Chapitre 43

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Je le dévisageai, méfiante.

- De quoi tu parles?

- Je t'ai caché la vérité, soupira-t-il. Et je te la dois, comme ça tu cesseras de penser que je t'ai quitté.

- Tu m'as quitté!

Il secoua la tête et s'accouda à mon bureau.

- Ça faisait une semaine que je m'étais fait viré du bar. Le patron voulait me garder au service mais avait embauché un type pour chanter. J'ai essayé de négocier l'inverse, qu'il reprenne un serveur mais qu'il me laisse à l'animation. Il n'a pas voulu, m'a dit que je n'étais pas en position de demander quoi que ce soit vu le nombre de personnes qui cherchaient du boulot et il m'a foutu à la porte.

Je m'installai davantage au fond de mon fauteuil, attentive. J'essayais de contrôler ma colère en pensant qu'il m'avait menti autant de temps mais je ne pourrais pas lui reprocher puisque j'avais fait la même chose en lui cachant mon avortement.

- Je te l'ai caché parce que... je ne sais pas vraiment, poursuivit-il. J'avais un peu honte sans doute, je ne me sentais déjà pas à la hauteur en travaillant dans ce foutu bar alors que tu étais brillante dans tes études. J'avais l'impression d'être un boulet à côté de toi. Et cette idée ne me quittait pas...

- Comment tu peux dire ça Owen, le contrai-je. Je ne te montrais pas assez que j'étais heureuse avec toi?

- Si, tu le faisais. Et j'avais vraiment l'impression qu'on était indispensable l'un à l'autre. Peut-être trop...

- Comment ça?! Tu as eu peur en fait?

- Non, souffla-t-il. Les deux premiers soirs, je me suis dit que ça allait être simple de retrouver un bar où me prendre, que je te dirais que j'étais parti et basta. J'ai fait la tournée avec mon CV mais tous les étudiants étaient déjà positionnés, personne ne recrutait, je me faisais recaler de partout. C'était dur de rentrer, de te parler et de tout te cacher mais je me sentais tellement mal. Je faisais que me dire que si je ne vivais pas avec toi, tu aurais plus d'aides pour payer ton appart et qu'au final en ayant plus de job...

- C'est ridicule, pestai-je.

- Oui, surement. Bref, j'ai enchaîné les soirs et à un moment je me suis posé pour boire une bière. C'est là que tout s'est enchaîné... J'étais au comptoir et je voyais des jeunes étudiants s'éclater ensemble. Je les regardais fascinés, on était passé par là à la SSB. J'ai réalisé à ce moment là que tu étais toujours en études mais que tu n'en profitais pas.

Je plissai les yeux en comprenant l'issue de la conversation.

- Tu es parti pour que je puisse profiter?! Putain Owen!

- Laisse moi terminer, soupira-t-il. Rappelle toi! Tu avais cours de 9H à 17H. Je devais être au bar à 18H30. A la sortie des cours, tu faisais quoi? Tu te dépêchais de rentrer pour qu'on se voit. Je revenais à l'appart à 1H et je te réveillais pour qu'on ait un peu de temps à nous. J'adorais ça, on parlait des heures la nuit, on restait collés les samedis... même fatigués on arrivait à s'écouter et à finir par faire l'amour. J'avais l'impression de t'aimer encore plus tous les matins. Sauf qu'en voyant les étudiants au bar j'ai compris que c'était pas de notre âge une relation aussi forte et sérieuse. Jamais tu m'as dit que tu sortais avec des amis un jeudi soir, jamais tu m'as dit qu'un dimanche après-midi tu allais au bowling... Les seules fois où je t'ai vu partir avec des gens de tes cours c'était pour aller faire du shopping! Et encore ça ne t'arrivait pas souvent vu que tu préférais y aller seule pour traîner moins et me rejoindre plus vite.

First LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant