quand ils acceptent quelqu'un, ils le font avec beaucoup de chaleur.