Chapitre Vingt six

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Qu'avais-je fait? Comment m'étais-je aisément trompé de frère? Si facilement de plus? Pourquoi avais-je voulu prendre un verre d'eau cette nuit?

Le remords tiraillait mon âme me brûlant de ce sentiment rongeur de culpabilité. Je l'avais embrassé. Le laisser parcourir mon corps. Lui donnant le feu vert de me dévorer entièrement. Me soumettre à lui fut mon péché. Le désirer fut mon calvaire. Le laisser caresser ma peau fut mon malheur. Mais le pire restait à venir!

Pourquoi? Pourquoi était-il revenu au manoir au beau milieu de la nuit? Et pourquoi m'avoir laissé dans le doute? Me bernant en me confirmant que c'était lui Conrad alors qu'il était Connors!

Dès qu'il prononça cette phrase me demandant, non me confirmant que c'était bel et bien lui dans la cuisine, je fus saisie d'un violent mal de tête. Mon ventre se tordit de douleur et avant que je pus dire un mot, un haut le coeur me coupa la parole. Courant le plus vite possible, je mis quelques secondes à arriver dans les toilettes pour vomir le restes du repas d'hier.

Conrad, du moins, j'espérais que ça soit lui, me tint les cheveux alors que je baissais la tête vers la cuvette pour rejeter tout le contenu de ce que j'avais englouti le jour précédent.

-"Mon amour," me dit-il inquiet. -"Tu veux qu'un docteur vienne te consulter?"

Sa main caressa mes cheveux pour descendre jusqu'à ma nuque mais au lieu d'apprécier ce moment intime, j'imaginais la scène d'hier et le résultat fut que je restais devant la cuvette pour y rejeter davantage. Au bout de quelques minutes, je pus enfin reprendre de l'air néanmoins ce malaise persistait. Je n'arrivais plus à regarder Conrad dans les yeux, ses yeux bleus tout comme Connors dont les aigues-marines continuaient à me détailler, une lueur malsaine et d'envie mais surtout de désir.

-"Peux-tu me laisser seule, s'il te plait?" demandais-je à Conrad qui était resté à mon chevet tandis que moi, j'avais failli à ma promesse.

Il se leva avec grâce me tendant sa main pour que je fis de même. Cependant, je me sentais indigne de toute attention de sa part envers moi. Au final, je me relevais par moi-même sans son aide, la tête baissée, le regard fuyant et les larmes me montant aux yeux.

-"Becca," tenta Conrad toujours avec cette expression inquiétude sur son visage d'ange.

-"Je vais bien," lui mentis-je, la gorge tellement serrée par mes larmes qui menaçaient de s'écouler. -"J'ai besoin de me rafraichir."

Il capitula heureusement me laisser désormais seule. Seule avec mes larmes et mon coeur prêt à exploser me sentant coupable d'avoir succomber dans les bras de son frère jumeau qui s'amusait de cette situation et devait sûrement jubiler en me voyant si mal au point.

Me brossant la bouche pour éliminer toute trace des baisers de Connors et prenant une deuxième douche pour éradiquer son odeur, ses caresses et ses baisers, je sortis de la salle de bain propre certes pourtant j'étais encore salie. Salie de l'entendre me dire qu'il m'aimait et utilisant les mêmes noms que me donnaient Conrad pour me pousser vers lui.

-"Comment tu te sens, ma Becca?" entendis-je après m'être habillée d'une autre robe d'été.

Me retournant à cette voix masculine, je fronçais immédiatement les sourcils en le voyant devant ma porte, la refermant aussitôt lorsque nos yeux se plongèrent dans chacun. Cependant, je coupais notre échange visuel dès que j'aperçus ses saphirs me fixaient sans pudeur. Oui, c'était lui. Il n'y avait aucun doute.

-"Que fais-tu ici, Connors?" débutais-je en reculant pour ne point le laisser me surplomber de sa musculature de dieu grec.

Un sourire rehaussa ses lèvres minces. Tout les deux frères Hades se ressemblaient trop. Trop que ça en devenait perturbant.

-"Comment sais-tu que c'est moi, ma Becca?"

-"Cesse de m'appeler ainsi. Je ne t'appartiens pas et ne t'appartiendrai jamais!" m'écriais-je.

-"Vraiment?" me demanda Connors, en se grattant le menton. -"Hier, c'était un autre discours que tu avais prononcé. Tu veux que je te rafraichisse la mémoire ou le dire à Conrad?"

-"Dis le lui parce que je lui avouerai tout tôt au tard, sois en sûr!"

-"Tu me menaces? J'adore, mon ange," me déclara cet homme cynique avant que la porte s'ouvrit me faisant sursauter.

-"Que se passe-t-il?" tonna Conrad qui pénétra dans ma chambre, les points serrés, ses veines voulant sortir de son front dès qu'il vit Connors.

-"Rien du tout, petit frère," déclara son frère jumeau. -"Je prenais les nouvelles de ma belle soeur, n'est-ce pas, Rebecca?"

-"C'est vrai, mon amour?" m'interrogea Conrad en se dirigeant vers moi, les traits radoucit.

-"Oui, ça peut aller, Conrad. Je dois retourner à mon appartement néanmoins," admis-je, sachant pertinemment que je ne pouvais plus rester dans la même pièce que Connors sauf pour le tuer, bien sûre!

-"Pourquoi? Tu es toujours malade?"

-"Non mais mon père veut impérativement me parler."

-"Ça ne peut pas attendre?" tenta-t-il attristé.

-"J'en doute sincèrement," lui mentis-je, une fois de plus.

-"D'accord, alors ramasse tes affaires."

Aussitôt dit aussitôt fait, dans un éclair, je fus prête devant la voiture qui me ramènerait chez moi. Serrant Rosalie dans mes bras, je lui promis de revenir ne sachant point si je pouvais tenir cette promesse alors que je venais d'en briser une puis serrais la main de Grégory qui se contenta de me sourire. Ensuite fut le tour de Connors dont j'appréhendais de voir.

Cet éternel sourire de vainqueur dont seulement lui et moi connaissions l'origine, il voulut me serrer tout comme sa mère mais je lui tendais ma main. S'apercevant de mon manège, il me dédia un sourire malicieux pour ensuite baiser ma main que je retirais instantanément de la sienne.

-"Au plaisir de te revoir, Rebecca," me dit Connors tandis que je forçais un sourire pour paraitre présentable.

Le trajet se fut à mon grand soulagement dans le calme. Seul la musique de jazz remplissait l'habitacle cependant la main de Conrad se pressa sur ma cuisse car lui seul, ne comptant pas son jumeau, savait que je me sentais mal et me forçais à dire la vérité ne ferait que me mettre en boule.

-"Passe, une bonne journée, ma Becca," me dit Conrad au pas de ma porte.

-"Pardonne moi, Conrad..." le suppliai-je, les yeux rougis d'une voix tremblotante.

Si une chose que je devais me rappeler de ce weekend, ce fut de rester sincère à mes risques et périls quitte à lui avouer la vérité qui le briserait en mille morceaux.

-"Becca, ne pleures pas. Je ne suis pas en colère. Repose toi, tu es malade," me dit-il, en caressant ma joue.

Pourtant, je secouais négativement la tête. Les larmes coulaient mais je ne fis guère attention. Non, ce qui m'importait, c'était son bonheur à lui que j'avais détruit.

-"Mon amour?"

Sa voix fut une lame en plein coeur. Pourquoi avais-je fallu me rendre à la cuisine? Conrad prit mon visage en coupe, essuyant tendrement de son pouce mes larmes, rejetant ma tête en arrière pour me plonger dans cet océan d'amour et de pureté qui scintillait que pour moi.

-"Qu'y a-t-il, ma douce?" me demanda Conrad.

-"Je... j'ai embrassé Connors..."

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant