Chapitre Soixante quatorze

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La porte s'ouvrit brusquement laissant apparaitre cet homme aux cheveux de jais qui m'avait tellement manqué. Portant une chemise blanche qui moulait ses muscles et laissait dévoiler sa toison brune, Connors demeurait indéniablement cet homme attirant que j'avais jadis rencontré à ce restaurant. Et dire que notre histoire avait commencé que par un regard.

Ce même regard qui me dévisageait cependant avec remords aujourd'hui.  Ses yeux bleus avaient perdu tout de leurs éclats d'autrefois. Ils étaient rougis comme ceux d'Aurora et de mon père. Je pouvais même apercevoir une larme naissante au coin de ses yeux qu'il chassa d'une main sèche dès qu'il sentit mon regard pesant sur lui.

Doucement, il referma la porte comme s'il avait quelque chose d'important à m'avouer que je pris subitement peur. Il voulut s'approcher mais je reculais instinctivement ne réalisant que trop tard que mon acte l'avait vexé. Serrant les poings, je compris que les séquelles que m'avaient infligé Conrad prendraient énormément de temps à cicatriser. Même dans un asile, il aurait toujours cet effet sur moi. Je n'arriverais pas à faire un pas après l'autre ou bien même dormir à poing fermé sans craindre qu'il surgit de nulle part comme il lnavait fait, choisissant le moment propice pour attaquer.

Son empreinte était toujours sur moi tout comme ses marques. Je pouvais toujours sentir ses doigts parcourir ma peau, l'effleurant. Et même si j'avais pris une douche, cet odeur ne s'en irait pas aussi facilement. Ce parfum que je ne pourrais point oublier ni me sortir de la tête ni de mon corps.

-"Connors," l'appelais-je alors que je sentis ma gorge se serrait en proie à des larmes lorsque ses douloureux souvenirs m'assaillirent.

Ce dernier sentit ma détresse qu'il s'avança prudemment vers moi craignant de m'effrayer comme avait fait son frère jumeau. Pourtant, alors qu'il comblait l'espace qui nous séparait, je le sentis loin. On dirait qu'un ravin nous séparait. Cet éloignement soudain me fit peur.

Combien de temps s'était-il écoulé depuis que j'avais été hospitalisé?

Je l'ignorais.

L'avais-je perdu alors?

Je ne le savais pas.

Plusieurs questions se bousculèrent dans ma tête sans réponse. Mais une chose était belle et sûre. C'était que Connors était différent. Complètement différent de l'homme que j'aime.

Ce silence lourd qui régnait entre nous deux en disait long. Nous avions tant à nous dire mais ni lui ni moi n'osait faire ce premier pas pour rectifier les choses. Connors laissait volontairement ce silence combler la chambre que je finis après d'interminables minutes à le briser.

-"On est quel jour aujourd'hui?"

Surpris, Connors se retourna brusquement vers moi avant de pouffer.

-"C'est une blague, j'espère?"

Grattant ma tête, je lui fis non, un sourire en coin qu'il me rendit aussitôt.  

-"Tu es incorrigible," finit-il par me dire en secouant imperceptiblement de la tête, un sourire en coin. -"On est le 20 novembre aujourd'hui,"

Je perdis mon sourire à l'instant même. Alors, cela faisait huit jours que j'étais ici! Mes yeux écarquillés suffirent à le faire s'avancer jusqu'à ce qu'il fut devant moi, me surplombant de son profil de guerrier.

-"Tu avais perdu connaissance lorsque j'avais appelé les urgences. Ça ne fait que deux jours que tu es réveillée," m'avoua-t-il d'une voix neutre. -"Comment te sens-tu maintenant?" me demanda Connors alors que je sentis ses aigues-marines me détailler avec minutie s'attardant sur mon cou violacé que je ne pus hélas point cacher.

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant