Chapitre Dix Huit

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La menace toujours au dessus de ma tête telle une épée de damoclès qui allait tout bonnement s'abattre sur moi, je suivis cependant mon père en voyant qu'il était encore quinze heures. De plus, prendre de l'air allait certainement me faire du bien après ce début de journée assez catastrophique et chamboulant qui m'avait marqué.

Avec l'orchidée et cette carte alias la menace sur mon petit ami, j'allais devenir folle d'un moment à l'autre si j'essayais de résoudre cette affaire par mes moyens. Chaque minute passée me faisait davantage douter de la sincérité de Conrad alors que mon père marquait un point en confirmant ce que je craignais le plus entendre; que Conrad n'était pas ce qu'il voulait me montrer. Qu'il cachait quelque chose. Au final, j'étais tout sauf en paix.

Ma curiosité grandissante et naissante me conduisait instinctivement à fouiller dans ce qui ne me concernait en aucun cas. Du moins, c'était la seule solution si je voulais savoir qui m'avait envoyé ce morceau de papier car si c'était une blague, elle serait de très mauvais goût.

-"Ma puce?" m'appela mon père, ses traits autrefois durcis remplacés par cette fois-ci par un émotion qui le tiraillait à chaque fois quand on parlait de moi: l'inquiétude!

Ses larges mains se posèrent sur la mienne pour me réconforter alors que je quémandais qu'une chose. Qu'on retrouvait le plus tôt possible cet abruti qui s'attaquait à notre famille sans une once de remords et me rendait folle et impuissante.

Assis dans notre restaurant asiatique préféré, nous mangions en silence dégustant les sushis sans entrain. La faim s'étant évaporé préférant se contenter d'engloutir de l'air que de la nourriture.

-"Je vais bien, papa," le rassurais-je en lui souriant sincèrement.

-"On retrouvera cet imbécile, ne t'en fais pas et je prendrai un malin plaisir à lui faire comprendre de ne plus s'attaquer à nous même si le motif de son acte me perturbe un peu."

-"N'en parlons plus," abrégeais-je pour changer de sujet. -"Je veux profiter de cette journée avec toi et non la gâcher."

-"Alors par où tu veux commencer? Par ton nouveau petit-ami? C'est un excellent choix, je pense."

Son haussement de cils, son ton grave, et ses mains croisés signifiaient qu'il voulait tout sauf parler de la pluie et du beau temps. Attentant patiemment ma réponse, il sirota sa boisson tout en me dévisageant d'un sérieux à me faire déglutir péniblement. C'était trop beau pour être vrai! Battre un avocat de renom sur son territoire s'avéra une tâche trop compliquée voire quasiment impossible pour moi.

-"Que veux-tu entendre, papa?" répliquais-je lassée par ce flot d'évènements avant de tout lui raconter sur les moindres détails sauf la partie de notre baiser et le fait que je voulais m'abandonner dans ses bras.

Après tout, notre relation de père et fille n'avait jamais été ambigu car nous racontions tous les détails croustillants, pétillants ou pointilleux de notre vie. Et cette complicité n'allait point changer du jour au lendemain.

-"N'est-ce pas trop bizarre?"

-"Qu'entends-tu par bizarre?" m'enquis-je perplexe.

-"Qu'il soit là pile au moment où tu avais besoin de lui et qu'il paie la note sans demander rien en retour, Becca."

-"Il voulait être généreux et m'aider!"

-"Aucun cadeau n'est gratuit, ma puce. Tu devrai t'en être rendue compte au fil des ans. Ce Conrad est intelligent et il cache quelque chose. En es-tu certaine que c'est son prénom?"

-"Papa!" m'énervais-je en mettant mon assiette de côté. -"Pourquoi vois-tu toujours le mal autour de toi? Conrad n'est pas ainsi!"

-"Vraiment? Le connais-tu suffisamment pour lui accorder ta confiance?" me demanda mon père voulant me pousser à bout.

-"Suffisamment pour lui vouer mon amour et ma confiance. Il n'a jamais osé tenter quoi que ce soit avec moi. C'est un gentleman!"

-"Laisse moi te contredire sur ce sujet. Il n'y a pas de gentleman en ce bas monde seulement des hommes qui cachent avec ruse et intelligence leur réel but en utilisant de douces paroles pour berner des femmes pour au final s'octroyer le droit de leur faire devenir leur marionnette de sexe et assouvir leurs pulsions. Voilà la réalité," conclut mon père toujours aussi sérieux.

Un ange passa laissant un silence pesant alourdir l'atmosphère déjà hostile. Mon père n'osa plus rien dire par la suite essayant de connaitre mon ressentiments à ses paroles dures et crues qui m'avaient laissé sans voix, incapable d'en placer une alors que mon passetemps favori consistait à toujours lui dire mes quatre vérité.

-"Ma puce," m'interpella mon père, ses mots ancrés fortement en moi m'empêchant de penser correctement et mettre définitivement un mot sur ce que je ressentais pour Conrad.

-"Je veux retourner à mon appartement, " lui dis-je en me levant brusquement de table, sentant les larmes qui menaçaient bientôt de me trahir et dévoiler au monde ma peur et mes doutes.

Le trajet se fit dans un silence de mort. L'un comme l'autre ne pouvant plus parler, un fossé déjà creusé entre nous semblait nous séparer.

-"Pardonne moi, Rebecca," m'avoua mon père quand nous fûmes à destination.-"Je veux simplement te protéger malgré mes méthodes peu commodes."

-"Je sais," soufflais-je, une boule au ventre.

-"Tu es ma fille unique et je t'aime, ma puce. Je ne veux en aucun cas te détruire ni te blesser mais promet moi de faire attention sur cet homme comme moi, j'essaierais d'être moins dur avec lui," me promit-il avant de m'enlacer paternellement.

-"Je t'aime moi aussi, papa," lui avouais-je avant de rentrer dans mon appartement puis finis par m'écrier en réalisant qu'il ne me restait qu'une bonne trentaine de minutes avant que Conrad n'arriva.

-"Merci, Aurora," la remerciais-je une fois de plus en enfilant mes boucles d'oreilles.

-"C'est un plaisir, ma belle et dépêche toi, il te reste que trois minutes," me sermonna ma meilleure amie en désignant l'horloge.

Lui lançant un au revoir, je pris l'ascenseur, essoufflée avec les mots convainquants de mon père toujours en tête qui me poussait irrémédiablement à confronter Conrad ce soir.

Adossé à sa berline noire, toujours aussi séduisant et troublant, le charme et son magnétisme tel une aura mystérieuse autour de lui, je m'approchais lentement de lui, la peur grandissant à chaque pas que je faisais vers lui.

-"Bonsoir Rebecca," me dit-il en déposant ses lèvres chastement sur les miennes avant que je rompis notre baiser et me détachais de lui assez rapidement qui lui fit froncé les sourcils incrédule.

-"Qui es-tu?" lui demandai-je, le coeur battant la chamade.

-"Je ne te comprends pas, Becca. Qu'y a-t-il?"

Mais je poursuivis sur ma lancée.

-"Qui es-tu réellement, Conrad Hades?"

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant