Chapitre Dix Neuf

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-"Qui es-tu réellement Conrad Hades?"

Ce dernier me dévisagea avec un regard circonspect, son visage neutre ne laissant point d'émotions le trahir. Son souffle bruyant fut l'unique bruit que j'entendis. Toujours devant lui, mes yeux autrefois baissés le détaillèrent depuis ses pieds chaussés de souliers noirs italiens coutant une fortune, ses jambes musclées recouvertes d'un pantalon noir couteux puis remontèrent vers son torse bombé tout aussi saillant habillé de cette fois-ci d'une chemise blanche dont les deux premiers boutons étaient ouverts laissant à ma vue, une toison brune.

Mes yeux comme d'habitude scrutateurs dévisageaient désormais son visage dont son sourire malicieux avait tout d'un coup disparu. Ses aigues-marines finirent par plonger dans les miens qui s'étaient écarquillés par mes paroles.

-"Que veux-tu savoir, ma Becca?" me demanda Conrad d'une voix douce mais qui demeurait perpétuellement un ordre cassant à mes oreilles.

En guise de réponse, un long soupir vint s'ensuivre sa question dont je ne savais nullement où commencer car des milliers de questions se bousculèrent dans ma tête mais qui néanmoins ne pouvaient hélas franchir le barrage de mes lèvres.

-"Que s'est-il passé?" s'enquit mon petit ami d'un ton plus tendre où aucun ordre n'y résonnait pour me faire avouer plus aisément tandis que son regard de fauve perpétuait ce déclenchement d'émotions contradictoires à chaque fois où j'étais en sa simple présence.

Ma gorge se desséchant par un coup de baguette magique, ma bouche s'étant cousue par un fil imaginaire qui m'empêchait de l'ouvrir, je me tus n'osant ni espérant de parler ni lui dire le fond de mes pensées. Pouvais-je réellement lui accorder toute confiance si rapidement comme me l'avait réprimandé mon père? Après deux mois? Méritait-il cette confiance alors qu'au début, il avait subtilement conquis mon coeur comme aucun homme ne l'avait jadis fait? S'aventurant dans mes rêves des plus profonds d'une incurable romantique et sachant manié l'art et la ruse de me séduire sans m'être moi même rendue compte?

Claire comme de l'eau de roche, je sus que ma réponse était simple, consistant uniquement de trois voyelles; un oui. Conrad aussi mystérieux qu'il était, aussi troublant et attirant dégageait un charme idyllique presque magnétique qu'aucune femme ne pourrait s'y risquer de l'approcher sauf si elle voulait y laisser ses ailes comme Icare.

Et moi? Que dire de plus? Allais-je me bruler les ailes? Je m'étais malheureusement trop approchée de lui que m'en défaire complètement me semblait difficile. Mais c'était le plus logique pour vivre en paix loin de ces menaces.

-"Becca, mon amour,"

Tellement plongée dans mes pensées, je ne le vis point s'approcher de moi. Conrad prit aussitôt mon visage en coupe murmurant une nouvelle fois mon prénom à me faire perdre la raison en sentant ce sentiment nouveau comprimant mon coeur.

-"Tu n'as pas répondu à ma question?" lui rappelais-je en essayant vainement de me défaire de lui.

Néanmoins, tous mes efforts furent un lamentable échec. Son emprise se resserra immédiatement. Un léger sourire aux lèvres, il s'abaissa pour frôler volontairement ses lèvres contre les miennes.

-"Je suis l'homme qui est éperdument amoureux de toi, Rebecca Wallace," souffla-t-il. -"Je t'aime."

Mes yeux restèrent ancrés à ses aigues-marines lorsqu'il me répéta ses trois petits mots. Mon coeur rata un battement à ses paroles ravageuses qui venaient de me déboussoler au plus au point.

-"Mais..." persistais-je incrédule émettant un rire nerveux peinant à le croire. -"Nous nous connaissons que depuis deux mois!"

Pourtant face à mon incrédulité, il me sourit toujours avec une lueur étincelante au fond de ses yeux bleus.

-"Tu viens pour la première fois de dire 'nous', mon amour. Ça signifie clairement que tu envisages un futur avec moi. Je t'aime, ma Becca. Tu peux être affolée mais je continuais à te le répéter inlassablement que je suis fou de toi. Comprend le, ma belle."

-"Mais tu ne me connais pas, Conrad!" 

-"Si, je te connais, ma belle. Cesses immédiatement de douter de toi, de moi, de nous!"

-"Et les menaces?" lui demandai-je désormais perdue en m'accrochant à son cou.

-"Quelles menaces?"

Son ton devint dure à me faire frémir de peur. Encerclant ma taille, Conrad releva mon menton avec douceur.

-"Quelles menaces?" me demanda-t-il à nouveau avant je craquais et lui racontais toute l'histoire comme je l'avais fait à mon père, des heures auparavant. -"Et tu me le dis que maintenant?"

-"J'étais avec mon père," me défendis-je. -"Il va s'en occuper, Conrad."

Il se raidit instantanément à mon contact quand j'essayais de caresser son visage.

-"Tu aurais du me prévenir, Becca!" tonna-t-il avant que sa voix devint plus amène en me voyant tremblante. -"Veux-tu des réponses à ta question, ma douce?" me demanda Conrad, un sourire en coin.

-"Je te fais confiance, Conrad," lui rassurais-je.

Néanmoins, il secoua négativement la tête.

-"Tu continues à douter de moi. Alors, je te propose une chose. Repose toi ce soir. Demain, je t'emmène chez mes parents et tu sauras tout sur moi même quand j'étais petit et que j'avais peur du noir," m'avoua-t-il ce qui me fit éclater de rire.

-"Conrad, ce n'est vraiment pas la peine," tentais-je de le dissuader.

-"Non, ma belle. Je t'aime et il est temps pour que tu rencontres les membres de ma famille."

Sur ces paroles emplies de promesses radieuses, il m'embrassa langoureusement caressant ma langue jouant avec elle, la taquinant par la même occasion puis finit par valser sensuellement.

-"Bonne nuit, ma Becca."

-"Bonne nuit, Conrad," lui dis-je avant de monter à mon appartement, le sourire aux lèvres qui fut néanmoins de courte durée en voyant une orchidée accompagnée d'une carte devant ma porte.

Me rabaissant pour la ramasser, mon coeur battant sourdement d'une atrocité que j'aurais aimé l'arracher de mes propres mains, je dépliais la carte, le peu d'espoir s'envolait de moi.

Mensonges, mensonges, mensonges, ma Rebecca. Connais-tu le mensonge? C'est ce qu'a dit Conrad auparavant tout comme il vient de te le dire ce soir! Alors prend garde, Becca. Il n'est pas ce que tu vois! Après tout, l'apparence est souvent trompeuse!"

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant