Chapitre Dix Sept

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-"Il aura bientôt trente ans."

Ma voix chavira vers la fin de ma phrase ne sachant plus où me mettre. Étant fille unique, mon père m'avait élevé comme une petite princesse jouant le rôle d'une mère et de père en même temps car ma mère était morte à l'accouchement, chose qu'il ne m'avait jamais reproché malgré les nombreuses disputes qu'on nous avions eu alors que je me sentais toutefois coupable de sa mort.

Mon père, Lucas Wallace était tout simplement un modèle, pas le père parfait, non. Mais il était toujours là pour moi alors qu'il avait un emploi du temps chargé et son cabinet d'avocat à gérer. Étant toujours au petit soin, à mon chevet quand j'avais le plus besoin de lui, mon père m'avait élevé, façonné comme la femme que je devrais un jour devenir malgré mon penchant pour la psychologie et non pour la loi qui l'avait mis hors de lui cinq ans de cela. Lui qui voulait tellement que je le succédrais après son départ. 

-"Tu peux répéter?" s'enquit mon père, dont l'intonation exigeante ne réclamait aucune réponse.

Son regard noir, ses yeux gris qui s'étaient assombris d'un claquement de doigt et son visage renfrogné me fit immédiatement descendre de la bulle magique que je vivais avec Conrad. De son un mètre quatre vingt cinq, mon père me surplombait de sa taille gigantesque et semblait bien vouloir utiliser cet atout pour me faire céder à ses caprices de maman poule. 

-"Trente ans, Becca? Il est vieux! Tu n'es qu'une gamine, un enfant! Donne moi son numéro, j'irai lui parler demain," m'ordonna mon père au comble de la fureur marchant comme un lion en cage. 

-"Non, papa. Ne fais pas pareille bêtise que tu regretteras tôt ou tard!"

-"Tu as raison," conclut-il croyant qu'il m'avait écouté hors il n'avait point entendu mes paroles sages. -"J'irai lui parler aujourd'hui même à ce Conrad! Trente ans! Il ne voit pas que tu es toujours jeune, à peine sortie des bancs de l'école."

La bouche grande ouverte, je n'osais plus rien dire au risque de le contrarier davantage et qu'il mit ses plans à exécution. À pas de loup, je me rapprochais de mon père, un léger sourire aux lèvres. Les années passées, il me considérait toujours ainsi, comme son bébé. Certes, c'était touchant pourtant j'avais grandi. J'étais une femme âgée de bientôt vingt trois ans. Majeure et vaccinée en plus!

-"Papa," essayais-je de le calmer en le voyant fulminer prêt à abattre le premier homme qui s'approcherait de moi. -"J'ai grandit, père. Je ne suis plus cette gamine qui accumulait bêtises après bêtises. Je suis une femme. "

-"Tu es toujours un bébé à mes yeux, ma puce. C'est tellement dur de te voir grandir et ressembler de plus en plus à ta mère, à une femme. Tu es et resteras mon bébé," déclara-t-il d'une voix solennelle laissant des larmes s'échouer sans que je pus le contrôler sur mes joues.

-"Il est grand temps pour moi de grandir. Il n'y a que sept ans qui nous sépare et toi même tu me l'as si souvent répété que l'âge n'est qu'un chiffre."

-"C'est complètement différent. Ici, on parle d'un homme mature qui pourrait aisément te manipuler à sa guise. Vous vous connaissez que depuis deux mois!"

-"Faux, père!" le contredis-je. -"Ne juge pas un livre sans en avoir lu le contenu. Conrad est tout sauf manipulateur. Pour une fois, dans ta vie, accepte ma relation avec un homme. Ce n'est pas la mer à boire que je te demande, n'est-ce pas? Je le conçois que c'est tôt mais fais moi plaisir en essayant de le connaitre."

Peu convaincu, mon père, finit par rendre les armes cependant. J'avais gagné la bataille et non la guerre vu son regard toujours assassin lorsqu'il comprit qu'il avait perdu. Mais, au final, c'était une victoire pour moi. 

-"Ne jubile pas aussi vite, Rebecca!" me sermonna mon père. -"Tu me connais et tu sais déjà que je ferai en sorte de tout découvrir sur cet homme. Il doit avoir un passé et vu ces menaces à ton égard, je ne donne pas cher de sa peau. J'espère que ce n'est pas un criminel ou sinon c'est moi qui fera justice cette fois-ci et je te promet que ce ne sera pas si beau à voir."

-"Toujours les bons mots pour me réconforter, papa," ironisais-je, en croisant les bras. -"Mais pour revenir à nos moutons, que fais-tu ici?"

-"N'ai-je plus le droit de rendre visite à ma fille ou dois-je contacter sa secrétaire," nargua mon géniteur avec un sourire en coin toujours aussi drôle!

-"Cesse d'être sarcastique, papa!" répliquais-je en le voyant prendre les clés de ma voiture pour le donner à un de ses nombreux gorilles.

-"Ramenez sa voiture pour prélever les empreintes de l'homme qui la menace!" leur ordonna-t-il d'un ton dur avant qu'il se retourna vers moi, un sourire rassurant aux lèvres pour me dire que tout irait bien. -"Toi, je t'emmène déjeuner. Ça fait longtemps qu'on n'a pas eu un moment père et fille et il faut impérativement parler de ce Conrad!" 

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant