Chapitre Cinq

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-"Alors? Comment ça s'est passé avec Matt?" me demanda ma meilleure amie Aurora, les yeux pétillants de malice, un sourire béant sur son visage quand je fus enfin arrivée à notre appartement.

Son pot de glace dans la main, je le pris immédiatement pour en prendre une grande cuillère sous le regard choquée et un peu amusée de ma colocataire.

-"Peux-tu m'expliquer? Tu viens de sortir d'un restaurant de trois étoiles pour dîner et tu as l'air plus affamée que quand tu étais partie? J'ai loupé un épisode. Il s'est passé quoi avec Matt? Il t'as posé un lapin, n'est-ce pas?"

Retirant mes talons, je me laissais choir sur notre divan comme une étoile, le pot de glace toujours dans ma main que je dévorais comme un ogre appréciant la douceur de la glace au chocolat me faisant rappeler la douceur et la candeur des paroles de cet inconnu que j'aimerais un jour rencontrer et  remercier. Caressant ma lèvre inférieure, au même endroit où il l'avait effleuré de son doigt, un souffle tremblant s'échappa de ma bouche.

Mordant cruellement ma lèvre, j'éclatais de rire sous le regard médusé d'Aurora. Mais comment pouvait-il s'appeler? Une liste de noms se jouait dans ma tête voulant à tout prix mettre un nom sur mon bon samaritain, sur cet ange tout droit sorti du paradis pour venir à ma rescousse ce soir tel un preux chevalier.

-"Rebecca Geneviève Wallace! Dis moi tout! Maintenant!"

Son ordre me fit tordre de rire sur le divan jusqu'à en tomber de ce dernier. Quelle soirée! Posant le pot de glace sur la table, je lui racontais ma soirée pittoresque digne de ses séries télévisées.

Ses yeux noisettes s'écarquillèrent jusqu'à vouloir sortir de leurs orbites à la fin de mon récit. Se relevant du divan, je vis Aurora courir pour revenir cette fois-ci avec sa batte de baseball.

-"Plan numéro un, on retrouve Matt. On fracasse sa décapotable puis, ses couilles, si bien sûr, il en a. Puis nous le brûlons vif et la cerise sur le gâteau, nous engageons un détective privé pour trouver ton parfait inconnu!" m'avoua-t-elle en essayant de viser avec la batte, une moue cynique au visage.

Son exubérance me fit à nouveau partir dans un fou rire me faisant oublier mon coeur brisé. Elle même vint me rejoindre pour manger de la glace déposant mes jambes sur ses cuisses me souriant de toutes ses dents pour me réconforter.

-"Ne t'inquiète pas, Rebecca. Un de perdu, dix de retrouvés! Mais si j'étais toi, je prendrais l'inconnu Pourquoi n'a-t-il pas dit son prénom ou tu l'as simplement oublié?

-"Je te le jure. Il ne m'a rien dit mais j'espère un jour le remercier pour ce qu'il a fait pour moi aujourd'hui."

-"Et pour Matt?"

-"Va pour ton plan mais oublie de brûler sa voiture et son corps," déclarais-je mystérieusement.

Lundi après-midi...

-"Merde! Fait chier! Pardon Becca," me supplia Matt tout rouge, ses deux mains sur son entre-jambe. où je venais de lui envoyer un coup mémorable.

Se tordant de douleur, il essaya de se cramponner à moi néanmoins, je le repoussais immédiatement. Ce que j'appréciais chez Aurora, c'était ses idées, certes folles, un brin meurtrières mais toutefois efficaces et je l'avais écouté, du moins, suivit un de ses précieux conseils; celui de me venger sur son entre-jambe pour m'avoir pris mon porte monnaie me laissant sans un sous dans ce restaurant.

-"J'étais furieux. Je ne pensais pas ce que je faisais à ce moment là," m'expliqua-t-il, les traits déformés.

La crispation de ses paupières et les larmes qui s'y échappaient me firent un moment regretter mon acte avant de comprendre qu'il me manipulait à nouveau. Après tout, il m'avait trompé sans aucun remords, sentant le parfum d'une autre femme au lieu du mien et c'était mille fois plus pire que n'importe douleur physique. À cet instant, c'était mon âme qui était brisé, devenue bleue à forces de recevoir les coups bas des hommes. 

-"Balivernes! Tu continues à me mentir en me regardant droit dans les yeux, Matt!"

Son souffle saccadé se changea subitement en un rire cynique à me faire serré les poings, folle de rage.

-"Tu t'attendais à quoi, Rebecca? Que j'attende toute ma vie à patienter pour que tu sois prête pour pouvoir te baiser comme la chienne que tu es!"

La gifle partit d'elle même laissant une marque rouge sur sa joue comme il l'avait jadis fait sur ma main. Incrédule, il me fixa choqué.

-"Tu crois que je coucherai un jour avec toi, Matt. Même si tu étais le seul homme sur terre, je ne le ferais point. Tu t'es regardé avant? Tu es qu'un gamin, plus idiot que toi, il n'y en a pas. Tu es pitoyable! Et ta virilité, je ne penses pas qu'il me ferait jouir. Il ne dépasse même pas la barre des quinze centimètres! Je pourrai m'en passer." me moquais-je de lui, pour lui faire subir la même humiliation que la mienne. -"Il est plus petit qu'un gland. J'aime mieux me taper un vrai mec pas un gamin immature qui n'arrive pas à se contrôler. Ah oui, j'oubliais! Dis à ta nouvelle copine de t'acheter une laisse pour chien pour toi."

Étais-je allée trop loin? Tant pis si c'était le cas! Qui sème le vent récolte la tempête et c'était ce que Matt venait de recevoir ce lundi après-midi après un week-end où j'avais soigneusement pensé à ma petite vengeance. Le coeur léger, sans lui dénier un seul regard, je m'en allais du campus, mes cours de psychologie déjà terminés en ce lundi après-midi.

-"Tu l'as remis à sa place, ma belle. On en parle sur le campus," m'avoua Aurora qui venait de me rejoindre. -"Maintenant, il faut retrouver le beau brun du restaurant!"

-"Non," l'arrêtais-je. -"Laissons pour une fois le destin me guider si bien sûr, nous deux nous devrons un jour nous rencontrer à nouveau," lui dis-je, voulant mettre une pause dans ma vie sentimentale.

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant