Chapitre Quarante trois

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-"Bonjour Conrad,"

Ma voix fut neutre. Je ne savais plus quoi ressentir pour lui. De l'amour, de la colère pour m'avoir abandonnée hier sans même me donner la raison de son absence ou bien pour m'avoir manipulé aisément ou bien de la frayeur de ce que j'avais découvert tôt dans la matinée.

-"Becca, je suis désolé pour hier, j'ai eu un empêchement de dernière minute," m'avoua Conrad en se rapprochant de moi qui reculais farouchement jusqu'à être plaquée malgré moi contre la porte d'entrée.

-"Je... Je dois sortir. On en discutera plus tard si tu veux!"

-"Tu trembles, ma belle? Es-tu malade?"

Son regard assombri sur moi me fit déglutir péniblement quand l'image d'une des victimes fit surface dans ma tête.

-"Ne t'approches pas," m'écriais-je, mon coeur battant sourdement contre ma poitrine.

-"Ma belle, calme toi, je ne vais jamais te faire de mal. Tu me connais, ma douce. C'est de Connors que tu ne devrais point t'approcher."

Néanmoins, à sa grande surprise, je secouais négativement la tête. Peut être que Connors agissait comme le pire des frères cependant à cet instant, il me parut comme un protecteur. Il avait toujours tenté de m'ouvrir les yeux malgré sa méthode peu commune certes mais il avait essayé à de nombreuses reprises jusqu'à finalement réussi dans sa mission.

-"Où vas-tu de si tôt aujourd'hui?" me demanda Conrad, les traits plissés, se rapprochant dangereusement de moi que je dus ouvrir la porte. -"Tu n'as pas de cours le samedi, Becca."

Ma bouche s'assécha d'un claquement de doigt. Mon salon me sembla exiguë, trop petit pour nous contenir, Conrad et moi. Sa démarche volontairement lente ne présageant rien de bon me fit frémir. Alors que je croyais qu'il allait retourner chez lui, il aperçut le dossier que m'avait remis son frère jumeau.

Étant déjà ouvert, il n'eut aucun mal à y découvrir le visage meurtri d'une des femmes, de ses ex qu'il avait battu. Son souffle devint lourd tout comme le silence qui planait dans mon appartement. Des gouttes de sueur perlaient sur mon front devant cette scène qui nouait mes tripes.

-"Je t'ai posé une question, Becca," me redemanda Conrad d'une voix faussement calme

Le fait qu'il n'avait point hurlé me fit serrer les poings devant mon ventre. Quelque chose semblait changé en lui. Je dirais même que ce n'était plus ce Conrad que j'avais autrefois rencontré au restaurant ni au bar ni à son entreprise. Cet homme semblait radicalement son opposé. Le contraire du Conrad que je connaissais!

Ou bien, était-ce tout simplement le vrai visage de mon petit ami que je faisais finalement face? L'autre n'était qu'une image, qu'un reflet qu'il m'avait délibérément montré dans l'objectif de m'attirer à lui plus facilement. Connaissant mes points faibles pour mieux m'amadouer à sa guise.

Mon dieu! Où étais-je tombée? Qui était cet homme qui se tenait à quelque mètres de moi? 

-"C'est bien Connors qui t'a remis mon dossier, n'est-ce pas?"

Mes yeux remontèrent immédiatement vers lui qui me dévisageait intensément que ça en devenait troublant au fil des secondes. Conrad avança d'un pas tandis que je reculais de même, persuadée qu'il me montrerait son vrai visage aujourd'hui après tout, tous les masques étaient tombés. En étais-ce le cas avec lui?

-"Alors, tu admets que c'est le tien?" répliquais-je, la gorge nouée.

Ses yeux bleus me lancèrent des éclairs pour la première fois de ma vie depuis que nous étions ensemble. Ses poings se serrèrent automatiquement.

Allait-il me frapper?

-"J'aurais dû me réfugier dans la cuisine," ne pouvais-je m'en empêcher de me réprimander.

Au moins, là-bas, il y avait tous les ustensiles possibles pour me défendre de Conrad.

-"Réponds moi, Becca!" s'énerva mon petit ami d'une voix tranchante.

-"Sors de mon appartement avant que j'appelle la police," le menaçais-je, essayant de ne point paraitre terrifiée devant lui qui persistait à me fixer avec une ardeur qui me fit froid dans le dos.

-"Becca, je peux tout t'expliquer! Ce n'est pas ce que tu crois! Je ne les ai jamais frappé. Elles m'ont toutes poussé à bout comme toi, tu le fais maintenant! Ma belle, n'écoutes pas mon frère! Il ment depuis que nous sommes ensemble. Il m'envie!"

Pourtant, malgré l'intonation suppliante de sa voix, je restais de marbre devant lui alors qu'au fond de moi, je sus qu'il me mentait. Toutes ses preuves étaient vraies! Rien n'était fondé. Alors pourquoi me mentir davantage? Sauf si tout ceci n'était qu'une ruse pour me soumettre à lui. Malgré qu'il avait démentit, ses dernières paroles me firent comprendre qu'il était l'odieux monstre qui frappait ces femmes.

Elles m'ont toutes poussé à bout!

Était-ce humain de commettre pareil cruautés?

-"Tu mens, Conrad," déduisis-je, les yeux larmoyants par ses paroles.

Ses yeux s'ouvrirent en grand comme pris en flagrant délit sachant pertinemment que je ne tomberais plus dans le même piège. Pas cette fois!

Ses aigues-marines me détaillèrent longuement avant qu'il daigna avancer me faisant contourner le divan pour me diriger le plus vite possible vers mon unique sortie.

Ses yeux brillaient d'une lueur énigmatique.

-"Tu n'as pas intérêt à sortir d'ici, Becca!"

Sa main s'abattit lourdement sur la table à manger, renversant tout sur son passage. Moi, au contraire, m'avançais précautionneusement vers la porte avant qu'un vase s'écrasa devant la porte que j'allais ouvrir.

-"Je t'ai bien dit de rester à ta place! Tu ne sors pas aujourd'hui," m'ordonna-t-il d'une vois claquante. -"Tu es à moi, à personne d'autre qu'à moi!"

Tel un fauve, les yeux rétrécis et noircis, à grandes enjambées, les poings serrés, il fonça vers moi mais j'ouvris la porte, la refermant à clé. Se poings s'abattirent sur la porte.

-"Becca, ouvre cette putain de porte avant que je la défonce moi même. Ouvre-la!"

Néanmoins, je ne l'écoutais plus. Ma vision devint flou par mes larmes, ma respiration, elle saccadée.

Conrad allait me frapper! Je l'avais vu dans ses yeux bleus. Sortant de mon immeuble rapidement, je pris un taxi. Si je voulais avoir mes réponses, il fallait que je discute avec Connors. 

-"J'ai un rendez-vous avec Monsieur Hades," dis-je à sa secrétaire.

-"Venez, Mademoiselle Wallace. Monsieur est en réunion. Dès qu'il terminera, il vous rejoindra dans son bureau," répliqua-t-elle, en me laissant pénétrer dans le bureau de son patron puis referma la porte me laissant seule.

Certes, au lieu d'être terrorisée comme je l'étais avec Conrad, une sensation étrange m'assaillit. Je me sentais presque en sécurité. Me dirigeant vers son bureau, j'admirais le décor pour ensuite m'installer sur son fauteuil en cuir, tournoyant sur ce dernier avant que l'écran de son ordinateur capta mon attention.

-"Fleuriste?" lisais-je, un sourire en coin en lisant les fleurs disponibles.

Néanmoins, je fus bouche bée en voyant le nombre d'achat que Connors avait fait. De plus, toutes les fleurs étaient des orchidées et la livraison s'était faite à chaque fois que je recevais ces fleurs.

-"C'est impossible," murmurais-je en apercevant les cartes dans l'un des tiroirs de son bureau.

-"Becca," susurra cette voix aussi diabolique que son frère jumeau.

-"C'était toi depuis le début, Connors?"

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant