CHAPITRE XLV: Se perdre dans ses pensées

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"Mon père me disait toujours de ne pas craindre l'Ombre, cela voulait toujours dire qu'il y avait une Lumière à proximité"

***
Une lumière, souffle, je l'éteints. Deux lumières, vent, elle revient. Trois lumières, ciel, est-elle là ? Quatre lumières, cris, l'as-tu vu ? Cinq lumière, peur, qui cela ? Six lumières, blanc, cet éclat. Sept lumières, sache qu'elle ne reviendra pas. Huit lumières, mais papa est avec elle. Neuf lumières, c'est que sa vie est plus belle. Dix lumières, le reverais-je dans mes rêves ?

Non seulement dans l'au-delà.

J'essayais par tout les moyens de faire sortir cette sordide mélodie de ma tête. Si autrefois je l'ai chanté comme tout jeune dragonnier de Lumière qui se respecte, j'avais appris avec le temps les racines de cette sombre comptine. Je faisais mon possible pour qu'elle reste bien enfouie dans les tréfonds de ma mémoire, mais dans des moments bien spécifiques elle revenait me hanter, me glacer le sang de ces tristes notes. Le froid du vent nocturne sur ma peau et ce lugubre morceau dans ma tête ne faisait que renforcer mon sentiment de mal être.

J'avais insisté -sûrement plus que nécessaire- pour reprendre la route. Nous ne pouvions plus nous permettre d'attendre. Je ne pouvais ignorer d'avantage tout les morts que les Oubliés laissaient derrière eux, voyager avec l'un d'entre eux ne me le rappelait que trop. Cet homme me semblait bien trop angélique pour ne pas être de mèche avec ces ordures. Si, Linor de son nom, avait réussi à convaincre Kami et notre Saint Jeod, de ses bonnes intentions, le reste du groupe n'en restait pas moins suspicieux. Anakora quand à elle ne pipait mot. Depuis ma légère altercation avec son ami, elle semblait complètement renfermée sur elle même et le seul être qui pouvait l'approcher était Beor. Kegt avait comme d'habitude essayait de lui tourner autour mais la réaction d'Anakora fut tout autre que d'ordinaire. Si elle se plaisait à le menacer normalement, elle n'en fit rien et resta complètement impassible devant ses vaines tentatives d'humour.

C'était une nuit sans étoile. Une nuit si semblable à d'autres nuits, et pourtant elle fut si différente.

Nous avions eu tout le loisirs de nous reposer ces derniers jours. Le repos forcé d'Anakora nous avait permis à tous de reprendre des forces en prédiction de ce qui pourrait nous attendre dans les prochains jours. Il était sûr qu'ils ne seraient pas de tout repos. Des combats, des découvertes, le retour au source. J'avais quitté Luxia il y a de cela un certain temps déjà, toute mon énergie depuis avait été consacré à cette quête. Je ne prenais que trop peu souvent nouvelle de ma mère et mes soeurs. Je sais qu'elles vont bien et elles savent que je vais bien en retour, c'est ce qui me permet de tenir loin d'elles. Depuis la mort de mon père, ce sont les piliers de ma vie. Il me serait impossible de vivre sans elle. La seule famille qui me reste, les seules personnes sûr qui je peux compter.

Vahina. Femme du défunt roi Kaan Lucer. Reine aimée de tous. Guerrière sauvage. Dragonnière de prestige. Mère irremplaçable.

Depuis son mariage avec mon père, ma mère n'a jamais cessé de prendre soin de notre famille et de son royaume. Elle était la douceur dont mon père avait besoin pour ne pas perdre la face devant l'exigence que la direction d'un tel royaume impose mais elle était également la dureté dont il ne pouvait se passer pour le remettre parfois dans le bon chemin. Seulement depuis la disparition de mon paternel, la couronne ainsi que toutes ses responsabilités lui revenait et ce n'était pas forcément pour me plaire. Elle n'avait jamais été aussi peu présente que depuis sa mort. Mes soeurs étaient à peine âgées d'un an, je venais de fêter mes dix ans.Elles avaient autant besoin d'une figure maternelle, que d'une figure paternelle: elles n'avaient eu ni l'un ni l'autre. Je me devais d'être fort pour nous tous. Dès qu'il m'en fut possible, je me mis à apprendre tout ce que je pouvais pour être un bon roi. L'entraînement était rude, acharné, insupportable physiquement comme psychologiquement, et si j'avais eu par moment envie de tout laisser tomber je n'avais pas céder. Parce que je me devais d'être fort, et plus seulement pour ma famille, désormais aussi pour mon peuple. Pourtant, j'avais fuit. Je les avais tous laissé derrière pour moi pour me jeter corps et âme dans une quête insensée au côté de notre ennemi de toujours: l'Ombre.

Kora: Dragonnière de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant