C'est comme ça qu'a débuté la guerre.
***
J'avais revêtu une tenue simple de couleur noire en sortant de la douche. Assortie à mon humeur, elle reflétait bien la masse de problèmes qui venait de me tomber dessus.
La douche lave la peau, pas les problèmes.
Les mots du vieillard ne cessaient d'apparaitre dans mon esprit: "Les Oubliés, cachés dans les tréfonds du royaume sculpté". J'avais passé énormément de temps dans la bibliothèque de la Citadelle, mon père disant souvent qu'un guerrier n'était pas uniquement des muscles, mais aussi un esprit. Pourtant cette phrase ne m'évoquait absolument rien et je me dirigeais en ce moment même vers la personne que je considérais comme la plus à même de m'aider: ma mère.
Les gardes n'hésitèrent pas à ma vue, et ouvrirent les immenses portes de la salle du trône. Elles étaient d'une beauté singulière, rare dans ce pays. Taillées dans l'ébène le plus pur et gravées des symboles de la Langue noire, langue ancienne de notre peuple, elles racontaient l'histoire de celui-ci.
D'un pas vif et confiant, j'entrais dans l'immense salle. Immense, simple et sublime. Voilà comment pouvait être qualifié cette pièce. La salle était située au centre de la Citadelle, construite à l'aide de la magie et décorée de frises racontant diverses légendes sur nos ancêtres. Ces légendes que nous ne devions pas oubliées, celles qui ont formées l'histoire de notre peuple.
En tout et pour tout, la salle était meublée d'un trône de fer noir.
Comme dans la plupart des lieux habitants des dragons, nous ne nous encombrions pas de meubles afin de laissé la place à ceux-ci pour se mouvoir. La Citadelle accueillait quelques dizaines de dragons tout au plus et à peu près autant oeufs. C'était peu. Très peu comparé aux autres peuples, au sommet de leur puissance qui comptaient parmi eux des centaines de spécimens. La Citadelle était éloignée de tout. Façonnée à ma même la roche, elle regroupait de longs tunnels, qui comme des boyaux s'étendaient à travers toute la chaine de montagnes. Une cinquantaine d'années à été nécessaire pour réaliser un tel travail. Une personne étrangère à ce lieu se perdrait très facilement et pourrait ne jamais en ressortir. Pour qu'une telle chose arrive, encore faudrait-il trouver ce lieu. Entourée d'une immense forêt, appelée Forêt des Bannis, rare était ceux capables d'atteindre notre repaire; et pourtant plus de dix ans auparavant, nous avions essuyé une terrible bataille.
Sortant de mes pensées, je posais mon regard sur le trône, ou plutôt sur la personne qui y siégeait. Ma mère était svelte, c'était une guerrière. Un soldat qui avait gagné de nombreuses batailles, mais qui en avait perdues encore plus. Sa chevelure blonde commençait à se ternir avec l'âge, des rides froissaient les traits de son visage et ses yeux verts ne pétillaient plus de cette lumière vive que je lui avais connu autrefois. Ma mère était lasse. Abimée. Son travail l'épuisait, elle portait sur ses épaules le lourd fardeau de notre peuple, et j'espérais bientôt l'en débarrasser.
D'elle je n'avais hérité que peu de choses. Ma chevelure de jais venait assurément de mon père, mes yeux également. Physiquement, personne n'aurait pu affirmer que j'étais sa fille. Toutefois, il était certain que notre caractère était similaire, ce qui faisait parfois des étincelles entre nous. Mon père était plein de vie mais il pouvait se montrer très fourbe et manipulateur. Je l'étais aussi. Ma mère, elle, était sèche, allait droit au but, ce n'était pas une hypocrite. Si mon père m'avait transmis son amour et sa combativité, ma mère m'avait donné ce que j'avais de plus précieux: ma rage de vivre. Ma rage de me venger, celle qui poussait à me lever chaque matin malgré les obstacles.
Au bruit de mes pas sur le sol de pierre, elle releva la tête et sourit. Ce n'était pas le sourire d'une femme heureuse et épanouie, c'était celui d'une mère soulagée de voir que son enfant était sauf. D'un signe de la tête, elle incita l'homme avec lequel elle s'entretenait à prendre congé. Je m'arrêtais à quelques pas seulement du trône et baissais la tête en signe de respect. Lorsque les portes se refermèrent sur le soldat, ma mère se leva et se dirigea vers moi. Sa main se posa sur ma joue et força mon visage a se mettre a sa hauteur.
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Kora: Dragonnière de l'Ombre
FantasyZedong est une terre de magie qui a vu naitre une des créatures les plus sublimes mais aussi une des plus dangereuses qui soit : les dragons. L'Homme l'a apprivoisé, en a fait son allié, et mieux encore, son compagnon. Cependant, comme dans tous les...