Chapitre Vingt quatre

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Son soupir haché contre mon visage me fit frémir. Sa bouche se plaqua sur mon front avant qu'il recula de quelques pas pour mettre de la distance entre nous. Ses aigues-marines rougis me fixèrent avec la même intensité que Connors mais avec douceur et non cet appétit féroce que je voyais dans le regard de son frère jumeau.

-"Viens," me dit-il tout simplement en me tendant sa main où j'y glissais précautionneusement la mienne sans la moindre crainte.

-"Où allons-nous?"

Conrad ne me répondit pas néanmoins se contentant de prendre ma main entremêlant nos doigts puis me fit découvrir leur immense jardin où trônait fièrement les souvenirs de son enfance.

-"La balançoire est toujours intacte," me dit-il sourire aux lèvres. -"Assied toi, Rebecca."

Son ton avait brusquement changé, laissant place à une voix sérieuse que j'avais entendu qu'une seule fois; à son entreprise. Sans me faire davantage priée, je pris place avant qu'il vint à côté de moi. Les pieds dans le vide, je fixais l'herbe verdoyante au lieu de l'océan bleu dont le regard pesait sur moi.

-"Ça fait plus de quinze ans que je ne suis plus venu ici," m'avoua Conrad, les yeux dans le vide, avec un sourire triste.-"Comme tu l'as pu remarquer, je n'ai qu'un frère, mon jumeau, Connors, qui est l'ainé de quelques minutes. Tu sais nous étions très proches quand nous étions petits comme les deux doigts de la main," débuta-t-il tout en me regardant attentivement. -"Notre complicité a pris fin quand j'avais quinze ans."

-"Que s'est-il passé?"

-"Notre ressemblance frappante ne laisse personne indifférente. Quand nous étions petits, nous tournons les gens en bourriques en échangeant nos noms. Je me faisais passer pour Connors et vice versa. C'était amusant. Nos professeurs en avaient marre de nous et de nos blagues. Personne arrivait à nous différencier sauf mes parents."

Relevant ma tête, je le vis secouer imperceptiblement la tête tristement, nostalgique de cette époque où  régnait que de bons souvenirs. Mon petit ami se racla la gorge alors que les larmes lui montaient aux yeux.

-"Nos parents nous réprimandaient à chaque fois mais pour nous, c'était normal. Du moins, c'était ce que je pensais le jour où je vis Connors embrassait ma petite amie."

-"Conrad..."

-"Laisse moi continuer, Becca," m'interrompit-il d'une voix enrouée.-"Depuis ce jour, notre lien, cette complicité s'était détruite pour ne plus jamais être recollée. Connors a toujours voulu ce qui ne lui appartenait pas. Et au fur et à mesure que je grandissais, mes petites amies finissaient par coucher avec lui croyant que c'était moi."

Ne sachant comment le réconforter, je me levais puis pris sa main dans la mienne, lui toujours assis, les yeux fermés pour ne point laisser les larmes le trahir et me montrait la souffrance, cette douleur insupportable qui régnait en lui depuis tout ce temps.

-"Promet moi de faire attention, ma douce," me supplia Conrad en enserrant ma taille.

Sa tête se nicha sur mon ventre plat tandis que ma main remonta vers ses cheveux ébènes pour jouer avec ses boucles. Ma gorge asséchée, je n'osais plus dire, comprenant pourquoi il ne voulait jamais parler ni me montrer son frère.

-"Je te le promets, Conrad même s'il faut que je reste collée à toi vingt quatre heures sur vingt quatre," répliquais-je, le coeur lourd en embrassant ses cheveux.

En guise de réponse, un rire grave éclata dans l'air. Il deserra sa prise autour de mes reins pour ensuite se lever me surplombant.

-"J'ai déjà plusieurs idées pour nous divertir si nous restions collés, ensemble pendant toute une journée, ma belle," susurra ce dernier contre mon oreille pour la mordiller l'instant suivant me faisant gémir, les yeux fermés.

-"Nous sommes chez tes parents," lui rappelais-je.

-"Et?"

-"Je ne veux plus d'autres scènes. Nous pourrons en profiter quand nous serons seuls, tout seuls," lui confiais-je, en tirant sur sa manche pour que nous puissions voir ses parents.

Néanmoins, le têtu qu'il était, il prit guère attention de mes paroles et me souleva de terre me faisant crier de surprise. Mon visage à quelques millimètres du sien, je mordis ma lèvre inférieure pour contrôler mon gloussement.

-"Je t'aime, ma Becca," me dit Conrad, un sourire sincère aux lèvres, me dévisageant comme l'unique femme qui comptait à ses yeux.

-"Je t'aime, mon amour," lui répliquais-je avant que nos lèvres s'unissèrent en un baiser doux et passionné où les larmes de bonheur virent nous rejoindre nous emportèrent loin. Loin de son frère, de nos problèmes, des lettres de menaces. Tout ce qui importait était que nous et l'amour que nous ressentions.

-"Allons les rejoindre," me dit Conrad, son regard bleu emplis de promesses pour notre avenir ensemble.

-"Allons-y."

Le reste de la journée se passa à ma grande surprise bien. Trop bien même! Et la raison fut que Connors était parti pour régler une affaire importante. Moi qui pensais qu'il était gentil et que derrière son apparence froide se cachait un être charitable, drôle et doux que Conrad, c'était tout l'opposé. Connors me semblait un homme vil après la déclaration de Conrad et la solution pour ne pas blesser mon petit ami fut de rester le plus loin possible de Connors.

Lorsque, le dîner fut terminé et qui s'était passé dans une atmosphère chaleureuse et conviviale, nous montions les marches de l'escalier pour finir devant ma chambre pour ce weekend.

-"Ici, c'est ta chambre, mon amour," m'affirma Conrad, toujours avec cet éternel sourire en coin.

-"Et la tienne?"

-"C'est juste à côté, ma belle. Si tu ne veux pas dormir seule, envoie moi un texto, mon amour," me dit-il en me décochant un clin d'œil remplis de sous-entendus.

-"Rêve toujours,"

Ouvrant la porte de ma chambre, Conrad la referma brusquement me plaquant contre la dernière. Il haussa ses sourcils perplexe que je pus lui résister et avant que je lui répliquais, il bâillona ma bouche d'un ardent baiser à m'en couper le souffle. Conrad m'embrassa avec force nous faisant oublié la notion du temps et alors que je fus proche à lui succomber, un raclement de gorge se fit entendre. Nous retournant, mes joues s'empourprèrent en voyant sa mère qui nous observait.

-"Passez une bonne nuit, Madame Hades," lui dis-je honteuse, en ouvrant la porte pour me réfugier.

-"Bonne nuit, mon amour," entendis-je sachant déjà que c'était l'homme qui faisait battre mon coeur.

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant