Kora: Dragonnière de l'Ombre

Bonus 500 K

Linor traversait la Citadelle en soupirant. Il était à la recherche de la régente, celle qui gouvernait ce lieu d'une main de fer mais avec une justesse et une bienveillance qui laissait entrevoir tout ce qu'elle avait apporté de bien à leur peuple. Le dragonnier était à cran. De mémoire d'homme, les couloirs creusés dans la montagne n'avait jamais supporté autant d'agitation : c'était sûrement en parti pour ça qu'il était autant sur les nerfs.

"Lorsque je vais lui mettre la main dessus à celle-là, marmonna-t-il en accélérant le pas.

Il jetait frénétiquement des regards à chaque détour, si désespéré qu'il finissait même par demander à chaque personne qu'il croisait s'ils l'avaient vu. Les regards surpris et légèrement paniqués qu'il obtenait en réponse le convainquait à chaque fois plus qu'il ne devait pas tarder à la retrouver.

Il avait fouillé ses appartements privés, toutes les salles d'entrainement, en vain. Il avait l'impression qu'il avait retourné chaque pierre de cette montagne sans ne serait ce que pouvoir entrapercevoir une mèche de ses cheveux de jais. Il n'allait pas tardé à virer fou et avoir de sérieux ennuis s'il ne la retrouvait pas.

-Bordel, mais où est-ce qu'ils peuvent...

La lumière se fit dans son esprit et il se fustigea de ne pas avoir pensé à ce lieu dès le départ. En entendant le gong qui annonçait l'heure qu'il était dans ce lieu où la lumière du soleil ne passait pas, il se mit à courir. Il tourna à une intersection, fonça dans un soldat qui s'apprêtait à l'injurier avant de perdre toute envie de s'insurger en reconnaissant son interlocuteur.

-Commandant, commença-t-il en perdant ses couleurs, je...

Linor lui tapa brièvement sur l'épaule pour s'excuser et repris son chemin.

-Désolé soldat ! lui lança-t-il, le devoir m'appelle.

En arrivant devant la grande porte en fer forgé noir, Linor se posa quelques secondes, chose qu'il n'avait pas fait depuis plusieurs semaines. En prenant une grande inspiration, il poussa les lourdes portes entrant ainsi dans la salle qui contenait le plus grand trésor de leur peuple. Sur de hautes étagères de plusieurs mètres de haut se trouvait ce qui s'apparentait de loin à de grosses pierres de la couleur de l'onyx. Le dragonnier détourna le regard des orbes qui réfléchissaient la lumière des flambeaux et posa son regard violet sur les deux silhouettes de la salle. L'une était grande et élancée tandis que l'autre appartenait à un enfant. Linor s'approcha silencieusement, ne voulant pas troubler le silence religieux du moment. Il s'arrêta à quelques mètres seulement, écoutant d'une oreille attentive la conversation entre la femme et l'enfant.

-Ce que tu vois là, lui dit-elle, c'est l'héritage de tout notre peuple.

-C'est donc à moi aussi ? lui demanda la petite fille.

Le doux rire qu'émit en réponse la régente fit frémir le dragonnier.

-Parmi tout cela, l'un d'entre eux est le tien. Il attend avec un impatience le jour où tu viendras le chercher.

La fillette poussa un gémissement mêlant joie et impatience.

-Mais ce n'est pas aujourd'hui, lui répondit sa mère en passant ses doigts fins dans les cheveux noirs de sa fille.

Enfin, la femme se retourna et croisa le regard mauve de son ami.

-Sienna ma douce, va donc rejoindre ton oncle pour accueillir les derniers dignitaires. Avec un peu de chance, ta vilaine frimousse apaisera leurs âmes apeurées.

L'héritière de la Citadelle rit aux mots de sa mère avant de tirer sur la manche de sa robe pour la forcer à s'accroupir à sa hauteur ; ce qui fit la régente avec grâce malgré la hauteur de ses chaussures.