CHAPITRE LXV: Une quête s'achève

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« Qui réunit l'eau et le feu perd l'un des deux »

***
« Jeod, appelais-je à voix basse.

Je balayais de la main pour écarter la poussière et essayer d'apercevoir mon ami.

-Jeod, réessayais-je un peu plus fort.

J'avançais toujours, trébuchant sur quelques cailloux, chaque pas étant une souffrance pour mon corps douloureux. Seul le bruit de mon coeur résonnait à mes oreilles, le silence régnant en maître sur les ruines de Luxia.

Un sanglot s'échappa de ma gorge. J'étais épuisée, moralement comme physiquement. La seule chose qui me maintenait encore debout, c'était l'envie et le besoin de retrouver mon ami. Des scénarios catastrophes ne cessaient de se bousculer dans ma tête et plus j'avançais à travers le champs de bataille plus le désespoir m'enveloppait.

Le feu n'éteint pas le feu.

-Ça suffit, m'agaçais-je.

Qui réunit l'eau et le feu perd l'un des deux.

-La ferme ! Hurlais-je.

Des larmes dévalaient mes joues et je ne voulais pas les essuyer.

-Jeod ! Criais-je d'une voix brisée.

Il fallait que je le retrouve, c'était impératif. Je le revoyais, essayant de tempérer mes sautes d'humeur, danser avec moi, rougir à mon contact, me raconter ses malheurs, son bonheur. Je le revoyais déclarant qu'il était mon ami, ses yeux brillant d'une flamme éternelle de compassion et de courage.

J'avançais, totalement désorientée, mais déterminée. C'est là que je l'aperçus, au milieu des restes d'un temple et d'un animal puissant, majestueux mais éteint.

-Non, murmurais-je.

Je m'élançais en boitant, répétant ce même mot comme une litanie, ne pouvant pas y croire, ne voulant pas y croire.

Je m'agenouillais auprès de la grande carcasse, son manque de mouvement me convaincant du pire.

-Ignis.

Je passais ma main sur ses écailles autrefois luisantes de feu, aujourd'hui ternes. Immobile, la bête ne respirait plus. Mes sanglots redoublèrent, je cherchais le corps du dragonnier de Feu à travers le flou de ma vision. Il était étendu à quelques mètres de là. Je rampais jusqu'à lui, écorchant d'avantage mes genoux sur la roche. Son visage était livide et ses yeux fermés. Je pouvais voir qu'il ne respirait plus.

-Je suis tellement désolée, dis-je en posant mon front sur le sien.

Je ne cessais de le répéter tout en caressant ses cheveux où s'été accumulé poussière et sang séché.

-Je t'en supplie, pardonne-moi.

-Anakora.

Je me retournais vers Raphaël.

-C'est fini, annonça-t-il d'une voix chargée d'émotion.

-Tout est de ma faute, murmurais-je.

Il s'agenouilla devant moi et me pris dans ses bras.

-Rien n'est de ta faute.

Le silence dura pendant quelques secondes.

-Il est mort, annonçais-je avant d'éclater de nouveau en sanglot.

Sa prise se raffermit.

-Je sais.

Des bruits de pas se firent entendre, mais je ne voulais pas quitter le réconfort que les bras de Raphaël m'apportaient.

Kora: Dragonnière de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant