Chapitre 66

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Point de vue de Victoire :

2 jours que je tourne en rond.

La conversation que j'ai eue avec Barthélémy s'est arrêtée brusquement lorsque l'infirmière est venue vérifier son plâtre. J'en ai profité pour m'éclipser, complètement perdue par toutes ses nouvelles révélations. En 1 : Barthelemy a failli mourir sous mes yeux, en 2 : son père n'est pas innocent dans cette histoire, en 3 : Barthelemy me cache quelque chose, en 4 : il m'aime... C'est tellement déroutant que j'ai encore du mal à me faire à cette idée. J'imagine que je vais me réveiller d'une minute à l'autre, que tout ça n'était qu'un rêve ou rien d'autre qu'un stupide cauchemar. Je crois que le revoir m'a encore plus embrouillé l'esprit qu'il ne l'était déjà. Je ne sais pas quoi faire... À peine quelques minutes après que je me sois enfuie, il faut dire ce qui est, j'ai reçu un message de sa part...

Bart :

"Il faut qu'on finisse cette conversation" Suivit d'un autre.

"L'infirmière a dit que je pourrais sortir mardi soir, rejoins moi s'il te plait..."

Ça m'a tellement perturbé que je n'ai pas répondu. Lui qui est toujours si sûr de lui, ici ses messages ont l'air tellement sérieux, sans smiley, ni blague. Je ne suis pas habituée à le voir comme ça... Et si il avait vraiment voulu me protéger ? Et si c'est le cas, de quoi bon sang ? J'en ai tellement marre de tous ses mensonges !

Il est 18H30.

J'ai passé 2 jours la tête dans mes pensées, je n'ai même pas réussi à participer en classe, trop occupée à lister les "pour" et les "contre" pour finir cette conversation. J'en suis arrivée à la conclusion que je veux savoir ce qu'il a à me dire, mais aussi que j'ai peur de connaître les réponses à mes questions...

Honnêtement je ne me rends compte de ma bêtise que lorsque j'arrive à l'étage de sa chambre. J'ai l'impression que je suis maso, parce que à chaque fois que je le vois, mon cœur se brise un peu plus et pourtant c'est plus fort que moi, il faut que je le vois...

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Analepse, 10 minutes plutôt :

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Point de vue de Barthelemy :

Je viens à peine d'avoir l'autorisation de l'infirmière pour sortir que je reçois déjà un message de Satine qui me dit qu'elle a laissé un cadeau dans ma chambre avant de partir. Je souris tout seul en rangeant mes affaires dans mon sac à dos, puis mon doigt glisse sur le nom de Victoire, pas de nouveaux messages... Je soupire et laisse tomber mon portable dans mon sac avant de le fermer et de le passer sur mon épaule.

Je sors de la chambre et lance un signe de tête à l'infirmière qui est en pleine conversation au téléphone, elle me lance un faible sourire que je prends comme "bon rétablissement" et je passe enfin la porte de l'infirmerie.

La brise qui souffle sur mon visage lorsque je sors me fait un bien fou, je ne supportais plus de rester enfermé ici, j'avais l'impression d'étouffer. C'est ironique quand on y pense, quand on sait que je ne suis pas foutu de rester calme dans une putain de cabine d'ascenseur. Et pourtant, malgré ça j'en viens presque à la regretter, au moins Victoire était avec moi et elle n'avait pas d'échappatoire, au moins on aurait fini notre conversation.

J'inspire profondément, faisant passer l'air frais dans mes poumons qui me font encore un mal de chien, mais c'est une bonne douleur parce que ça veut dire que je suis encore en vie. Avant, j'aurais tout fait pour ne plus souffrir, j'aurais pris des calmants jusqu'à ne plus arriver à articuler le moindre mot. Je préférais m'anesthésier avec l'alcool que d'affronter la réalité. Mais depuis que Victoire est entrée dans ma vie, tout a changé. J'ai l'impression de renaître. Pour rien au monde je ne donnerais la douleur que je ressens dans mon bras plâtré, ni même la brûlure qui me donne l'impression d'avaler des lames de rasoir à chaque fois que je respire, ou encore ma peur de perdre la seule fille que j'ai jamais aimé. J'ai failli y rester mais si même Lucifer est de mon côté alors mon père peut bien aller se foutre. Tout ça fait partie de qui je suis, et je préfère souffrir en aimant quelqu'un que je ne pourrais jamais avoir, plutôt que de ne rien ressentir du tout. Cette période de ma vie est terminée, mes dernières forteresses vont bientôt tomber et ça me fait autant flipper que ça me soulage. Je suis peut-être maso quand j'y pense, mais je ne vois pas de meilleure façon de vivre que de ressentir tout à mille à l'heure. Mon passé, mon présent et mon futur représentent une vaste étendu d'eau, un océan de secrets et de découvertes, des zones de cataclysmes enfouis dans les abysses, mais certaines ne demandent qu'à être explorées, et dans tout ça Victoire est ma bouée de sauvetage lorsque je coule. Elle est mon phare dans la nuit, elle est mon étoile du nord, mon porte bonheur, mon ange gardien.

Forever And Ever In The SkyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant