Lâcher prise.

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-Et comment puis-je quitter cet endroit ?
-Dis-moi comment tu y es venue.
-Je ne sais rien. Je me rappelle que je faisais juste une sieste et je me suis retrouvée ici.
La dame soupira.
-Aidez moi madame. J'ai deux petits enfants, un mari, une mère qui m'attendent. J'ai un foyer à gérer. Je vous en prie.
-Ton mari Mario est dans la secte.
Cette phrase me stoppa dans mon élan. Cette dame se foutait carrément de moi.
-Écoutez madame, bien vrai que j'ai de considération pour vous, mais cela ne vous autorise pas non plus à me dire ce qu'est mon mari ou non. Aidez moi juste à sortir d'ici et retrouver ma famille. C'est tout.
-Ton mari est dans la secte. Et ça sera très difficile. Car tu es venue ici en esprit. Ton corps est resté de l'autre côté.
-Arrêtez de dire que mon mari est dans une secte.
-Si il l"est. Et c'est comme ça ils ont réussi à t'atteindre.
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-Aïcha va voir qui sonne.
J'étais revenue au Bénin accompagnée par mes parents. On a retrouvé Mberry dans sa chambre inerte. Elle était comme morte mais elle respirait.
-Mamie..
C'étaient les enfants. Ils sont revenus. Je descendis à la hâte les marches. Ils avaient plus grandi. Dariane était dans les bras de son père. Je pris Dayan qui, au même moment sauta à mon cou.
-Mamie tu nous as manqué, dit-il d'une petite voix.
Les yeux embués de larmes, je le parsemai de baisers. Je pris ensuite Dariane. Ça se voyait qu'elle était très malade.
- Mais elle a de la fièvre, dis-je en me tournant vers Cheikh et sa mère.
-Et c'est ce pourquoi on les a ramenés.
-Je veux voir maman, dit la petite.
Aussitôt mes parents firent leur entrée. Cheikh et Fanta avancèrent vers eux et les salua en s'inclinant.  Je voulais détendre l'atmosphère mais j'étais trop préoccupée par la situation de Mberry.
-Tata, où est Mberry. Dariane veut la voir.
-Euh dans la chambre. Venez.
On rentra dans la chambre et elle n'avait pas bougé d'un iota.
-Maman, dit la petite en montant sur le lit et en l'embrassant.
Quand elle n'eût pas de réponse elle me regarda.
-Ma chérie, ta maman est peu fatiguée. Laisse la se reposer. Tu peux dormir à côté d'elle si tu veux.
Elle exécuta et se coucha à côté de Mberry. J'avais remarqué le regard de Cheikh et Fanta sur moi. Ils n'étaient pas bêtes, ils savaient que quelque chose ne clochait pas.
-Tati, le docteur est là.
Il entra dans la pièce. Il était un bon ami à nous tous.
-Akksil ak dima( bienvenu).
-Jërëjëf. ( merci).
Il se mit à examiner Mberry.
-Elle n'a pas la fièvre et ne porte aucun symptôme  de maladie. Sauf si....
Il retroussa son habit et examina son ventre.
-A t'elle été à la consultation cette semaine-ci?
On se regardait tous sans rien comprendre.
-Mberry a l'art de négliger sa santé. Du fait que ce soit un déni de grossesse, elle peut s'attendre à tous les risques surtout si elle ne suit pas mes recommandations.
-Déni de grossesse ? Elle est enceinte?
-Oui bientôt de 5 ou 6 mois. N'êtes- vous pas au courant. ?
Mberry elle voulait ma mort.
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5 ou 6 mois?? Cette période remonte à celle de cette conférence au Ghana. Elle était enceinte. Peut-être de son mari. Mais avec le tour qu'elle m'a joué avec les enfants, au fond de moi, je ne crois pas que ces enfants soient ceux de son mari.
-Mberry ne vous a donc rien dit? Tata, vous devriez suivre votre fille. Elle n'est pas facile ça je le sais. Elle est beaucoup stressée, ce qui est à la base de ce déni. Heureusement, elle avait senti les symptômes sinon elle serait restée dans l'ignorance.
-Son mari le savait ?, demanda tata Coumba
En parlant de lui je ne l'avais pas encore vu.
Le médecin soupira.
-Cet enfant n'est pas de Mario. Je me rappelle de la réaction de Mberry quand elle a su que les dates ne concordaient pas.
Sa mère mit la main sur la tête. La mienne me regarda. Je lui avais avoué que Mberry et moi, nous sommes vus au Ghana en lui omettant nos multiples ébats. Elle me regarda longuement.
-Cheikh on t'écoute.
Je la regardais ahuri.
-Cette période remonte à cette conférence ou quoi là que vous étiez allés faire au Ghana.
-Je ne sais pas de quoi tu parles maman.
-Si tu le sais. Tu m'as dit que tu avais rencontré Mberry au Ghana. Qu'elle participait aussi au séminaire.
-Je ne vois pas le rapport, dis -je en croisant les doigts.
Tata Coumba me regardait aussi.
-Est-ce que vous aviez passé la nuit ensemble ? demanda t'elle.
Pour toute réponse j'enfouis mes mains dans les poches et allai vers la fenêtre.
C'était clair et évident. Cette grossesse était de moi. Qu'en dira son mari?
Une chose est sûre je serai là jusqu'à la naissance de mon enfant. Je ne laisserai pas passer cette occasion , pour rien au monde.

SHIELDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant