Samedi= Ça me dit.

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De grâce, ne mettez pas à épreuves mes nerfs.
Le weekend d'habitude, est mon temps favori de la semaine. Mais là tout est mort en moi, pas d'envies particulières juste être bercée par une douce mélodie. Je compte passer ces deux jours enfermée chez moi. C'est l'appel de maman qui me fit sortir de mes pensées.
-Allô, dis je d'une voix simple.
-Mberry loukhew? (Qu'as tu).
Elle avait dénoté cette sorte de tristesse dans ma voix. Il avait des fois j'avais envie d'être dans ses bras et lui confier mes tourments. Mais trop de choses nous séparent ma mère et moi.
-Rien maman. Tu vas bien?
-Oui ma chérie. Ta sœur Marlène vient de m'appeler. Apparemment il y a une réunion chez votre père et n'ayant pas ton numéro, elle m'a appelée pour que je te transmette le message.
-D'accord maman.
- Tu iras? C'est à 15 heures.
-Tu sais bien que non maman. Qu'irai je faire là bas? Pour qu'ils me rappellent encore que je suis née d'une union illégitime.?
-Chérie, fais un effort et vas y écouter pour une fois ce qu'ils ont à dire.
La voix suppliante de ma mère me convainc. Je m'apprêtai et pris la route pour Porto novo. Je garai devant la maison de mon père. Il était 16 heures.
Je les vis assis avec certains de nos oncles et tantes. Toute la meute du loup était présente. J'étais livrée à eux. Ce fut l'aînée de mon père qui commença:
-On fixe une réunion pour 15 heures et toi tu t'amènes à cette heure ci. N'avions nous pas aussi des occupations pourtant nous avions répondu présents à l'invitation?
Je ne répondis pas et m'installai. Je n'étais pas d'humeur. Autant fermer mon clapet. Mon oncle prit la parole.
-Bonne arrivée ma fille.
-Merci oncle, dis je avec un sourire crispé.
-On a l'habitude d'organiser des réunions auxquelles on te convie mais tu n'as jamais répondu à notre invitation. Je suis heureux de te compter parmi nous ce soir. voilà. Votre père avant de mourir, a laissé des biens qu'il a pris le soin de repartir avant de s'en aller. Son avocat ici présent nous fera lecture du testament. Tu te demandes sûrement pourquoi avoir attendu 2 ans plus tard avant de le faire. Le temps étant dûr , tes frères ont voulu leur part d'héritage afin de se reconstruire.
Je le suivais le menton sur ma main. Mes demis frères étaient des incapables. Ils avaient passé toute leur vie aux crochets de notre père, pendant que, jeune, je me battais à trouver du job ici et là afin d'être independante. L'avocat lisait déjà depuis une trentaine de minutes le testament. N'étant pas intéressée, je ne faisais pas attention mais à l'évocation du prénom de ma mère je redressai ma tête.
-Mon entreprise de fabrication des jus naturels revient à Coumba la mère de ma fille Mberry plus une somme d'un million.
Mes demis frères écarquillaient les yeux. Cette société à elle seule générait plus de milliards par an. Je savais que mes frères la convoitaient mais je n'ai jamais su que mon père la cèderait à ma mère. Il connaissait son amour pour la nature et tout ce qui a trait à du naturel. Du fond de mon cœur je le remerciai silencieusement.
-À Mberry je lègue ma maison située à Dakar, elle assistera sa mère dans l'entreprise et se partageront équitablement les revenus. Étant ma benjamine, ma maison lui revient.
Ce fut le coup fatal. Mes demis frères avaient chacun reçu pour leur compte. Des parcelles, et une importante somme chacun. Certains repartaient même avec une voiture.
-Papa, il ne nous a jamais aimés. Toujours à préférer cette batarde. Va dire à ta mère que sa sorcellerie sénégalaise avait marché. Déjà elle réussit à tuer notre père et s'approprie maintenant de l'entreprise familiale. Et toi tu t'en sors avec la villa. Félicitations les sorcières.
Je ne les calculais pas une seconde. Tout ce que je voulais, c'était rentrer chez moi.
-Pour le second point à l'ordre du jour, c'est à propos d'une des traditions de chez nous qui est respectée par génération. Votre père étant mort, c'est l'un d'entre vous qui le remplacera. Mais de surcroit l'enfant qu'il aime le plus. Car ce remplaçant doit être capable de parler avec lui dans l'au delà.
Tous leurs regards portaient sur moi. Je ne suis pas trop fan des traditions. Autant mettre les points sur les i.
-Oncle, vous me connaissez. Je n'ai souvent pas le temps et je ne suis pas très à cheval avec la tradition. Je suis désolée de ne pouvoir répondre favorablement à votre requête.
Ils chuchotaient tous entre eux. Quelque chose se tramait derrière moi. Je me dois d'être vigilante. Après cette réunion, ils ne me verront plus jamais. J'en fais la promesse.
-Désolé aussi Mberry. Les ancêtres ont porté leur choix sur toi. Le bonheur de notre famille repose sur tes épaules. Tu seras le gardien de notre famille comme l'a été ton feu père. Et les décisions des ancêtres s'appliquent à la lettre.
J'en avais déjà assez entendu pour aujourd'hui.
-Bonne soirée mon oncle.
Je me levai et me dirigeai vers la sortie.
-Mberry, Mberry on ne fuit indéfiniment une chose à laquelle on est destiné. Va mais je m'assurerai que tu reviendras, dit mon oncle avec une voix glaciale.
Je me retournai pour voir si c'était vraiment lui qui me parlait. La tonalité de sa voix avait changé. Lui qui, il y a quelques minutes me parlait d'une voix douce se transformait en un monstre. Les membres de la famille de mon père allaient me rendre folle un de ces quatre.
Je choisis faire escale chez ma mère. Je vis la voiture de Cheikh dans le garage. Décidément lui il n'avait pas de maison. Je les vis en plein rire. Il y avait Tata Fanta, ma mère, Cheikh et mon ancien patron qui n'était rien d'autre que le père de Cheikh. Ce dernier jeta un rapide coup d'œil à ma tenue. Je le toisai avant de saluer les parents.
- Ça s'est bien passé la réunion ? me demanda ma mère d'un air inquiet.
Avec tata Fanta et son mari oncle Abdou on partageait tout. Donc ça ne me gênait en aucun cas de parler devant eux. Mais c'est la présence de ce zombie que je ne supportais pas.
-Oui maman, ils ont procédé au partage de l'héritage .
Ma mère me fixait toujours.
-Et?
-Et quoi maman?
-Tu ne me dis pas tout jeune fille.
-Ils ont parlé d'une sorte de tradition que je me devais de respecter. Que j'étais le gardien de quelque chose. Enfin maman, tu me connais je ne leur ai pas laissé le temps de terminer. L'affaire est clos, dis je avec plein de désinvolture dans la voix.
Quand je levai ma tête, ma mère me regardait comme si elle avait vu un mort. Elle jeta un regard à oncle Abdou qui la regardait aussi. Eux tous avaient l'air de comprendre quelque chose sauf moi. Je me levai énervée, voulant rentrer chez moi. Ma maman me plaçait toujours en arrière plan et ça m'énervait. J'avais mal de voir que certaines personnes connaissaient ma mère plus que moi. Mais c'était son choix. Elle préférait d'autres personnes à moi. Je fis quelques pas vers la sortie et j'entendis.
-Mberry TOGGAL FI YOW( Assied toi).
En 27 ans d'existence je n'avais jamais vu ma mère crier de cette manière. Je pris peur à mon tour. Pourquoi ce revirement de situation?

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