CHAPITRE XXXIII: Si proche...

10.5K 1K 116
                                    

"La vie n'est qu'un merveilleux mensonge, la mort elle, est une triste réalité''

***
La tension était insoutenable. Je défiais Anakora du regard, et elle me le rendait bien. Je voyais nettement malgré la nuit son corps meurtris par la Lumière. Je ne m'étais pas ménagé. Le simple fait de l'avoir vu se dématérialisé devant moi avait fait ressurgir d'ignobles souvenirs. Le sortilège d'Immersion était celui que j'exécrais le plus. L'effet de surprise qu'il offrait donner un avantage certains au dragonnier et offrait une mort certaine à la victime. Pouvoir se matérialiser et se dématérialiser à volonté était un luxe que nous ne pouvions pas nous permettre d'offrir aux dragonniers de l'Ombre. Nous avions longuement cherché un contre sort ou éventuellement un moyen de prévoir l'endroit de l'apparition du lanceur du sort, vainement. La seule chose qui pouvait empêcher l'aboutissement du maléfice était un jait de Lumière semblable a celui que je venais de lancer. Seulement la consommation d'énergie demandée était immense et le risque que l'Ombre contre le sort -comme Anakora l'avait fait- était élevé et dangereux. Je venais d'ailleurs d'en payer les frais et la note était salée.

Ma peau me tirait comme jamais. Si la chose la plus dangereuse pour un Ombre est la Lumière, il ne faut pas oublier que c'est totalement réciproque. Je n'avais jamais été autant confronté à un Ombre que maintenant. Je n'avais jamais eu à utiliser la Magie Blanche pour contrer une attaque d'Ombre et je devais avouer qu'a l'instant j'étais vidé de mes forces. Anakora aurait put m'achever si Zarovka ne me protègeait pas -et si elle pouvait maintenir sa lame dans ses mains.

Ma dragonne luisait de milles feux. Je voyais aisément la dragonnière de l'Ombre fermer les yeux en grimaçant de douleur tandis que son dragon, lui, se contentait de regarder ma bête de ses yeux émeraude enchanteurs. Il n'avait pas peur, il était prêt à tout pour protéger sa maîtresse -comme n'importe quels dragons. Alors que Zarovka brillait, Beor lui s'assombrissait. La nuit était si sombre et son corps si noir qu'il aurait été impossible de le discerner sans la Lumière aveuglante provenant de ma dragonne. Heureusement pour les Élémentaires, les dragons de l'Ombre ne peuvent pas être pratiquant du sort d'Immersion, les pertes seraient encore plus nombreuses.

Les deux bêtes grognaient fortement. Elles se défiaient du regard. Le combat promettait d'être intense et je n'étais malheureusement pas en état d'y participer, le fait qu'Anakora aussi me rassurait. Je ne doutais pas des compétences de Zarovka, mais Beor était son équivalent, tout comme Anakora était le mien. J'avais l'impression que ma colère envers elle était sans limite. Si j'en aurait eu la capacité, je me serais levé pour mettre immédiatement fin à ses jours. Le seul sentiment que je ressentais envers elle à l'instant était la haine. La voir souffrir ainsi me remplissait d'une joie malsaine.

Elle aura finalement déteint sur moi.

Je n'avais jamais été un adepte de la torture, le simple fait de savoir mon ennemis éliminé me suffisait amplement, je n'avais pas besoin de l'entendre hurler à la mort pendant des heures pour être satisfait. Cependant, voir la belle dragonnière ainsi, en position de faiblesse, les vêtements déchirés, la peau aussi pâle que la mort et son corps gravement brûlé par endroit me remplissait d'une fierté morbide.

J'avais enfin réussi à faire plier celle qui arrivait à déclencher mes plus grosses colères, le seul point négatif était le fait qu'elle m'avait entraîné dans sa chute. La belle dragonnière ouvrit les yeux. Ses yeux smaragdin se confrontèrent aux miens orageux. La douleur que je vis dans ses yeux suffit à me faire instantanément regretter mon geste. J'avais agis impulsivement, ce que je ne cessais de lui reprocher depuis le commencement. J'avais paniqué en la voyant se fondre dans la nuit et j'avais été stupide de l'attaquer ainsi. Elle ne voulait peut-être pas faire de mal.

Kora: Dragonnière de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant