Chapitre Un

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Quelques mois plus tôt

Aussi puissant que obsessionnel, l'amour est le sentiment le plus fort que nous pouvons ressentir. Pour nos parents, pour nos frères ou soeurs, pour les membres de notre famille, nos amis et finalement pour nos petits amis. Et c'est grâce à ce sentiment si  puissant que je me retrouvais à patienter pendant plus d'une quinzaine de minutes pour lui.

Pour Matt.

Chose que autrefois, je ne faisais point, la patience n'étant point l'une de mes qualités mais plutôt mon pire ennemi.

Assise dans ce restaurant de trois étoiles bondé, je sus malheureusement qu'aujourd'hui, ce sentiment si fort n'était plus présent dans notre couple et je commençais même à douter si un jour, l'amour avait réellement eu sa place dans notre complicité qui disparaissait de jour en jour.

Ce constat me frappa immédiatement tel un éclair qui m'aurait foudroyé. Ce sentiment, ce mot qui était le pilier de notre couple n'était autre que le pardon et non l'amour. Oui, c'était exactement le pardon qui nous reliait. Du moins, pour moi, c'était hélas ainsi. À chaque fois où il me posait un lapin ou quand il venait en retard ou comme les sempiternelles fois où il trouvait une excuse à deux balles pour me faire passée en second lieu!

Le pardon! Mais qui avait pu inventer ce... ce truc? Pouvons-nous réellement pardonné inlassablement l'être aimé,  pour ses nombreuses erreurs qu'il met souvent sur le compte de ses défauts qu'il nous répète, telle une chanson des années quatre vingt dix, qu'il nous pourrait malheureusement point changer pour une femme? Mon cas s'avéra plus cornélien que je ne le pensais.

L'homme, en particulier mon petit ami, se révèle à moi comme un être compliqué. Trop compliqué pour que je puisse un jour le discerner. Alors, si vous croyez que je vous dresse une image négative de la gente masculine, ce n'est pas le cas. Moi, Rebecca Wallace, je ne suis pas ici pour juger le sexe opposé quand j'en ai moi même beaucoup de défauts que je ne pourrais jamais vous avouer. De plus, le portrait que je vous dresse n'est autre que l'homme qui avait jadis fait battre follement mon coeur créant ce sentiment de plénitude quand j'étais avec lui et ses papillons dans le ventre, signe évident de l'amour.

-"Mademoiselle?"

Me sortant de mes pensées, le serveur me tendit la carte de vin même si j'aurais préféré une bouteille de champagne pour célébrer mon célibat, enfin retrouvé depuis plus de quatre mois. Libre. Enfin. Libéré de ce poids d'être avec un homme qui ne m'aimait comme je voudrais qu'il m'aime.

-"Vous voulez autre chose, Mademoiselle?" me demanda le serveur qui n'avait point bougé.

Mes yeux se perdirent dans la salle, l'écoutant d'une oreille peu attentive, me sentant désormais seule, délaissée comme une vieille chaussette. Hélas pour moi, non je devrais dire pour lui, pour Matt, mon futur ex petit ami, aujourd'hui s'achevait notre relation. Notre couple. Si bien sûre, nous l'avions été un jour!

Ne voyant aucune réaction de ma part, le serveur s'en alla s'occuper d'autres clients tandis que je continuais à scruter la salle, regardant les personnes, leur inventant une histoire essayant de les connaitre à travers leurs gestes pour passer le temps avant que mes yeux croisèrent celui d'un homme assis à l'autre bout du restaurant.

D'un bleu intense comme des lapis-lazuli allant jusqu'au saphir à la lumière tamisée du restaurant, je peinais à comprendre la couleur de cet océan qui me scrutait comme je le faisais. Les joues rouges de honte, je compris trop tard que je le fixais sans aucune gêne. Grillée, je me retournais pour boire d'une traite ma coupe, les joues empourprées.

Pourtant, moi qui croyait que l'inconnu avait cessé de me regarder, ce ne fut pas le cas. Au contraire, lorsque je relevais la tête, je vis clairement qu'il persistait à me dévisager avec une lueur énigmatique à m'en faire frissonnée. Un sourire se dessina sur son visage. Non pas un sourire empli de sous-entendus mais plutôt rassurant. Perdant la notion du temps, nous nous fixions ainsi avec l'ombre d'un sourire jusqu'à sentir une main se posait sur mon épaule, laissant un hoquet de surprise s'échappait de ma gorge.

-"Désolé Becca," s'excusa Matt en me tendant une rose.

-"Désolé d'être en retard ou de m'avoir effrayée?"

Mon ton fut plus sèche que je ne l'aurais voulu alors que Matt s'abaissa pour me faire la bise. Le parfum qui s'émanait de lui en fut trop, la goutte d'eau qui fait déborder le vase comme on le dit souvent. Un parfum de femme avait remplacé son odeur. Serrant les poings, impuissante, je restais assise sans dénier lui regarder.

-"Mon ange, pardonne moi, je ne voulais pas..."

-"Tais toi, Matt."

Le brouhaha de la salle me sembla lointain. Matt me dévisagea inquiet, inquiet que je puisse découvrir qu'il me trompait.

-"Fait le," m'encouragea cette petite voix dans ma tête.

Et je le fis. Un sourire aux lèvres, je lui rendis sa rose sous ses yeux incrédule.

-"C'est terminé, Matt." 

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant