Give me hugs. 😘

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Je descendis les marches, histoire de raccompagner mes grands-parents. Les félicitations fusèrent. Maman me prit dans ses bras avec son visage tout mouillé.
-Tu as pris la bonne décision.
Je hochai la tête. Je n'avais rien à perdre. Ma grand-mère  me fixa avec un regard bienveillant. Avec elle, on se comprenait à demi mots. Je ressentais aussi en moi une sorte de tranquilité d'esprit. Il y a longtemps que je n'ai pas ressenti ça. Je m'accoudai au portail du garage, attendant qu'ils finissent de parler et de démarrer. Je remarquai un regard insistant sur moi. Quand je redressai la tête, je croisai son regard. Je crus lire de la peur. Quand il remarqua que je le fixais aussi, il détourna son regard. Je me rappelai la première fois que je l'ai vu là dans le salon de ma mère. Qui aurait cru? Je l'avais insultée de la pire des manières, je lui ai manqué de respect. Jamais je n'aurai cru que je lui ferai des enfants, que je m'apprêterai à l'épouser. La vie a une drôle de manière de nous rappeler que nous ne sommes pas les maîtres de l'univers. Et me voilà complément éprise de lui, ne pouvant me passer de l'avoir à mes côtés. Je n'ai plus besoin de preuves pour savoir que c'est celui là qui m'est destiné. Avec toutes les épreuves que nous avons vécues, nous nous sommes mariés chacun de nos côtés, je lui ai caché l'existence de ses enfants et malgré tout ça nous revoilà aujourd'hui. Que cherchai-je encore?
-Eh oh Mberry ça fait plus de deux minutes que je t'appelle là ? Tu sembles ailleurs.
-Elle pense sûrement à ses merveilleux jours  et années qu'elle passera en compagnie de sa petite famille.
Je souris faiblement. Oui j'avais une famille à moi. Je suis mère, épouse, belle-fille. Et j'ai tout un monde à ne pas décevoir.
Je m'avançai vers mon grand-père. Cheikh et moi, nous agenouillons et il pria pour nous. Il demanda aux enfants de s'approcher. Je lui remis Dewel entre les mains. Dayan s'approcha de lui mais sa sœur non.
-Quand vous serez officiellement mariés, attelez-vous à revoir l'éducation de cette petite. Elle prend les comportements de Mberry et c'est vraiment mauvais signe, dit mon grand-père.
-Vous pouvez compter sur moi, répondit mon mari.
Je le regardai comme pour lui faire signifier que c'était mission impossible. Il me fit un clin d'oeil en signe de réponse. Ceci eu le don d'agiter mon cœur. Et comme pour contredire mon grand-père, ma fille alla vers ma grand-mere.
-Au revoir grande mamie. Prends soin de toi. Je t'aime.
Je fus étonnée. Parce que depuis que mes grands-parents sont avec nous, elle ne leur adressait jamais la parole. Ils ont essayé par tous les moyens d'avoir son attention mais rien n'y fit.
Elle leur remis un papier sur lequel elle avait essayé de dessiner leur maison à Dakar en leur souhaitant bon voyage. J'en étais émue. Mon grand-père ne broncha pas aussi. Il était stupéfait .
Ce temps mort passé, ils démarrèrent, me donnant ainsi rendez-vous pour le jour de ma dot. J'avais hâte.
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Je montais derrière elle les marches. Dewel était accrochée à son cou et pleurait, je ne sais pourquoi. Je ne voulais pas m'immiscer. J'avais commis assez de bêtises et je ne voulais plus en rajouter.
-Cheikh, Kaay, dit ma mère.
Je voulais ronchonner mais me rappelai que les enfants étaient là. Je descendis de nouveau les marches et allai rejoindre ma mère qui était dans l'un des salons.
-Ça va?
Je fis un geste d'épaules pour cacher ma joie. J'étais heureux quand le grand-père de Mberry m'avait dit qu'elle avait accepté ma dot.
-Tu réponds juste comme ça. Si cette dot ne te dit plus on peut.....
-Maman, toi aussi. Es-tu sûre que c'est ce qu'il y a à dire en ce moment. ?
Elle me prit dans ses bras.
-Félicitations mon chéri.
Et comme je m'y attendais, elle se mit à pleurer. Parfois je me demande comment mon père a pu supporter ce côté de ma mère.
-Maman, tu ne vas pas recommencer.
-Ce sont des pleurs de joie, dit elle en essuyant rapidement son visage.
Je la pris dans mes bras.
-Je suis heureux maman. Je suis très heureux. Il n'y a juste pas de mots pour décrire correctement ce que je ressens. Je suis heureux.
Au même moment, tata Coumba qui sortait de la cuisine tomba sur la scène et voulut rebrousser chemin.
-Tata, tu ne penses pas qu'il est temps que vous mettiez fin à votre guerre.
Ma mère ayant compris qu'elle était là, se redressa. Elles se regardaient toutes deux, attendant sûrement que l'autre commence. Et ma présence n'allait sûrement pas arranger les choses. Je me levai dans l'intention de rejoindre ma famille en haut.
-Je vais devoir vous fausser compagnie.
Je montai les marches et me rendis dans la chambre des enfants. Ils étaient apparemment entrain de prendre une douche. Et c'était très calme. Je souris. Ces enfants avaient une crainte terrible pour leur mère. Ç'aurait été Aïcha ou les grands-mères qui leur faisaient prendre ce bain, ils seraient entrain de hurler, courir dans tous les sens. Je m'assis sur le lit attendant qu'ils sortent.
Dariane fut la première à sortir. Je lui nettoyai le corps et l'habillai et suivit ensuite Dayan. Mberry sortit 5 minutes après avec Dewel en mains. Elle n'avait pas remarqué ma présence.
-Mais qui vous a habillé vous? J'espère que vous n'aviez rien mis en désordre là bas sinon je vais vous taper fort.
-Ne t'inquiète pas. Je n'ai rien mis sens dessus dessous..
Elle sursauta quand elle entendit ma voix.
-Tu pouvais prévenir que tu étais là au moins non.
-Mais je l'ai fait.
Elle me lança son regard noir dont elle avait le secret.
Nous descendimes manger avec le reste de la maison. Quand elle me servait à manger, je souris. J'aurai droit à ce traitement tous les jours de ma vie. Je me vois rentrer les soirs, m'asseoir à table avec ma femme et mes enfants. Ça donnait de l'alacrité à mon cœur. Et comme on le dit souvent, ce sont que les petites attentions qui nous rendent heureux.
-Papa pourquoi tu souris? Demanda mon garçon.
-Parce que j'aime ta maman.
Et zuuttt.. Je venais de penser à voix haute. Pris de honte devant mes enfants et mes parents je voulus baisser la tête. Mais je choisis affronter la réalité. Elle me regarda et me sourit nerveusement. C'est une première. D'habitude quand les enfants sont là je m'exprime en wolof pour ne pas qu'ils comprennent  toutes les perversité que je sortirai de ma bouche.
Le repas finit et nous montons coucher les enfants.
-Ba suba ak jam( à demain dans la paix).
Au prime abord, je pensais que c'était Mberry qui avait parlé mais non c'était Dariane.
J'écarquillai les yeux.
-Elle.....
Mberry riait à gorge déployée.
- Maman, neex na torop, dit Dayan.
Il disait que son repas était délicieux.
-Jërëjëf mon amour. (Merci mon amour.)
Je les regardai choqué et à la fois amusé. Ils s'étaient moqués de moi durant tout ce temps. J'étais fièr de Mberry. Nos enfants comprenaient wolof.
Je me résignai. Je voulus faire une bise à ma fille pour lui souhaiter bonne nuit mais elle me stoppa dans mon élan.
-Sama yara nangu wu ko. ( j'y suis allergique).
J'étais choqué. Ma fille me disait qu'elle était allergique à mes bisous. C'était la totale. Mais ce qui me fascinait plus, c'était sa façon de manier la langue.
-Bonne nuit ma princesse, dit sa mère en lui faisant un bisou.
Elle ne rejetta pas le sien. Je ne fus aucunement blessé. Sa mère et elle ont une façon spéciale de me prouver leur amour. Je fis la bise à Dayan et Dewel. Elle fut outrée et se mit à pleurer. Sacrée gamine. Je la laissai là, sa mère la consolant. J'étais aussi bon joueur.
Mberry passa près de 30 minutes avec elle avant qu'elle ne s'endorme. Quand elle rentra dans la chambre elle cria.
-Non mais tu es fou à lui faire ça. ?
Je la regardais dans sa folie.
-Les enfants comprennent wolof depuis quand ?
Elle se calma.
-Depuis toujours.
-Et tu m'as jamais dit?
Elle haussa les épaules.
-Tu as idée de toutes les vilaines choses que j'ai dites en wolof juste pour qu'ils ne comprennent pas ce que j'ai dit. ?
Elle  se mit à rire.
-Eh bon bah. Tu l'aurais cherché.
Là j'étais vraiment couvert de honte.
Elle se coucha.
-Arrête de trop y penser. Ce qui est fait est fait.
-Je suis heureux qu'ils comprennent. Tu es formidable.
     Je la serrai dans mes bras. Elle se laissa aller.  On passa près de 30 minutes à rester silencieux.
-Et si on changeait de maison, on construisait une autre. Un nouveau départ pour notre famille.
-On en parlera demain chéri. Je vais au boulot très tôt demain.
Elle se retourna, me fit un bisou chaste sur les lèvres et tomba entre les bras de Morphée.

SHIELDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant