CHAPITRE XXXIV: ... et désormais si loin

10.9K 1K 73
                                    

"Il est la Lumière, tu es l'Ombre. Ensemble vous formez l'Univers. Il y a une partit d'Ombre et de Lumière en chacun de nous."

***
Rien ne s'était passé comme prévu. Rien depuis le début de cette quête ne s'était passé comme prévu. Tout un tas de rebondissements, plus imprévisibles et farfelus les uns que les autres, avaient fait en sorte que nous en arrivions là. Notre ''leader'' et notre ''ennemie'', au sol, inconscient et à moitié mort.

Comment diable tout cela était il arrivé ?

Nous étions tranquillement assis autour de mon feu, puis tout avait dégénéré. Il faisait si noir et tout c'était passé tellement vite qu'aucun d'entre nous n'avait eu le temps d'intervenir. Le souffle de cette explosion de magies nous avait vulgairement balayé comme de simples poupées de chiffons. Nous nous étions ensuite retrouvés simples spectateurs de cette terrible agonie. Si je n'avais pas bien vu, je pouvais assurer avoir tout parfaitement entendu. Je n'oublierai jamais les cris de douleur parvenu à mes oreilles durant cette nuit, j'avais bien cru un moment entendre les bruit des glas les accompagner.

Je posais délicatement ma main sur la joue de la belle dragonnière de l'Ombre assoupie. Elle ressemblait à un ange disposé ainsi. Ses longs cheveux de jais éparpillés sur ses épaules ainsi que sa pâle peau typique de son peuple la faisait se rapprocher du physique de ses créatures ailées, enfants des dieux.

Les seuls souvenirs apparents de son dernier combat résidaient dans sa peau encore rougit par endroit et dans les cernes peu gracieux sous ses yeux. Kami avait fait ce qu'elle pouvait. Le corps humain étant constitué d'une majeure partie d'eau, la seule pouvant magner un tant soit peu l'art de la médecine ici était cette petite rousse. Évidemment, la Magie Blanche de Raphaël était plus efficace mais l'utiliser sur Anakora relèverait du suicide. D'autant plus que notre dragonnier de Lumière ne se trouvait pas dans un état suffisant pour pouvoir soigner qui que ce soit. Ses blessures à lui étaient plus nombreuses, plus profondes, plus graves, plus mortelles.

Zarovka avait autant souffert que lui.

La dragonne les avait devancé dans leurs pertes de conscience, elle s'était effondrée juste avant son dragonnier. Son corps était ouvert à de multiples endroits et de manière plutôt étrange. En effet, les blessures de la dragonne de Lumière possédaient une ''forme'' bien particulière. Il ne s'agissait en aucun cas de morsures ou de griffures, elles prenaient davantage l'apparence de coupures. Lorsque nous avions commencé à soigner la bête de Lumière, nous avions tous été abasourdie par ce style particulier. Nous étions incapable de dire comment Beor c'était débrouillé pour lui infliger de telles mutilations. La seule personne nous ayant appris quelque chose d'utile était Lano. Le dragonnier de l'Air avait certifié connaître ce genre de blessures. Selon lui elles étaient la plupart du temps utilisées pour des morts lentes et douloureuses. Elles avaient pour unique objectif une délicate agonie; de quoi faire jouir le plus grand des sadiques.

Beor ne s'était pas attardé sur le sujet. Dès l'instant où Anakora s'était retrouvée dans mes bras, il avait disparu. C'était une question sur ce genre de ''simples'' disparitions qui avait faillit mener notre duo de Lumière à une entrevue rapprochée avec la Faucheuse. Si la curiosité de Kami n'avait pas été si forte et les colères d'Anakora si disproportionnées, nous n'en serions sûrement pas là. Évidemment la dragonnière de l'Eau souhaitait découvrir l'origine de cette capacité unique, cela se comprenait. Naturellement la dragonnière de l'Ombre souhaitait savoir les renseignements en la possession de ses ennemis, c'était compréhensif. Mais cela aurait été il trop demandé d'avoir une discussion sans débordement pour une fois ?

Je soufflais d'agacement.

Suite à ma rencontre avec Raphaël il y a de cela environ deux ans, nous avions convenu d'organiser de A à Z toute cette quête afin qu'aucun imprévue ne nous tombe dessus. Nous avions dans les temps retrouvé les dragonniers de la prophétie Élémentaire. Cela c'était avéré plutôt simple. En à peine deux mois, le travail avait été bâclé. La deuxième étape -celle que nous trouvions la plus difficile de toutes- siégeait dans le fait de trouver l'endroit où se cachait le peuple que nous avions cherché à décimer. Les recherches avaient été longues, ponctuées de colères et épuisante, mais au bout de six long mois de travail nous avions enfin réussi. Après notre ''semi-victoire'', je me souvins m'être dit que tout serait bientôt fini, que nous avions fait le plus dur. À quel point pouvais-je me tromper ! Les complications et les affrontements n'avaient cessé de s'abattre sur nous alors que nous n'avions pas encore réellement rencontré l'ennemi. Certes nous avions eu quelques légères altercation avec les Oubliés, notamment à Assoupi lors de la fuite d'Anakora ou encore au palais du roi Nizar mais cela n'avait sûrement rien à voir avec le combat qui nous attendait.

Kora: Dragonnière de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant