Prendre le taureau par les cornes.

883 99 6
                                    

Ses grands parents me regardaient mais je ne savais pas ce qu'ils pensaient de tout ce discours que je venais de faire. Ma mère avait les yeux tous bouffés par des larmes, mais oui des larmes de joie. Mais la mère de Mberry, rien. Rien se lisait sur son visage. Assise sur l'un des fauteuils à côté de sa maman, je n'arrivais pas à savoir si elle avait saisi un seul mot de ce que je venais dire. J'étais stressé et je frottais mes mains en signe de nervosité. Mon avenir dépendait de ce qui se dirait à cette assemblée.
Son grand père s'avança sur le bout du fauteuil, signe qu'il voulait se prononcer.
-Je t'ai bien écouté mon fils. Si je disais que Mberry et toi ne m'aviez pas déçu je te mentirai. Surtout toi. Tu es un homme et tu devrais apprendre à ignorer les caprices d'une femme. Sais-tu le nombre de fois que sa grand-mère ici a menacé me quitter, le nombre de fois où avec un seul regard elle s'est rangée. Un homme agit avec tacts. Les femmes, elles bavardent pour le plaisir.
Il prit une pause.
-Tu paraissais mature, ce jour là où tu étais venu donner la petite dot sans connaitre ma petite fille. Je te pensais assez mûr pour contrer ses caprices de petite fille gâtée. Une fille qui a été très gâtée par son feu père du fait qu'elle est l'unique. Ce genre de femme s'attend toujours à ce qu'on devine ce dont elle avait envie à l'instant T. Ce sont des femmes imprévisibles. Mais je pense que c'est dans leur sang car sa mère et sa grand-mère que tu vois assises là elles sont pareilles. Je te mentirai si je dis que l'envie ne m'a pris à plusieurs reprises de les chasser de ma maison.
Je souris à cette remarque. La grand-mère lui lança un regard noir qu'il prit le soin d'ignorer.
-J'ai été étonné  d'apprendre que vous vous êtes séparés et pour des futilités de surcroit. Je t'en ai voulu d'où ma précipitation à la marier avec ce meurtrier. Donc en quelque sorte, j'ai participé à ce mariage d'horreur. Et je tiens à vous rappeler que rien de bon ne se fait quand on est en colère. Et pour répondre à ta doléance, pour ma part cela ne me cause aucun problème. Mais tu dois savoir que c'est une décision qui revient à Mberry. On peut donner notre bénédiction ici mais cette fille là peut refuser.
Il replaça son chapeau et réajusta son chapelet.
-Vous avez déjà autant d'enfants ensemble et il serait mieux que vous fondiez une famille au lieu de chercher chacun de conjoint. Sinon vous feriez du mal à vos enfants. Surtout la jumelle. Elle c'est une vraie camicase. Il suffit que moi je lui crie dessus et elle peut avoir la fièvre pendant un mois. Comment voulez vous gérez une famille recomposée avec ce genre d'enfant. Puises dans tes arguments et arrives à la convaincre. Tu as ma bénédiction.
Il se rassit confortablement. J'attendais que ma mère ou mon père prenne la parole. Mais le grand-père de Mberry revint à la charge.
Il pointa son index en le bougeant en avant comme en arrière en signe de mise en garde et tança:
-Je vois souvent une femme faire des défilés ici. Je ne veux pas que l'histoire se répète. Si tu veux vraiment ma fille tu dois savoir comment lui mettre les limites à cette femme.
Il ne marchait pas sur ces mots. Je regardais le reste de l'assemblée. Ils n'avaient rien à dire apparemment. J'insistai mon regard sur mon père. Il se devait de placer un mot.
-Que veux-tu que je dise? As - tu l'habitude de respecter les conseils que je te donne ? Si oui on n'en serait pas à cette étape. Il ne suffit pas de grandir, d'avoir son propre boulot et d'être indépendant. Les parents, ça se respecte. Un parent qui te dissuade quand tu t'apprêtes à faire quelque chose ne veut que ton bien. Et saches qu'il a vécu assez d'expériences et qu'il ne veut pas te laisser commettre des erreurs que tu pourrais éviter. Ta mère et toi aviez toujours pensé que je prenais le parti de Mberry. Mais heureusement tu es encore jeune et tu as des enfants, des deux sexes de surcroît. Tu comprendras. Tu as ma bénédiction.
Mon père, c'était un fieffé taciturne. Eh oui, si je l'avais écouté depuis le début de cette aventure, on n'en serait pas à de telles extrêmes. Mais ne dit-on pas que tout ce qu'Allah fait est bon??
Parmi tout le monde, je voulais aussi que tata Coumba se prononce. Elle le comprit et dit:
-Ma décision ne fera aucun poids. Tout revient à Mberry. Moi je ne veux plus vous forcer à rien. J'ai retenu la leçon. Toutes les tensions que cela a créées, tous les malentendus, les disputes.... Je l'ai appris à mes dépens. Si vos sentiments sont plus forts que votre égo, je pense que ça pourra aller.
Je voulus mettre en avant le problème qui divisait ma mère et celle de Mberry. Mais ma conscience me souffla que ce n'était pas la meilleure décision. Je connaissais très bien tata Coumba.
Si on recapitulait, la décision était à Mberry. Et je devrais mettre du mien. Cette femme on savait combien de fois elle était dure.
Le grand père de Mberry mit fin à la petite réunion et chacun vaqua à ses occupations.
Je retournai dans la chambre. Mberry était partie pour une séance de rééducation et les enfants ont tenu à l accompagner. Vu que je devrais profiter de son absence et parler avec ses parents de ma proposition, j'avais demandé au chauffeur de la déposer. Et tout d'un coup, elle attacha la mine et ne m'adressa pas la parole jusqu'à son départ. Ça faisait plus de deux heures qu'ils étaient partis, et devraient être de retour. J'entrepris appeler le chauffeur, parce que je savais à l'avance qu'elle  ne décrocherait pas mes appels. Aussitôt j'entendis la voix des enfants. Je fus donc rassuré. Quelques minutes plus tard, elle s'amena dans la chambre. Elle avait son portable en main et souriait mais dès qu'elle me vit son sourire s'effaça et sa mine du matin apparut.
-Ça c'est bien passé ?
Elle hocha la tête en se déshabillant.
-Viens t'asseoir pour me raconter ce que le médecin a dit.
-Tu n'avais pas de pieds pour venir entendre toi-même ce que le médecin a dit? Que tu m'as envoyée là-bas pour être ta messagère ?
L'insolence à son summum. Je fermai le livre que je lisais. Je voulus lui répondre mais je ne savais quoi lui dire en fait. Je changeai alors de procédure.
-ok chérie je suis désolé de t'avoir laissée aller seul. J'avais un truc important  à faire. Allez viens t'asseoir ici pour me raconter tes prouesses. Tu sais que j'aime écouter le timbre de ta voix.
Je l'avais refroidie. Elle n'en croyait pas ses oreilles. Je l'avais en fait désarmée. Elle s'attendait à ce que je lui réponde mal et s'en suivra une dispute. Non, son grand père m'a déjà assez appris en si peu de minutes. Mberry allait très vite être soumise. Je me le promis.

SHIELDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant