Épilogue

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Connors

-"Tu n'es qu'un monstre..."

J'ouvris automatiquement la porte pour ne point entendre davantage sachant au tréfonds de mon coeur que mes paroles l'avaient détruites. À cet instant précis, j'aurais aimé me retourner, l'enlacer étroitement, l'embrasser de nouveau et de ressentir ses douces lèvres sucrées sur les miennes. Je sentis mon coeur comprimer ma poitrine alors que des larmes picotaient mes yeux. Pourtant, je les chassais immédiatement ne voulant point lui montrer que je lui mentais.

Doucement, je refermais la porte. Il n'y avait plus de retour en arrière alors que mon coeur pleurait de l'avoir perdue.

-"C'est la seule solution," entendis-je.

Je me retournais immédiatement à l'entente de cette voix familière. Serrant rageusement les poings, je lui rendis en guise de réponse un regard mauvais.

-"Vous croyez vraiment bien faire en m'éloignant d'elle?" lui demandais-je alors qu'une seule idée trottinait inlassablement dans ma tête; celle d'ouvrir la porte et l'emmener très loin.

-"Si vous étiez contre mon idée, vous ne lui auriez jamais menti de la sorte," m'avoua Lucas, le père de Rebecca. -"Que vous le voulez ou non, ma fille ne devra plus jamais vous voir."

-"Nous nous aimons, bon sang!"

-"Et vous croyez sincèrement que ça l'aidera lorsqu'elle saura ce que votre frère lui a fait subir, Connors?"

Préférant me taire, j'enfilais mon manteau ne voulant plus voir personne.

-"Vous savez que c'est la seule solution," continua Lucas.

-"Faux!" m'énervais-je, les poings serrés. -"Becca peut rester avec moi. Nous irons loin et elle sera en sécurité."

-"C'est ce que vous avez affirmé et voilà où nous sommes. Dans un hôpital depuis huit jours avec ma fille qui ne se souvient plus qu'elle a été violée par votre frère jumeau. Le choc l'a tellement affecté qu'elle a eu un trou de mémoire! Elle ne s'en souvient plus mais comme l'a dit le docteur, à n'importe quel moment, ses souvenirs réapparaitront. Alors, que lui direz-vous lorsqu'elle se souviendra de tout? Dites moi!"

Les larmes s'échouèrent finalement.

Comme j'aurais aimé retourner en arrière. Retourner plus tôt à l'appartement. Ne pas voir Becca toute nue et Conrad qui la prenait sauvagement alors que ses cris emplissaient la chambre.

J'étais hélas arrivé en retard. Depuis ce jour, je me maudissais. J'avais failli à ma promesse de la protéger. Je l'avais abandonné. Et je l'abandonnais une fois de plus en lui mentant de la pire des façons possibles sachant qu'elle me haïrait et ne me pardonnerait jamais. Après tout, le pas à l'amour vers la haine semblait visiblement franchit.

Lucas continua son discours. Néanmoins, je ne l'écoutais plus dès que je vis Aurora s'approcher.

-"Tu me feras savoir si elle manque de quoi que ce soit," lui ordonnais-je d'une voix qui se voulait ferme.

Elle hocha la tête en guise de réponse avant que je partis, quittant l'hôpital alors que j'y avais passé tout mon temps à attendre son réveil. Un dernier regard vers cet établissement, je finis par grimper dans la voiture, le coeur en miettes réalisant que je venais de perdrela seule femme que j'ai jamais aimé et avec qui j'avais tout donné.

-"Où allons-nous, Monsieur?" me demanda mon chauffeur.

-"À l'entreprise," répondis-je en fermant brièvement les yeux tandis que le paysage défilait devant moi, me montrant un nouveau départ, ma nouvelle vie sans elle.

Le temps passa lentement sans Becca. On dirait que j'étais redevenu le même homme, désormais plus aigri. J'avais coupé tout contact avec ma mère.

Et Conrad. Et bien, il était toujours dans l'asile alors que je voulais le tuer de mes propres mains pour avoir gâché non seulement ma vie mais celle de Becca qui vivait toujours dans le mensonge. Du mien et de son père. J'ignorais si elle avais recouvré la mémoire mais j'étais certain qu'elle ne voulait plus de moi vu que la clé de son bureau que je lui avait offert trônait sur le mien.

-"Ressaisis-toi, Connors!" me sermonnais-je, prenant ma tête dans les mains.

Pourtant, rien n'y fit. J'étais toujours amoureux. Éperdument amoureux d'elle certes toutefois, je devais la laisser, l'oublier. Chose impossible lorsque je pénétrais dans mon nouvel appartement. Ses vêtements étaient toujours présents. Elle ne les avait pas pris sûrement pour ne plus me croiser. Et son parfum, je ne pouvais plus m'arrêter de l'humer. Ce doux parfum de fleurs.

Et son visage, il était toujours gravé dans ma tête et dans mon atelier. Ce dernier regorgeait de tableaux d'elle. Soit souriante, soit à moitié nue ou bien même endormie. On aurait vraiment dit un psychopathe. Toutefois, je m'en fichais. Ce qui m'importait était son bonheur désormais sans moi.

Mais ce bonheur pouvait être avec moi...

Serait-ce mal si je faillit à cette nouvelle promesse?

Regardant le combiné, j'essayais de peser le pour et le contre de mon acte.

L'appeler!

Et lui dire quoi?

-"La vérité!" pensais-je.

Néanmoins, en agissant de la sorte, je me montrerais égoïste et en ne faisant rien, je passerais pour un monstre.

Scrutant le combiné, je finis par me décider finalement. Je composais son numéro, le connaissant sur le bout de mes doigts et puis attendis. Les secondes me parurent des heures avant qu'elle décrocha enfin.

-"Allô?" entendis-je en reconnaissant cette voix douce qui m'avait terriblement manqué.

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant