Chapitre Trente huit

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Deux semaines plus tard

-"Il est en retard, ma chérie," me sermonna mon père fixant sa montre, les sourcils sévèrement plissé.

-"Il a peut être eu un contretemps. Une urgence au bureau. De plus, il est en retard que de deux minutes, papa!"

-"Sache déjà qu'il accumule mes foudres, Geneviève!" clama mon père, les mains en poings sur la table qui signifiaient rien de bon. -"Trente ans, bon sang!"

-"Conrad! Où peux-tu bien être?" pensais-je essayant vainement de paraitre décontractée alors que son retard le mènerait vers un conflit avec mon père.

C'était plausible depuis le début voir même espéré! Depuis que mon père avait su l'âge de Conrad qui selon lui était une abomination, il était contre notre relation! Pire, il le traitait de pédophile alors que sept années nous séparaient. Après tout, ce n'était pas la mer à boire. Pourtant, le fait qu'il m'appela Geneviève montrait clairement qu'il n'aimerait pas son futur gendre!

Son ton était implacable et froid. Quel accueil! Heureusement que j'avais choisit un restaurant sinon cette soirée se finirait certainement en combat si c'était chez mon père. Dans ses yeux désormais assombris y brillaient qu'une hargne contre Conrad.

-"Pourquoi le détestes-tu autant, papa? Il ne t'a rien fait!" défendis-je Conrad, en savourant mon verre de vin.

-"Le motif est simple. C'est un homme qui cherche qu'à mettre des minettes dans son lit. Son passé le confirme. Ce Conrad est un Casanova, sautant sur tout ce qui bouge. Alors, si tu crois que je vais sympathiser avec lui, tu te trompes lourdement, ma fille. Je ne l'aime pas déjà avec son passé de coureur de jupons et maintenant qu'il sort avec toi! S'il ose te faire du mal, c'est son cadavre que je trainerai moi même à la police!"

-"Papa!" m'écriais-je offusquée avant que des gens se retournèrent vers nous, nous dévisageant avec des regards lourd et pesants. -"C'est mon petit ami. Il mérite un minimum de respect au moins de ta part!"

-"En aucun cas, ce Conrad ne mérite rien et il est de plus en retard. Quel bel exemple! Le gendre idéal!"

Mon regard se baissa sur la tête ne sachant plus où me mettre. Je lui avais répété plus d'un milliers de fois qu'il devrait être à l'heure aujourd'hui. Première règle importante pour mon père. Et Conrad venait de le bafouer m'entraînant dans sa chute car je ne trouvais plus aucun motif pour le défendre devant l'impitoyable avocat qu'est mon père qui me réprimandait de le quitter une bonne fois pour toute.

-"Un de perdu, dix de retrouvé, Becca," me dit-il, me sortant de mes pensées avec un sourire qui se voulait rassurant. -"Quitte cet homme. Toi, tu mérites mieux!"

-"Tu diras la même phrase à mes autres futurs petit amis, papa," lui rappelais-je, secouant énergiquement ma tête. -"Veux-tu mon bonheur? Veux-tu me voir heureuse?"

-"Tu joues la carte de la sensibilité, ma puce. Je te connais bien et c'était la même carte que jouait ta mère avec moi en utilisant un regard suppliant comme tu le fait maintenant," déclara mon père, le regard brièvement dans le vague pour finir par s'ancrer au mien. -"Tu lui ressembles tellement et je sais d'où elle est, elle veut que le meilleur pour toi. Alors, toi, maintenant, répond à ma question, crois-tu que Conrad pourra t'offrir ce que toi tu aspires?"

Sa voix se fut amène d'où aucune reproche ni de sarcasme n'avaient pointé le bout de son nez. Sa main glissa vers la mienne, la serrant paternellement me couvrant d'un regard d'une maman poule et surprotecteur. Un souffle défaitiste s'échappa de ses lèvres dès qu'il comprit que je ne l'écouterais point.

Mon choix était déjà fait. Depuis bien longtemps. J'étais amoureuse de Conrad et chaque jour passé à ses cotés sans que Connors n'y vienne pour ajouter son éternel grain de sel, ne faisait qu'accroître nos sentiments réciproques. Un sourire naquit sur mon visage lorsque je pensais à sa promesse.

-"Personne allait nous séparer!" m'avait-il solennellement promis.

Malgré que ce fut mon  propre père qui était contre notre relation et le voyait d'un mauvais œil, je devais rester ferme sur ma décision.

-"Je l'aime, papa," débutais-je, un vague sourire aux lèvres devant sa mine sceptique. -"Et lui aussi, il m'aime. Il me l'a assez prouvé," affirmais-je plus qu'à moi qu'à mon père.

Même si mes sentiments s'étaient renforcés à son égard, je ne pouvais des fois que ressentir tristesse en pensant à mes nombreuses trahisons et le fait qu'il me pardonnait à chaque fois.

-"D'accord, ma puce," capitula mon père.

Mes yeux se plissèrent sceptique ne comprenant plus où mon géniteur voulait en venir. Son rire éclata dans l'air ramenant l'attention de nombreuses personnes sur nous tandis que mes joues se chauffaient automatiquement d'être sous le feu des projecteurs, une fois de plus. S'essuyant la bouche, mon père redevint sérieux d'un claquement de doigt.

-"Tu dois sérieusement être amoureuse de cet homme si tu ne m'écoutes plus. Tu vis comme on le dit, dans les étoiles," mima mon père en montrant le ciel.

Tirant la langue, je croisais les bras feignant de bouder lorsque mon père essayait de garder son sérieux et ne plus rire de moi, du moins, de l'effet de l'amour, ou devrais-je l'avouer une fois pour toute, l'effet de Conrad sur moi. Était-ce à ce point visible que j'étais si amoureuse?

-"Ça se voit comme le nez sur la figure," admit mon père en étirant le premier sourire sincère de la soirée. -"Bon, je tâcherai ne pas gâcher cette soirée mais j'espère toutefois qu'il aura une bonne raison d'être en retard pour aujourd'hui. Et dis lui que c'est la dernière fois qu'il me fait patienter de la sorte! Pour un homme d'affaires, il devrait sûrement le savoir."

-"Tu viens d'énoncer qu'il n'y aura pas de troisième guerre mondiale, papa," répliquais-je, un sourire en coin avant que mon sourire s'élargit davantage en voyant Conrad, plus séduisant que jamais, sur un costume noir sur mesure qui mettait en valeur ses aigues-marines qui scintillèrent intensément dès qu'il me vit.

-"Bonsoir, Monsieur Wallace, je vous prie de bien m'excuser pour mon retard mais j'ai eu une réunion de dernière minute," nous dit-il en tendant sa main pour serrer celle de mon père.

-"Ne vous inquiétez pas mais que cela ne devienne pas une habitude," déclara mon père avant que son portable se mit à sonner. -"Prenez place, j'ai un appel important que je dois prendre, je reviens dans quelque minutes," nous dit-il, me lançant un sourire en coin avant qu'il prit l'appel.

-"Désolé pour mon père, mon amour," lui dis-je avec un sourire nerveux. -"Que t'est-il arrivé? Pourquoi es-tu en retard? Un problème au bureau?"

Cependant, il ne répondit guère. Il ne fit que combler l'espace qui nous séparer en embrassant le coin de ma bouche qui apaisa les battements répétitifs et accélérés de mon coeur pour finir par m'avouer sa véritable identité qui redoubla les battements erratiques de mon coeur.

-"Bonsoir, mon petit ange," déclara-t-il d'une voix chaude contre ma bouche.

-"Connors?"

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant