Chapitre Trente neuf

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-"Bonsoir mon petit ange,"

Ses aigues-marines me scrutèrent attentivement, irradiant d'une lueur terrifiante me faisant déglutir péniblement alors qu'il se tenait devant moi, toujours impeccable sur son trente et ans mais surtout avec cette aura indescriptible planant au dessus de sa tête. Sa bouche se rapprocha de moi une fois de moi mais je reculais farouchement. Il ne me prendrait pas cette fois. Essuyant rageusement le coin de ma bouche d'un revers de moi, là où il venait de m'embrasser, je fixais Connors d'un regard haineux empli de dégout. 

Pourtant, cela n'eut pas l'effet escompté. Au lieu de prendre ses jambes à son cou, il prit place s'asseyant nonchalamment à côté de moi tandis que j'arrêtais tout mouvement, le fixant toujours, cette fois-ci avec incrédulité. Comment osait-il agir de la sorte? Revendiquer un droit qu'il n'en avait point! S'incruster au dîner de son frère en se passant pour ce dernier?

-"Connors?" parvenais-je à articuler correctement tandis que mon corps fut parcouru d'une décharge électrique, brulant mon épiderme.  

-"En chair et en os, ma Becca," répliqua-t-il en étirant un sourire carnassier qui me fit rougir de la tête aux pieds.

De rage ou d'une autre émotion plus forte, plus incontrôlable ou interdite, je fit mine de rien toutefois. Que dire de plus devant cet énergumène? Appréciant chaque seconde à mes cotés, il appela l'un des serveurs.

-"Un whisky sec," lui ordonna Connors puis se tourna vers moi, avec ce sourire faussement mielleux.

-"Assied-toi, mon petit ange. Tu seras fatiguée à rester ainsi debout. Tu en seras fatiguée davantage pour ce que j'ai prévu pour ce soir," déclara Connors mystérieusement, me sondant de son regard aussi bleu que l'océan, tapotant la chaise à côté de lui.

Ma bouche, elle au final, s'ouvrit instantanément, le dévisageant comme s'il était fou. Et c'était la vérité! Connors agissait pour ainsi dire comme mon petit ami. Il me voulait! Ses yeux ne pouvaient point le trahir sur ce fait. Son souffle devint brulant tandis que ses aigues-marines désormais assombrirent. La tension semblait palpable.

Une atmosphère électrisante régnait entre nous deux. Connors continua à me fixer avec cet éternel sourire qui me fit serrer les poings.

-"Il n'y aura jamais rien entre nous deux," articulais-je lentement chaque mot.

-"J'en doute sincèrement, ma Becca. Le désir palpable qui te consume de l'intérieur n'a qu'un seul remède miracle et il se tient devant toi, mon amour."

-"Tu n'es qu'un monstre, Connors! N'as-tu aucun remords ni de honte?"

-"Tu me vois comme un monstre. Moi, je me vois comme un homme déterminé à te récupérer!"

-"Tu ne peux pas me récupérer. Je n'ai jamais été à toi!"

-"Mais tu seras bientôt toute à moi, ma Becca. Tu n'es pas un jouet, tu es la femme que je désire de toute mes forces et je te le prouverai. Maintenant, assied toi, mon petit ange."

-"Je m'assoirai que lorsque tu partiras, Connors," lui déclarais-je.

-"Pourquoi as-tu tellement peur de moi, mon ange?"

Sourire triste aux lèvres, il me regarda dans le blanc des yeux cherchant du fond des miens la réponse à sa question. Ses aigues-marines d'où y brillaient une note peinée de n'avoir pu me sonder, persista son longs parcours me dévorant la minute qui suivit, me mettant à nue devant lui. Son regard se fit lourd. Lourd de promesses que je ne voudrais point savoir. Sa bouche murmura des paroles incompréhensibles que lui seul comprenait leur réel sens.

-"Tu m'as terriblement manqué, ma Becca. Trois semaines sans toi me fut un supplice. Le savais-tu?" continua Connors, d'une voix que je ne lui connaissais pas.

S'il ne m'avait jamais menti, j'aurais pu le croire. Pourtant, ce ne fut pas le cas. Connors me mentait.

-"Il devait certainement me mentir," pensais-je constamment évitant cette brèche d'émotion contradictoire m'enserrer de toute part avant de perdre pied aux sentiments qui naissaient en sa simple présence.

Néanmoins, une petite voix me susurrait inlassablement que je pouvais me tromper. Stupide conscience! Aucune raison était valable pour que je pus croire un seul instant aux paroles de Connors. Toutefois, son regard sincère me troubla. Sa bouche qui cherchait désespérément la mienne me poussa paradoxalement à m'enfuir mais aussi à m'aventurer dans les ténèbres qui l'habitaient.

-"Où est Conrad alors?" lui demandais-je, évitant judicieusement de risquer ma vie dans son jeu mesquin.

-"Ton petit ami? À l'autre bout du continent sûrement en train de baiser les deux mannequins qu'il avait rencontré la semaine dernière quand il est sorti en boîte," me dit son jumeau, me fixant sans aucune gêne. -"Peux-tu te rasseoir désormais? On nous regarde, mon petit ange."

-"Je sais que tu mens, Connors," lui avouais-je en m'asseyant finalement. -"Cesse d'envier ton frère et colporter des ragots à son sujet. Il ne t'a jamais fait de mal!"

-"Jamais fait de mal! La blague de l'année," répliqua Connors, secouant légèrement sa tête pour ensuite éclater d'un rire sans joie. -"Une histoire a deux versions, mon ange. Mon frère a choisit de te raconter la version qui lui arrangeait, c'est tout. Tu ne connais rien de nous au final, n'est ce pas?"

-"Conrad m'a tout dit. Alors, si tu espères me faire douter de lui, c'est raté. Je te connais, je t'ai vu. Tu mens comme tu respires. Cesse de dire que tu m'aimes quand tu veux que je sois ton quatre heures, Connors."

-"Mon quatre heures? Me vois-tu comme un homme assoiffé que de sexe? Je t'aime, Becca mais je me demande quand tu verras que je te dis la vérité, que feras-tu car tu ne fais que me repousser?"

-"Tu ne m'aimes pas! Cesse de mentir!"

-"Toi, cesses de mentir à toi même. Tu me désires comme moi je te désire, c'est indéniable, mon ange," commença Connors en rapprochant sa chaise de la mienne.

Sa main rugueuse se plaça sur ma cuisse la recouvrant de frissons. Mais, sa torture ne venait que de débuter. Il remonta davantage néanmoins, je saisis sa main avant qu'elle ne parvienne à ma joue.

-"Tu es rouge, aussi rouge que la passion qui nous pousse à nous connaitre. Tu es et seras ma femme, ma Becca," me murmura-t-il à l'oreille.

Mon visage près du sien, je comblais l'espace qui nous séparait.

-"Jamais, je le serais," répliquais-je d'une voix ferme. -"J'aime Conrad."

-"Même s'il te trompe et qu'il n'est pas venu au restaurant sans même te prévenir? L'amour te rend sois aveugle soit idiote!"

-"Tais toi, Connors," m'énervais-je avant de voir mon père nous rejoindre. -"Et merde!"

Il suivit la trajectoire de mes yeux. Soufflant lourdement, Connors me scruta puis m'annonça sur un ton réconfortant.

-"Ne t'inquiète pas, mon ange. Tout va bien se passer," me rassura-t-il en prenant ma main y déposant ses lèvres. -"Je t'aime. Ne doute jamais de ça. Je ne fais que t'ouvrir les yeux."

Bouche-bée, j'hochais la tête, lui souriant timidement ne sachant si je devais prendre la poudre d'escampette ou bien le remercier ou le frapper d'etre venu au dîner alors que c'était son frère qui devrait être ici.

-"Conrad, je peux enfin faire votre connaissance," déclara mon père en s'asseyant à notre table.

Néanmoins, Connors secoua sa tête négativement. Mon coeur rata un battement lorsque je croisais ses yeux bleus.

-"Vous vous êtes trompé, Monsieur Wallace," lui dit-il en lui souriant. -"Conrad est mon petit frère. Moi, je m'appelle Connors Hades, le petit ami de votre fille, de Rebecca."

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant