Chapitre Soixante douze

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-"T'aimer est un péché," me dit-il en deserrant sa cravate. -"T'aimer est mon péché."

Ma bouche s'ouvrit choquée alors que je me bouchais les oreilles ne voulant point entendre les insanités qui sortaient de sa bouche. Mais comment retarder l'inévitable ou devrais-je dire l'impardonnable? 

Conrad se mouva sur le lit d'une lenteur délibérée jouant avec sa cravate. Ma vision s'était désormais améliorée. Un peu trop rapidement à mon goût. Et ce que je voyais me fit aussitôt frémir. Son regard bleuté me détaillait longuement, sans aucune once de pudeur.

Je connaissais ce regard. C'était le même que j'avais fuit lorsqu'il m'avait annoncé ses projets à mon égard. Ses aigues-marines renfermaient une noirceur effroyable comme s'il était possédé. Conrad dégageait quelque chose de monstrueux et malveillant. Son aura en était la preuve. Elle était d'une noirceur sans nom. 

Était-ce vraiment lui ou tout simplement sa maladie qui le poussait à agir ainsi, ou bien même sa jalousie qui l'avait empoisonné à petit feu jusqu'à le rendre nocif?

Je l'ignorais.

Mais une chose était sûre.

Je devais m'enfuir malgré que je fus presque nue. Néanmoins, contrairement à moi, mon geôlier semblait avoir d'autres plans en tête et me voir prendre la poudre d'escampette n'y figurait en aucun cas sur sa liste. Son regard concupiscent me scruta attentivement.

À ce moment précis, les secondes ne voulurent plus s'écouler. Le temps se jouait de moi. Tout était contre moi. Le fait de ne point voir Connors m'alerta davantage.

-"Où es-tu Connors?" priais-je intérieurement.

Enfermée dans cette chambre, je ne voulais que m'éloigner de Conrad. Cependant mes jambes n'arrivaient plus à me porter alors que de l'autre côté du lit se tenait celui dont le poids du regard me faisait perdre tous mes repères. Son torse se soulevait rapidement à un rythme inquiétant alors qu'il contemplait chaque parcelle de ma peau, remontant de ma poitrine, descendant jusqu'à mes cuisses pour finir s'y attarder sur mes cheveux éparses sur l'oreiller.

-"Tu ne dis rien?" lui demandais-je pour tuer le temps dès que je le vis avancer.

Ses yeux bleus croisèrent immédiatement les miens tandis que ma bouche s'entrouvrit, effrayée de la suite car ses iris s'étaient assombris.

-"Que veux-tu entendre, ma belle?"

-"Cesse de m'appeler ainsi," l'avertis-je, les mains en poings dès qu'il s'attarda sur ma culotte que je cachais vainement de ma main.

Ce même sourire satisfait se peignit sur son visage que je déglutis avec peine.

-"C'est mal ce que tu fais, Conrad," essayais-je d'une voix mêlée de sanglots afin de le dissuader de tout acte qu'il avait imaginé.

Toutefois, mes efforts s'avérèrent vains.

-"Becca, nous avons encore rien fait qui soit digne que tu te sentes coupable," me dit-il tout simplement. -"Tu sais que je t'aime."

Secouer négativement la tête ne fit rien. Conrad semblait, non, était dans un univers où tous ses actes paraissaient normaux. Hors, ce n'était point le cas réellement.

-"Du moins, pas encore. Tout dépend de toi. Le veux-tu? Oui ou non?" continua-t-il d'une voix qui se voulait amène.

-"C'est ma première fois," lui mentis-je en me relevant lentement du lit dès que je le sentis prêt à bondir sur moi.

Il suivit aussitôt mes mouvements tel un prédateur, se levant du lit tout en me dévisageant avec cette troublante intensité. Un fin sourire vint illuminer son visage qui n'était guère rassurant.

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant