Chapitre Trente

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J'aurais du tout ressentir sauf cet étrange sentiment qui broyait ma poitrine, la comprimant m'empêchant de respirer normalement. Au final, ma respiration devint lourde tout comme la tension régnant dans son bureau. Un lent sourire se dessina sur son visage d'ange alors qu'au fond y régnait que ténèbres. Ses aigues-marines assombris pour en devenir des lapis-lazuli aussi froid que de la glace me fixèrent sans une once de gêne se souciant guère de ses paroles envers moi et mon refus catégorique.

-"Bonjour, ma Becca," débuta Connors d'une voix chaude et ensorceleuse.

Ma gorge asséchée n'arriva qu'à prononcer, non, je dirais, émettre des bruits incompréhensibles. Chose qu'il appréciait et me le prouvait un m'offrant un sourire carnassier s'apercevant de son effet incontrôlable sur mon corps. Impossible pour que ça fut mon imagination débordante pourtant, des frissons me parcoururent. Nos yeux arrimés ne pouvaient plus se détacher de l'autre que ça en devenait une attirance plus que malsaine; je dirais même interdite.

Dangereusement, il combla l'espace qui nous séparait à mon plus grand malheur. Ma bouche resta entrouverte. Mes jambes me désobéissèrent, plus concentrées à être sous l'emprise de Connors. Tel un alpha, un homme dominant, une force s'émanait de lui naturellement que je n'osais plus bouger.

Sa main glissa le long de mon épaule m'effleurant à peine certes alors que je sentis ma peau s'irradiait à son contact. Mes yeux voulurent eux se fermer et y sombrer. Mais, ma volonté y fut plus forte que ce semblant de sentiment naissant qui ne présageait rien de bon.

D'un pas maladroit, je reculais pour lui échapper. Mais quelle erreur fatale avais-je commis?

-"Tu as peur de moi, ma Becca?" me demanda Connors, d'une voix amène me dévisageant avec un semblant d'intérêt.

-"Non!"

-"Laisse moi en douter, mon petit ange," clama-t-il assez fort.

-"Sors d'ici Connors avant que..." le menaça Conrad qui fonça vers nous déterminé.

-"Sinon quoi?" le coupa son frère. -"Tu comptes appeler la sécurité. C'est mon entreprise, petit frère!"

-"La notre," rectifia Conrad, les poings serrés.

-"Pas pour longtemps," affirma Connors, cette fois-ci se retournant vers moi, ancrant ses beaux yeux, me souriant sincèrement. -"C'était un plaisir de te voir, Rebecca."

Ses paroles susurrées près de mon visage, il se dirigea vers la porte. Puis, il se retourna, me lança un clin d'œil.

-"Tu embrasses vraiment bien, ma Becca. J'espère un jour renouveler cette expérience de t'embrasser comme nous l'avions fait au manoir. Tu as bon goût, petit frère. Ses lèvres sont divinement délicieuses. Un vrai paradis que je suis certain d'y aller à nouveau et peut être qui sait, me plonger dans les profondeurs d'une telle créature aussi douce et sensuelle que pure. Ne gâche pas ta virginité avec Conrad, mon petit ange."

-"Tais-toi, Connors!" s'écria Conrad en entrelaçant nos mains à deux doigts de le frapper. -"Tu ne la mérites pas. Becca ne sera pas à toi! Jamais!"

-"Pourtant, je l'ai embrassé et nous étions si près à atteindre le septième ciel. N'est-ce pas, Becca? Tu as aimé notre baiser. Tu voulais même que nous fassions l'amour. Mais, chaque chose en son temps, j'ai promis que je t'attendrais et ta première fois avec moi sera inoubliable, mon ange. Tu en redemanderas encore. Toujours encore."

-"Elle est à moi et non à toi!" s'exclama Conrad me marquant comme sa propriétaire, un simple objet à leur dispositions ; source de leurs disputes mais qui restait cependant un jouet divertissant.

-"Cessez immédiatement," leur dis-je excédée, les larmes me picotant les yeux à l'entente de leurs paroles aussi blessantes que tranchantes.

Ma voix devint un murmure pourtant tous les deux m'avaient heureusement entendu et se retournèrent vers moi. Seule ma respiration saccadée empêchait un silence pesant régner dans son bureau. Mon regard, autrefois au sol se releva vers l'un des frères Hades dont je croyais être follement amoureuse ensuite se plongea dans ces lapis-lazuli aussi attirant que coutant. Ses diamants qui étaient ma chute.

-"Je ne suis pas un objet. En aucun cas, je serai à l'un tout comme je serai à l'autre. Alors arrêtez maintenant."

Meurtrie dans ce triangle amoureux, je me détachais de Conrad plus fâchée que triste. Déçue des leurs comportements, de leur rivalité qui désormais allaient me conduire dans le néant si je restais une minute de plus en leur simple présence, je pris une profonde inspiration leur avouant mon unique sortie de leur querelle.

-"Becca," murmura Conrad, ses aigues-marines qui me suppliaient de rester à ses cotés. 

C'en fut au delà de mes forces de poursuivre dans ce marécage gluant rempli de rancune, de haine et de jalousie entre les deux frères. Alors, je choisis l'option la plus sage. Du moins, c'était ce que je me convainquais.

-"C'est fini," lui avouais-je en retenant du mieux que je pouvais mes larmes.

-"Si c'est à propos de Connors, alors je te promets qu'il ne tentera plus rien, qu'il ne se rapprochera plus de nous, ma belle."

Son excuse me fit sourire de tristesse hors ce n'était pas. Non, ce n'était plus la menace de Connors qui me perturbait le plus. Non, le fait qu'eux deux s'amusaient à me vouloir, s'approprier tout de moi me mettait en rogne. Leur jeu malsain était ignoble.

-"Qui va avoir Becca? Connors ou Conrad? À qui j'appartiendrai? Tu t'es entendu, Conrad? Je ne suis pas un objet, encore moins un jouet! Alors, une chose, continuez si vous voulez à vous pourrir la vie, gâcher votre lien fraternel mais mettez moi en dehors de tout ça!" lui dis-je d'un trait, en ravalant mes larmes. -"J'ai beau t'aimer, Conrad mais je suis, non, j'étais ta petite amie et pas un joujou qu'on se bat pour connaitre qui l'aura et la baisera!"

-"Je t'en supplie, reste," entendis-je.

Relevant ma tête à cette voix virile, je fus toutefois troublée en sachant que cette voix appartenait à Connors qui me regardait avec un semblant de tendresse. Mais, était-ce un autre piège de sa part?

-"Pardonne moi, Becca," continua-t-il sur la même lancée, nos yeux s'ancrant pour ne point se lâcher du regard alors que son frère était à quelques centimètres de moi que je pouvais sentir son parfum enivrant.

Que m'arrivait-il? À quoi jouaient-ils? De qui étais-je finalement amoureuse?

-"Ne t'approche plus jamais de moi," l'avertis-je perturbée quand Connors fut devant moi me dominant non seulement par sa musculature impressionnante mais de quelque chose de plus obscure qui n'en demeurant pas moins attrayante.

Il s'arrêta aussitôt, son haleine mentholée frappant mon visage tandis que Conrad fut derrière moi, son torse saillant se collant à mon dos. Ma respiration devint rapide en réalisant que j'étais au milieu d'eux. Celui qui m'obnubilait était devant moi et celui que j'aimais derrière moi. Avec une volonté insoupçonnée, je me détachais des frères Hades.

Comme un automate voulant sortir de se bureau qui me sembla tout à coup étroit, j'ouvris la porte, soulagée de couper tout contact avec eux mais attristée de perdre celui dont j'étais éperdument tombée amoureuse.

-"Ça s'applique pour toi aussi, Conrad. Ne t'approche plus de moi," leur dis-je avant de refermer la porte mais mon coeur cessa de battre quand ses paroles franchirent sa bouche. Cette voix virile se fit entendre assez forte pour que je pus l'entendre.

-"Je t'aime," entendis-je.

Pourtant, je refermais rapidement la porte davantage meurtrie en sachant que cette voix n'était pas celle de Conrad.

Impardonnable! Tome Un (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant