Chapitre Soixante et onze

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J'aurais tout donné pour que sa soudaine venue ne fut qu'un mauvais rêve dont j'allais bientôt me réveiller. Pourtant, au fond de moi, je sus que ce n'était point un cauchemar mais plutôt la réalité et que personne n'allait me sauver. Ni même Connors...

-"Qu'as-tu fait aux gardes?" parvenais-je à lui demander sous le choc.

Mais rien.

Conrad ne me répondit pas. Seulement un lent sourire cynique se peignit volontairement sur son visage. Sur ce même visage d'ange qui m'avait jadis séduit. Le temps fut comme suspendu.  Il ne bougea pas d'un poil. Il se contentait simplement à me fixer avec une intensité perturbante qui accéléra les battements de mon coeur. Néanmoins, la raison de ce tumulte ne fut point par amour mais plutôt par une peur grandissante qui m'empêchait aussi de prendre mes jambes à mon cou.

Mais par dessus tout, ce qui fut le plus pire fut ce silence glaçant à m'en donner la chaire de poule. Ni lui ni moi parlait. Moi par pure crainte d'attiser sa folie naissante tandis que pour lui, ce fut sûrement dans le but de m'effrayer davantage car ce silence tant perturbant hérissait mes poils alors que s'il avait crié, le résultat aurait été moins terrifiant. 

Chaque seconde m'était désormais précieuse et comptée. J'ignorais ce qu'il me réservait même si mon petit doigt me révélait déjà que ses plans n'allaient en aucun me plaire et ses deux billes d'un bleu ciel confirmaient mon hypothèse. Conrad n'était plus l'homme que j'avais rencontré. Il avait tout bonnement disparu laissant place à un être plus effrayant. À un parfait inconnu.

-"Ne t'inquiète plus pour tes gardes, ma belle," fut sa seule réponse.

Mes poings se serrèrent immédiatement à l'entente de ce surnom. Mon souffle, lui, s'était bloqué au niveau de ma poitrine. Des flashs de nous se défilèrent devant mes yeux avant que je les chassais en secouant imperceptiblement la tête. Cette époque me semblait lointaine, comme dans une autre époque car Conrad ne ressemblait plus à l'homme que j'avais aimé auparavant. Non, il ne l'avait jamais été! Il avait toujours feigné d'être celui qu'il ne l'était point.

-"Que fais-tu ici, Conrad?" lui demandais-je brusquement tentant vainement de retarder l'inévitable, ce qui signifiait ma fin.

Sa tête se pencha légèrement à gauche puis à droite alors que son regard empli de folie s'ancra au mien. Longuement, il me fixa sans un mot laissant une fois de plus ce silence troublant répondre à sa place. Sa bouche s'ouvrit pour ne rien dire accroissant mon malaise. Délibérément lent, Conrad s'avança d'un pas me forçant irrémédiablement à reculer pour lui échapper même si de quelques enjambées, il pouvait aisément me rejoindre.

-"Je t'ai promis que tu allais être à moi et ça peut importe les moyens. Je t'aime, Becca, je t'ai toujours aimé," me déclara-t-il avec harde.

-"Conrad," dis-je d'une voix douce. -"Calme toi,"

-"Mais je suis calme," s'écria-t-il rageusement. -"Qu'avez-vous tous à me répéter inlassablement que je dois me calmer? C'est vous qui êtes fous pas moi!"

D'un claquement de doigt, son timbre et son visage venaient de perdre toute humanité. Conrad s'était comme métamorphosé. Ses pas devinrent plus lourds tout comme dans mes cauchemars. Sa respiration erratique et bruyante résonna dans l'appartement tel un avertissement que je devrais me taire immédiatement.

Ce que je fis aussitôt. Pourtant, l'atmosphère n'avait guère changé à mon plus grand malheur. Conrad devenait tel un lion en cage marchant enragé, faisant les cent pas, les poings tellement serrés que ses phalanges avaient blanchi. Prudemment, scrutant chacun de ses mouvements, je reculais.

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant