CHAPITRE XXXIX: Dolor

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''Je t'aime''

***
Il faisait noir, bien trop noir. Si noir qu'il était presque impossible de discerner autre chose que des ombres. Les personnes vivants ici étaient, tels des rats, coincées dans l'obscurité, ne pouvant remonter par peur d'être chassé par ceux qu'ils considéraient comme leurs ennemis. Mais comme les rats, leur nombre croissait rapidement et bientôt, ils prendraient leurs revanches.

Chacun d'eux vouait une haine incommensurable aux ''êtres du dessus'', ceux qu'ils qualifiaient de ''monstres''. Ils souhaitent tous sortir à la lumière du jour, la dangerosité, la toxicité et l'obscurité des mines de plombs ne leurs étant plus supportable. Cependant ils savaient. Ils savaient que le peu de personnes qui montaient à la surface ne revenaient pas. Ils partaient pour se battre. Ils se battaient pour leur liberté.

Entouré de toute cette roche bleuté cancérogène, ils avaient appris à s'adapter, à échapper aux rares personnes qui venaient s'aventurer, ils avaient évolué. Aujourd'hui, ils étaient au courant que le nom dont ils avaient été attribué en appeuré plus d'en un surface et ils en étaient fiers. Leur nom resterait à jamais gravé dans l'Histoire: les Oubliés.

~

Dire que j'étais surprise était un euphémisme. La douleur dans ma jambe mêlé au choc de l'explosion me donnait sûrement des hallucinations, il ne pouvait pas être ici. C'était impossible, improbable, inimaginable. Et pourtant. Ses yeux mauves étaient les mêmes que ceux qui m'avaient charmé autrefois, ses long cheveux blond volaient au gré du vent comme lors de nos anciennes chevauchées, cette flèche en argent semblable à toutes celle qu'il utilisait. J'étais incapable de bouger. Ma souffrance et ma stupéfaction créaient un bien horrible mélange. Ma tête me tournait et mes yeux me brûlaient. Était-ce les cendres de l'incendie ou bien mes larmes qui menaçaient de couler ? Je n'en savais trop rien, sûrement un mélange des deux. Je ne pouvais pourtant détacher mon regard. L'adolescent que j'avais autrefois connu avait disparu pour laisser place à un homme. Vêtu ainsi d'une longue cape noir, il apparaissait comme un personnage mystérieux et inquiétant. Son arc toujours en main, il était dangereux. Mystérieux, Linor l'avait toujours été mais inquiétant, jamais.

J'ouvris la bouche, mais aucun son ne sortit. Je n'aurais pas put mettre des mots sur ce qui se passait à l'instant. C'était tellement inimaginable.
Celui qui m'avait sauvé fit un pas dans la direction, il semblait hésitant, à l'exact opposé de l'image qu'il renvoyait habituellement. Je voulus à mon tour esquisser un mouvement mais la lame enfoncée dans ma jambe me rappela à l'ordre. Ma bouche se tordit dans un cri silencieux. Je vis à travers ma vue brouillée par mes larmes mon ancien compagnon accéléré son pas. Arrivé devant moi, il se pencha:

''Kora, je...

- Anakora !

Je me tournais, comme Linor, vers la source de l'appel. J'eus du mal à reconnaître la silhouette de Raphaël à travers l'épaisse fumée. Il s'approchait en criant mon prénom. Rapidement, mon regard revint sur Linor. Mes yeux s'agrandirent de surprise quand ils découvrirent qu'il n'était plus là. Je regardais partout autour de moi mais aucune trace de mon premier amour. J'avais la très désagréable impression de devenir folle. Je ne pouvais pas avoir rêvé, la flèche encore planté dans le crâne du jeune garçon me le prouvait.

La voix du dragonnier de Lumière retentit encore. N'ayant pas d'autre choix, je dus me résoudre à répondre à son appel.

-Raphaël ! Je suis là ! Criais-je au dessus du vacarme de l'incendie qui se propageait à travers le village.

L'héritier au trône de Luxia arriva bientôt à moi.

Kora: Dragonnière de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant