Chapitre Cinquante sept

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-"Je vais bien," me rassura Connors pour la énième fois en grimaçant lorsque le docteur termina de panser sa plaie. -"N'est-ce pas, Harry?" dit-il au docteur qui lui lança un regard qui se voulait noir.

-"Tu as beau être mon ami mais en ce moment, blessé ou pas, j'ai envie de te frapper. Putain, Connors! Qu'est-ce qui t'a pris à agir contre Conrad? Cette blessure aurait pu te couter ton bras et au lieu de t'inquiéter, tu souris?"

-"Ça ira," nous réconforta Connors, son sourire vite remplacé par une grimace lorsqu'il tenta de bouger son épaule. -"J'ai besoin de repos. Ça me fera du bien."

-"Et d'une aide soignante qui pourra s'occuper de ta blessure si elle s'infecte et te refaire le bandage," décréta Harry en rangeant ses nombreux matériels.

-"Pas d'aide soignante! Je suis assez grand pour m'occuper de moi."

-"Mais..."

-"Ne vous inquiétez pas, je serais là pour m'occuper de lui," dis-je au docteur sous l'œil intéressé de Connors qui me rendit un sourire malicieux.

-"Très bonne idée," admit-il en me décochant un clin d'œil. -"Tu pourras même rester à l'appartement, ce serait plus pratique."

-"Ce sera plus facile ," s'aperçut le docteur avant de nous serrer la main. -"Tenez, ce sont des anti douleurs et les bandages sont ici. Je viendrai dans deux jours pour voir si ton état s'est amélioré. Néanmoins, s'il y a quoi que ce soit, une infection ou n'importe quelles complications, voici mon numéro. Vous pouvez me téléphoner. Sur ce, je vous quitte et toi," pointa-t-il son doigt sur le blessé. -"Tache de te montrer moins tyrannique envers cette jeune demoiselle et écoute ce qu'elle te dira," l'avertit Harry avant de s'en aller.

-"Quel est le programme pour aujourd'hui? Tu es libre aujourd'hui, n'est-ce pas, ma Becca?"

Refermant la porte, je m'assis sur son lit, les traits sûrement inquiets vue le regard protecteur qu'il me lança.

-"Je vais bien, mon ange. Ce n'est pas si grave que ça en est l'air."

-"À force de me le répéter, je finirai par te croire," lui avouais-je en me relevant de son lit pour redresser ses oreillers. -"Repose toi maintenant Connors," lui conseillais-je en essayant de le faire capitulé.

Cependant, il saisit ma main en guise de réponse. Son souffle brulant vint irradier ma peau de cette montée de fièvre dont il était le géniteur. Ses aigues-marines s'arrimèrent aux miens avant qu'il vint placer une de mes mèches derrière mon oreille de sa main libre.

-"Mon lit est assez grand pour deux personnes. Il y a de la place pour toi," m'avoua-t-il en désignant la place vide de son lit qui réclamait avidement ma présence. -"Je ne veux plus être seule. Du moins, pas pour aujourd'hui."

-"D'accord," -"lui dis-je. -"Ce n'est pas la première fois, n'est-ce pas?"

-"De quoi tu parles?"

-"Conrad," lui répondis-je, les yeux fermés me souvenant de ce cri à glacer mon sang et du regard de son frère jumeau.

Un brin satisfait de son acte, il avait prit la fuite tel un voleur. Dès que je vis Connors agoniser sur le sol se tenant l'épaule, les yeux rougis mais ne laissant rien, aucun sentiment le trahir, ce dernier s'était relevé avec difficulté sans mon aide comme habitué à ces coups.

Maintenant que je le voyais torse nu, tout prit un sens. Son corps, mon dieu! Il était recouvert de plaies. Du moins, sur ses bras et sur son torse.

Mutilations ou les oeuvres de Conrad?

C'était la question qui me taraudait le plus.

-"Les deux," me confirma Connors qui ferma ses yeux pour ne point affronter mon regard posé sur lui. -"Quand Conrad me disait que c'était toujours entièrement de ma faute et que mes parents le soutenaient, je croyais que je méritais ce que je faisais. Me mutiler m'a aidé à ne plus me confronter à leurs regards haineux. Cette douleur me permettait à vivre alors que je ne voulais plus jusqu'à ce que je compris que me faire du mal ne servait à rien qu'à me rendre dépendant de cette souffrance que je m'étais imposé." 

-"Tu vois aussi bien que moi que Conrad est instable. Tu n'as rien fait de mal, Connors. Tu n'as jamais fait de mal. Vous étiez que des enfants."

-"Alors pourquoi je me sens coupable?"

-"C'est dans ta nature, mon coeur," lui avouais-je avant de mordre furieusement ma lèvre inférieure lorsque ce surnom sortit de ma bouche. -"Je veux dire que ce que tu dois faire, c'est aider ton frère même si un internement s'impose."

-"Tu peux répéter? Je n'ai pas entendu ta première phrase, le dernier mot, plus précisément."

Plissant les sourcils en quête de sa réponse, je secouais négativement la tête avant qu'il éclata de ce rire de gorge qui vira mes joues à cette couleur trahissante. De sa main libre, il traça le contour de mes lèvres avec une certaine appréhension.

-"Entre amis, on peut dire 'mon coeur'?"

-"Euhh oui, je crois que j'ai raté," lui mentis-je, mes joues me trahissant ouvertement, devenant cramoisies au fils des minutes face à ce regard de braise de mon nouveau 'ami'.

-"Alors, je peux embrasser mon amie?"

-"Je crois que ce serait une mauvaise idée,"

-"Donne moi une seule bonne raison, ma Becca, de ne point le faire alors que nous mourrons d'envie. Tu es célibataire tout comme moi. Mon frère ne compte pas, il t'a menti. Tu as des sentiments pour moi et c'est réciproque. Non, je dirais même que les miens sont sincères. Pourquoi non?"

-"Où ça nous mènera au final, Connors? Je deviendrai qui pour toi? Tu oublies que je suis sortie avec Conrad. "

-"Je t'aime, Becca C'est aussi simple que ça. Et ne me le demandes pas pourquoi 'moi'! C'est toi, tout simplement. Tu as donné un sens à ma vie que je ne le croyais possible et te perdre m'est pire que ce que Conrad a fait. J'ai besoin de toi. Tu oublies que mon frère a pris ma place et s'est passé pour moi. Oublie le et reste avec moi."

Était-il réellement sincère?

Sa déclaration me prit de court.

Tout se bousculait.

Ce méli-mélo de conflits sans consensus  me rendit folle.

Pourtant dès que je me plongeais dans cet océan qu'est ces yeux bleus, je vis ce que je cherchais depuis des lustres, ce qu'une femme réclamait chez son partenaire, ce qu'une petite fille rêve lorsqu'elle regarde des films de princesses; l'amour. Connors me le montrait, me le prouvait et me le disait.

Tremblante, sachant que je m'engageais vers une pente glissante, dans un chemin empli de ravins, dans un univers dont je m'étais souvent fait tabassé jusqu'à en avoir des bleus à l'âme, je comblais le vide qui me séparait de cet Adonis, de cet homme énigmatique dont les secrets l'avaient rendus impénétrable, dont le passé l'avait fait devenir un homme froid alors qu'il était l'exact opposé avec moi.

Ma main encadra de nouveau son visage. Sa main se posa tout comme la dernière fois sur l'une de mes mains comme pour m'empêcher de fuir. Les yeux dans les yeux, je le scrutais en signe du moindre mensonge mais je ne vis rien. Ma bouche s'ouvrit afin d'y laisser un souffle tremblant s'y échapper.

J'ignorais si c'était la bonne chose à faire toutefois, je me jetais à l'eau.

-"Becca, mon amour," m'appela Connors inquiet. -"Que se passe-t-il?"

Cependant, je ne lui répondis point. Mes lèvres se posèrent sur les siennes en guise de réponse pour finalement me détacher de lui.

-"Je t'aime," lui avouais-je d'une toute petite voix qu'il entendit et me répondit en m'embrassant comme jamais il ne l'avait fait.

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant