Chapitre Dix

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-"C'est sympa ici," me complimenta Aigue-marine avec cet éternel sourire en coin qui je m'habituais à voir sur son visage empreint d'une virilité sans faille.

-"J'ai l'habitude d'y aller avec des amis de la fac," lui dis-je en essuyant ma bouche après avoir mangé des nouilles.

-"La psychologie, n'est-ce pas?"

-"Comment le savez-vous?" lui demandais-je, sourcils froncés, interloquée. -"Avez-vous fouillé dans ma vie?"

-"Est-ce réellement une question?"

Ma mâchoire aurait pu se décrocher devant son sérieux.

Mais qui était-il?

-"Pourquoi l'avoir fait?" lui demandais-je, perplexe.

Il ne me répondit pas cependant.

Moi qui au début aurais voulu remercier Aurora pour ce rendez-vous avec mon bon samaritain, cette idée s'en alla aussitôt. Au contraire, cela en devenait même effrayant. Pourtant, malgré les risques que mes soupçons s'avéraient à être vrai qu'il fut un psychopathe, mes jambes ne voulurent point m'écouter. En coton, elles semblaient collées au sol ne pouvant malheureusement plus bouger tandis que le regard de braise de cet inconnu me transperçait de toute part, me mettant à nue devant lui!

-"Cessez de regarder des films d'horreur, Rebecca. Vous avez peur de moi? Vous ai-je terrifié à ce point?"

-"Selon vous? Que devrais-je ressentir autre que de la peur lorsque vous venez de m'avouer que vous avez fouillé dans ma vie?"

Il éclata d'un rire sonore me faisant froncer davantage les sourcils.

-"Ai-je dit pareil absurdité? Je n'ai rien affirmé, Rebecca."

Essayant de reprendre une respiration normale, peinant à contrôler le flux de colère et de panique qui s'éveillait de moi, je boudais en guise de réponse comprenant qu'il faisait que jouer avec mes nerfs depuis le début me poussant sans m'en rendre compte dans son jeu.

-"Non," m'avoua-t-il en un sourire qui se voulait rassurant. -"Je n'ai fait aucune recherche sur vous, vous pourrez vous reposer sur vos deux oreillers ce soir. Je ne suis ni un psychopathe ni un criminel. Vous êtes tout simplement curieuse et votre façon à constamment observer les gens le soir au restaurant m'ont mis la puce à l'oreille que vous devez étudier sur le comportement des gens."

-"Vous devez jouer à la loterie plus souvent peut être qu'un jour vous gagnerez le jackpot," assénais-je toujours fâchée.

-"Pas la peine, Mademoiselle Wallace."

-"Puis-je connaitre la raison ou est-ce trop demandé?"

Ses yeux bleus limpides me fixèrent longuement tandis que sa respiration se fit lourde. Un lent sourire se dessina sur son visage laissant apparaître des fossettes.

-"Cet homme était trop beau pour être vrai," ne pouvais-je cesser de penser en le contemplant sans aucune gêne admirant sa peau halée, ses cheveux de jais et ses iris toujours scintillants dès que nos regards s'accrochèrent avant de me ressaisir sachant que je succomberais à la beauté fatale de cet homme troublant si je m'engageais sur cette piste alors que j'ignorais son prénom.

-"J'ai déjà le jackpot, Rebecca, et il se trouve devant moi," me répondit-il sans l'ombre d'un sourire, d'un sérieux à faire mon coeur cesser de battre pendant quelques secondes.

Un rire nerveux fut ma réponse ne comprenant, non, feignant de ne point comprendre devant cet homme qui venait de m'avouer qu'il me voulait. Non, qu'il m'aimait! C'était impossible! Que je valais plus que des millions. Il devait certainement se moquer de moi! Mais que voulait-il de moi enfin?

-"Qui êtes-vous?" lui demandais-je à brûle-pourpoint, la gorge asséchée.

-"Qui veux-tu que je sois pour toi?" contrattaqua ce dernier me laissant sans voix.  -"Dis le moi, Rebecca."

Sa main vint se saisir de la mienne d'une tendresse incroyable que j'ignorais chez un homme tandis que dans son regard y brillait un désir qu'il voulait me montrer et me guider sur ce chemin parsemé de sombres promesses. Ses pupilles s'étaient assombris en voyant l'hésitation qui m'empêchait de le confronter et le suivre.

-"Tu n'as pas répondu à ma question, Rebecca," me rappela-t-il, ma main toujours dans la sienne, toujours marquée de son sceau, de son baiser qui avait eu l'effet de millions de feu d'artifices dans la pleine nuit.

-"Tu me tutoies maintenant?"

Ce fut la seule phrase que j'avais pu trouvé à dire au lieu de lui répondre sincèrement. Mais que pourrais-je lui dire? Certes, cet homme, ce demi-dieu, tout droit sorti de mes romans à l'eau de rose semblait irréel. Qu'est-ce qui pouvait bien l'animer pour me faire la cour? Il venait tout simplement d'une autre époque.

-"Oui," essayais-je de m'en convaincre avant que ses lèvres se posèrent d'une douceur à me serrer le coeur sur ma main, marquant l'autre, celle dont il n'avait point embrassé de son sceau impérial, de ses lèvres, des lèvres d'un homme dont le charisme me fit tourner la tête et me faisait tomber petit à petit sous son charme si ce n'était pas déjà fait.

Au final, était-ce cela l'amour? Non, plutôt le désir. Mon coeur voulait sortir de ma poitrine à force de battre follement pour cet homme énigmatique et troublant. Depuis notre rencontre au restaurant naquit un désir troublant que je ne croirais jamais ressentir. Non, ça ne pouvait pas être un coup de foudre. Néanmoins, je devais l'admettre qu'il y avait quelque chose chez lui qui me poussait irrémédiablement vers lui. Est-ce un coup de foudre qui nous avait frappé pile au moment où nos yeux s'étaient ancrés, sondant notre coeur à jamais au restaurant ou bien l'oeuvre de Cupidon, me voyant toujours avec des hommes qui n'avaient fait que me blesser.

Une chose était claire toutefois. Ce sentiment était mutuel, réciproque. C'était un fait indéniable que lui même ne pouvait point lutter.

Son sourire fut un baume au coeur alors qu'il comprit que je ressentais la même chose mais néanmoins, je peinais à lui avouer mes sentiments au contraire de lui. Se levant pour venir vers moi, il prit mon visage en coupe et m'avoua enfin ce que je voulais absolument savoir depuis le tout début.

-"Hades. Mon nom est Hades."

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant