Kora: Dragonnière de l'Ombre

CHAPITRE LIX: Samantha

"La guerre est la seule constante que l'Homme a su créer"

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Samantha était assise sur le rebord de la fenêtre de sa chambre, les jambes ballottants dans le vide. Parfois, elle s'imaginait sauter et se demandait si la chute serait douloureuse, si la mort l'attendrait en bas. Ce genre de pensée ne la quittait plus depuis bien longtemps, mais elle ne s'était jamais résolue à tenter l'expérience.

Un jour peut-être, pensa-t-elle.

Le soleil était encore haut dans le ciel et reflétait ses cheveux plus jaunes que blond qu'elle détestait. Elle était brune auparavant, et cette couleur lui manquait. Seulement, changer de couleur reviendrait à renier le fondement même du lien qu'elle entretenait avec Basca, et puis sa mère ne le tolérerait pas, enfin si elle était amenée à la revoir un jour. D'aucune sorte, elle ne lui manquait. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle avait accepté cette quête, du moins en partie. S'éloigner de l'emprise de ses parents, s'éloigner de la cour, des ragots et des coups bas. Vivre une vie loin du joug infernal d'Onessi. 

Elle se tourna légèrement vers l'intérieur de la pièce, vérifiant vaguement si sa dragonne était toujours endormie. Le voyage l'avait épuisé. Elle avait beau être un animal puissant et vigoureux, elle n'avait jamais suivit un entrainement de guerrière, tout comme elle. Elle avait très rapidement suivit quelques séances avant l'arrivée de Raphaël. Après, Samantha avait dû s'accrocher pour prendre très rapidement en rapidité, agilité et puissance, au risque de laisser sa peau dans le combat futur. Elle n'était pas un soldat, elle n'était qu'une dragonnière d'apparence. Elle ne faisait que représenter physiquement la force et la beauté d'une ville. Rien de plus qu'une image. C'était ce qu'elle avait été toute sa vie, une vulgaire image. Jamais libre d'être elle-même, elle ne pouvait que se plier aux instructions et aux commandements de sa génitrice afin de faire partit de l'élite de la noblesse. C'était l'attrait du pouvoir de sa mère qui l'avait conduite au plein centre de l'échiquier royal, là où elle n'avait été qu'un simple pion, ce qui avait finit par briser le peu de pitié, de compassion, d'humanité qu'elle pouvait avoir.

Essuyant une larme irréelle, elle finit par se retirer de son perchoir et s'effondrer sur le lit de sa chambre, là où elle n'avait pas à faire semblant, là où elle n'avait pas besoin de jouer la comédie. Dans son mouvement, le bas de sa robe remonta grandement, dévoilant une cicatrice s'étendant du haut de son genoux jusqu'au haut de sa cuisse. Les souvenirs remontèrent, comme à chaque fois qu'elle regardait ce vestige de ce qu'elle était autrefois: une jeune adolescente pleine de vie.

Elle se souvint des mains sur son corps, des cris et du sang aussi, ce liquide rouge qui tachait en quantité abondante les draps du lit. Elle se souvint de ses appels à l'aide, de ses prières et de ses suppliques que le vent avait comme emporté avec lui. Aucun secourt, aucune compassion. Ce jour-là, elle avait perdu bien plus que son innocence. 

Depuis, elle ne renvoyait que le reflet de la garce que tout le monde semblait penser qu'elle était. Ses expressions, ses paroles, ses gestes, tout était calculé afin qu'elle ne soit plus jamais en mesure de vivre ce qu'elle avait vécu cette nuit là. Elle cherchait le contrôle des situations et la plupart du temps, elle l'obtenait. Cette maniaquerie l'a rendait par moment paranoïaque et lui faisait frôler la folie. Dans ces instants là, elle détestait le monde entier et notamment son milieu de naissance. Elle en arrivait parfois à envier Erlano d'être né dans un bordel insalubre.

Sa seule pointe de réconfort dans la tristesse de sa vie c'était Basca. Lorsque son coeur était opprimé, c'était à elle qu'elle pensait. À tout ce qu'elle lui avait apporté et notamment cette capacité à se défendre grâce à la Foudre. Elle lui avait également permis de surpasser certaine personne qui se croyait supérieur, car à Onessi, être dragonnier revenait à être au dessus de tout le monde et elle l'avait bien fait comprendre. Même si ce n'était que jouer à être, ça lui avait offert la possibilité de trôner dans le plus grandes sphères de la cité et d'en faire plier plus d'un.