CHAPITRE XLVII: Autant en emporte le vent

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"Il est de ces gens que la vie abandonne et que seule la mort permet de relever."

***
Erlano n'avait pas eu le luxe d'une enfance heureuse. Bien au contraire. Sa mère n'entrait pas vraiment dans les bonnes moeurs de la société, étant elle même pauvre de naissance, elle n'avait pas eu le choix d'en offrir une meilleure à son fils. La misère est un cercle vicieux dont il est improbable d'échapper.

Né dans un lieu prisé pour les plaisirs aussi éphémère soit il qu'il offre, d'une mère qui se vendait pour survivre et d'un père qui cherchait à s'amuser seulement l'espace de quelques heure, on ne peut pas vraiment affirmer qu'il eu le nécessaire pour un être un enfant épanouie. Les enfants vivants dans la misère étaient nombreux à Felare. Ni plus ni moins qu'ailleurs, ils n'en restaient pas moins une quantité phénoménale.

Comme les autres enfants de son quartier, Erlano s'amusait avec tout ce qui lui passait sous la main. Le moindre objet, tout comme la moindre situation pouvait être une source de divertissement. Combien de fois avait-il rit en poursuivant un jeune chat qui cherchait à lui échapper ? Combien de fois avait-il rit en observant un marchand se tournant en ridicule ? Il était de ces enfants ayant toujours le sourire aux lèvres malgré la pauvreté constante qui l'entouré.

Il n'avait jamais souhaité être riche. Il aurait évidemment aimé sortir sa mère de la situation dans laquelle elle se trouvait. Il n'aimait pas savoir sa mère entre les mains des hommes. Si Erlano était jeune à l'époque où il vivait encore avec elle, il n'en restait pas moins lucide. Il savait ce qu'elle subissait, il l'avait vu de nombreuses fois rentré, le visage boursoufflé par les coups qu'elle avait certainement reçu, le corps bleuit par la violence des clients auquel elle avait eu à faire. Pas besoin de mot pour comprendre ce genre de chose.

C'était son seul objectif dans la vie, avoir un jour assez d'argent pour faire de Eduine, sa mère, la plus heureuse des femmes. Pour cela, il avait conscience qu'il n'y avait qu'un seul moyen d'y parvenir. Monter tout en haut de la tour qui siégeait en plein centre de la ville de Felare. Cette tour qui montait si haut qu'elle saluait les vents, si haute que les nuages cachaient son extrémité. Cette tour qui en son sommet accueillait les personnes les plus riches, les plus nobles et les plus enviées de la cité. Au pied de la structure la plus haute de Zedong, les personnes les plus pauvres et les moins estimées, vivaient seulement dans le but de pouvoir un jour côtoyer les cieux auprès des plus puissants.

C'était à ce rêve que s'accrochait Erlano. C'était à ce rêve qu'il pensait lorsque sa vie a basculé.

Ce jour-ci était semblable à tellement d'autre auparavant que le jeune homme, encore aujourd'hui, serait incapable de dire lequel c'était. Devant cette immense monument que l'on appelait Kouryf, il se tordait le cou pour essayait d'en apercevoir le sommet, comme il avait l'habitude de la faire à ses heures perdues. Une main s'été abattu soudainement sur sa bouche pour l'empêcher de crier et il avait été tiré jusqu'à une petite ruelle. Personne n'avait réellement fait attention à lui. Les rues étaient dangereuses et nul n'aurait voulut s'interposer face à l'homme qui avait entreprit d'emmener le petit garçon, âgé de tout juste six ans en ces temps là. Erlano c'était furieusement débattu mais sa maigre force de garçonnet n'avait pu rivaliser avec la puissance de l'homme qui avait entreprit de l'emmener. Des larmes s'étaient échappé de ses yeux, à l'époque ambré, mais personne ne pouvait venir les essuyer. Le petit était désormais seul, et il le resterait jusqu'à ce qu'il trouve sa moitié.

L'homme qui en avait après lui était grand et possédait une musculature imposante alors lorsqu'il le frappa à la tempe, il fallut tout juste cinq secondes avant que l'enfant ne s'écroule, inconscient, dans ses bras.

Lorsqu'il se réveilla, il se trouvait dans une pièce sombre sans aucune fenêtre. Sans un cri, sans un bruit, il se dirigea vers les barreaux placés à intervalle régulier qui souhaitaient entraver sa liberté. Il cherchait du regard quelqu'un capable de lui venir en aide, seulement il ne percevait rien. L'obscurité lui semblait totale et le jeune garçon ne pouvait discerner que des ombres, ces choses immatérielles qui l'effrayaient tant. La peur l'avait envahit. Il partit rapidement se glisser dans un des coins de sa cellule, pensant que ses bras pourraient le protéger mais sans se douter que les ombres n'étaient pas ce qui devrait le plus l'effrayer.

Il n'avait, encore aujourd'hui, aucune idée de la durée qu'il avait passé dans cette cellule. Il s'était endormi après avoir longtemps tremblé de peur, ou était-ce le froid ? Il ne pouvait rien affirmer. À son réveil, il grelottait encore, rien ne semblait avoir changer, rien hormis le porte grande ouverte de sa prison. Erlano c'était avancé, méfiant. Qui aurait eu l'idée de laisser à son prisonnier cette chance de s'enfuir, s'était demandé le petit garçon. Il avait eu la réponse bien plus tard, il n'était pas un prisonnier.

Le bambin avait donc pris ses jambes à son cou, comme il savait si bien le faire depuis son enfance. Son esprit naïf et peut-être un peu simplet, ne s'était pas questionner davantage. Avec le recul, il pouvait clairement dire que c'était une mauvaise idée. Sortir était même la plus mauvaise idée, il aurait dû rester dans son coin miteux et attendre qu'on vienne le chercher ; mourir dans cette cellule aurait même été une meilleure idée. Son squelette frêle et fragile aurait certainement reposé ici de nombreuses années, mais il n'aurait pas eut à subir les coups et les humiliations qui ont, paradoxalement, forgé l'homme qu'il est.

C'était à son passé que Erlano rêvait lorsqu'il se rendit compte qu'un de ses compagnons manquait à l'appel. La fougueuse dragonnière de l'Ombre n'était plus dans son champs de vision. Comment avait-il pu passer outre ? Malgré le vent et la neige, il voyait comme en temps ordinaire, ses yeux étant habitués à la force des rafales et les durs intempéries. Alors, diable, pourquoi la disparition de la jeune femme et son dragon ne lui avait pas parut comme une évidence ?

Les mains furieusement cramponnées à la selle de Elpa, le dragonnier de l'Air interpella celui qu'il considérait comme le meneur.

"Raphaël !

Le dragonnier de Lumière, ne pouvait pas se retourner, la force du vent l'aurait certainement emporté si l'idée saugrenu de rejoindre Erlano lui était venu. Cependant, d'un geste de la main, il fit comprendre au natif de Felare qu'il l'écoutait.

-Anakora a disparu ! Cria-t-il pour faire porter sa voix malgré la puissance de la tempête.

Il ne pouvait entendre la réponse de l'hériter au trône de Luxia, mais il assura plus tard qu'un juron peut élégant lui avait répondu.

***

La neige recouvra bientôt entièrement le corps de la belle endormi. Sa bête, elle, faisait de son mieux pour réchauffer sa maîtresse, mais aucune flamme ne semblait vouloir s'échapper de sa gueule. De toute manière, qu'auraient-elles pu faire ? Ses flammes d'un noir de jais ne serait d'aucune utilité, il en était certain. Les températures étaient si basses, qu'un simple coup de vent aurait réduit à néant tous les efforts de la bête de l'Ombre.

Beor s'en voulait. Il n'avait pas été capable d'assurer la sécurité de sa belle depuis le début de cette stupide quête. D'abord à Assoupi, puis près de ce lac où ils avaient rencontré Kami, ensuite à Folga, visite qui n'aura pas laissée que des douleurs physiques et enfin ici où même une simple brise a réussi à le faire échouer.

L'animal était intelligent, puissant et robuste, comme il pouvait être doux, colérique et faible par moment.

Le visage d'Anakora commençait à prendre des teintes bleutées et cela ne rassurait pas Beor. Il n'avait jamais été confronté à des températures aussi extrêmes et ne savait comment réagir. Son impuissance le terrifiait tout comme elle le faisait enrager.

Dans un moment de pur désespoir, Beor poussa un rugissement qui se répercuta sur les murs de la falaise, ne se doutant pas que ce geste venait assurément de leur sauver la vie, mais peut-être aussi de signer leurs morts.
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Fin du chapitre 47
En vous remerciant d'avoir lu

Kora: Dragonnière de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant