CHAPITRE XLIX: Andreï

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"La force physique ne vaut rien face à la douleur morale."

***
Je le regardais, interloquée. Son nom ne m'évoquait rien de particulier, en revanche, la Cour des Lumières, elle, ne m'était pas inconnue. Comment oublier le nom de la confrérie qui forme les plus puissants dragonnier de Lumière ? Ils sont responsable des plus grandes pertes du côté de l'Ombre. L'équivalent de notre Cavalerie. Or, les chevaliers de cet ordre sont connues pour être respectés dans l'entièreté de Zedong. Même lorsqu'ils se font trop âgés pour combattre, ils restent des hommes vénérés, des légendes vivantes. Ils sont connus pour être sages et déraisonnables, sévères et indulgents, les allégories de l'antithèse. Je n'avais jamais réellement compris comment un homme pouvait allier si parfaitement des qualités et des défauts jusqu'à en faire une force.

Je serrai plus fermement mes doigts autour des pommeaux de mes armes. Je ne pouvais pas avoir confiance en cet homme. C'est un homme formé au combat, formé à la mise a mort, formé à la destruction de mon peuple. À combien s'élevait la quantité de sang de dragonnier de l'Ombre sur ses mains ?

"Sache que j'ai horreur de me répéter, résonna la voix caverneuse d'Andreï. Alors ranges tes jouets et viens t'asseoir auprès du feu. Tu vas choper la crève sinon.

Son ton sec et sa manière vulgaire de parler appuyèrent ce sentiment d'antipathie que je semblais éprouver pour lui. Seulement, il ne semblait pas avoir encore manifester une quelconque animosité envers Beor et moi. Bien au contraire, c'était très certainement lui qui m'avait évité l'hypothermie en m'amenant dans sa caverne. D'un mot, je fis disparaître mes deux lames, leur rendant leurs formes de dessin à l'encre noire dans mon dos. Lentement, je m'approchais de l'homme et m'assis à son opposé, le feu nous séparant désormais tout deux. Après tout juste quelques secondes de silence, je ne pus m'empêcher t'étaler ma curiosité.

-Qu'est-ce qu'un homme de votre prestige peut bien faire perdu dans ces montagnes ? l'interrogeais-je.

Un temps passa.

-Il n'y a que la mort qui apporte le prestige, répondit-il, amer.

Je fronçais les sourcils, vaguement irrité.

-Si vous le dites, lui accordais-je. Cependant, vous ne répondez pas à ma question, repris-je.

Un regard couleur soufre se posa sur moi. Je restais quelques secondes tétanisé par ces yeux si particuliers. Je pus contempler également son visage. Il était certainement âgé d'une trentaine d'années, mais il semblait en paraître plus. Sa peau était ridée à plusieurs endroits, notamment les coins de ses lèvres et son front. Il paraissait épuisé, en total opposition avec la tonalité de sa voix qui, elle, était forte, sans faille et assurée. Ses traits se tirèrent quand il reprit la parole.

-Je pourrai te poser la même question, fillette, tu sembles assez loin de chez toi. N'est-ce pas ?

Mon esprit prit le temps d'analyser sa remarque, y cherchant une quelconque trace de menace, mais il ne semblait pas sur l'offensive. Sa posture décontractée appuyait mon idée. Prudemment, je repris le fil de la discussion:

-En effet, vous pourriez. Or, j'ai posé la question en première donc il me semble juste que vous y répondiez en premier.

Il m'offrit son premier sourire. Je n'aurais su dire s'il reflétait sa sympathie, son amusement ou encore son agacement, mais cela restait un sourire. Même si celui-ci n'était pas rayonnant, il égaillé son visage et lui offrait une certaine beauté. Pas semblable à celle qui émanait de Raphaël ou encore Linor, mais une beauté plus posé, moins sautillante. Une beauté difficile à voir au premier regard mais qui ne quitte pas votre esprit une fois que vous l'avez remarquée.

Kora: Dragonnière de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant