Bout du tunnel.

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La transfusion de sang fut réussie. Au bout de quelques heures, Dariane se réveilla et demanda d'après sa mère. Sa grand mère n'eut le cœur à lui répondre. Quand elle me vit au seuil de la porte, elle afficha un sourire joyeux.
-Papa, dit-elle.
Je m'immobilisai. Ce mot avait fait un déclic en moi. Mon être bouillonnait de joie car il y a longtemps que j'avais hâte d'être appelé comme ça. Mais très tôt mon sourire se figea et je revins à la réalité. Dariane n'était pas ma fille. Cette petite m'aime beaucoup et je pense qu'elle s'attache. Je m'approchai d'elle et m'assit sur son lit. Je lui touchai les joues.
-Princesse, tu vas mieux?
Elle continuait de me sourire et sans m'en rendre compte, elle se jeta à mon cou. C'était émouvant. Elle était si petite et semblait fragile que j'eus peur de la briser. Néanmoins j'encerclai mes bras autour d'elle et la serrai. Je ne peux vous décrire ce que je ressens. Mais je sais que je n'ai pas envie de me soustraire à ce merveilleux câlin. J'en ai toujours rêvé. Recevoir des câlins de mes enfants quand je reviens du boulot, les câliner quand ils ont peur.....
Elle se redressa et de ses petites mains, nettoya mon visage. Je ne me suis même pas rendu compte que j'ai laissé des larmes m'échapper. Son geste me fit sourire.
- Tu dois manger Dariane, lui dit sa grand-mère.
-Non mamie, je veux voir maman, dit-elle en essayant tant bien que mal de descendre du lit.
-Tu crois aller où là ? Demanda tata Coumba d'un air sévère.
La petite se cacha pour éviter le regard foudroyant de sa mamie. Je la pris dans mes bras, voyant qu'elle s'appretait à pleurer.
Tata Coumba servit du couscous que je pris plaisir à lui donner. Elle était réceptive et j'en étais heureux. Dayan nous observait mais restait toujours en retrait. Pour un petit, il avait du caractère ce petit. Cela ne m'étonne pas. Il est né de la femme la plus fière au monde.
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-Mberry, Mberry.
Pas de réponse.
-Mberry, pour la dernière fois je t'appelle. Je sus ton maître, tu dois m'obéir.
Silence.
L'homme en cagoule rouge lança violemment le canaris contre le mur.
-Voilà 5 ans que je n'arrive pas à avoir mains prises sur l'esprit de cette fille. Vous pouvez m'expliquer ce qui se passe.
Les autres étaient en cagoule noire et avaient baissé la tête.
-Maître, toutes nos tentatives ont aussi échoué.
-ÉCHOUÉ? Je n'échoue jamais. Voilà près de 7 ans que le siège de Gildas est vide, ce qui fait que nos pouvoirs s'amenuisent.
Sa voix résonna dans tout l'habitacle comme le rugissement d'un lion.
À travers un miroir, ils avaient une vue sur tout ce qui se passait à l'hôpital. Le maître en question se serra les poings.
-Je t'atteindrai petite futée.
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J'ouvris les yeux avec une tête qui me faisait mal. Je me rendis compte que j'étais à l'hôpital. Je me rappelai des événements. Dariane avait fait une crise comme d'habitude. Au fond de moi, je savais que tout allait bien avec elle car les battements de mon cœur étaient normaux.
La porte de ma chambre s'ouvrit et je vis un beau médecin faire son entrée. Je ne l'ai jamais vu ici. Mon regard s'attarda sur lui. Je me surpris à le détailler. Il était très bien bâti et sa tenue de médecin lui seyait. Depuis Cheikh, c'est la première fois que je trouve un autre homme attirant. Se pourrait-il que je sois entrain d'oublier Cheikh? Le médecin me sourit laissant voir toutes ses dents blanches. Je remarquai qu'il avait aussi de fossettes. Je lui rendis un faible et timide sourire.
-Bonjour madame. Comment allez-vous ce matin?
-Bien docteur.
-j'en suis ravie. Votre mari et votre mère se sont faits un sang d'encre pour vous.
-Mon mari?
-oui le bel jeune homme clair qui fait perdre la tête à toutes les infirmières ici. Il est en haut avec votre fille.
-Ce n'est pas mon mari. Je ne suis pas mariée. C'est un ami de la famille.
Je ne sais pas pourquoi j'ai voulu le lui préciser. Peut-être que son cours de séduction me plaisait assez bien.
-Ah bon, dit il en se rapprochant plus de moi.
Il me regardait avec insistance et je baissait les yeux.
-J'ai du mal à croire qu'une si belle créature n'appartienne à personne.
-Je n'appartiens à personne, dis je dans un souffle chaud.
Il s'assit sur mon lit et me regardait avec un sourire espiègle. On passa plus de 15 minutes à se regarder ainsi. La tension sexuelle dans la chambre était palpable. Seigneur que m'arrivait-il!? Bientôt 4 ans que je n'avais plus jamais pensé au sexe et un médecin inconnu réveille ses démons en moi.
Je sentis un truc chaud glisser sur ma cuisse gauche. Je descendis ma main et rencontrai les doigts du médecin. J'étais choquée même si cette sensation me faisait du bien. Il retira son doigt comme si de rien n'était.
-Excusez mon imprudence. Je chassais un moustique.
Cette excuse bidon me fit pouffer de rire. En plus il avait de l'humour.
Il se rapprochait lentement de mon visage et s'apprêtait à m'embrasser quand la porte de ma chambre s'ouvrit. Il se redressa et se leva. Cheikh, ma mère, mes enfants et tata Fanta entrèrent. Tiens, tiens que faisait celle là ici?
Ma mère aborda immédiatement le médecin.
-Alors docteur comment va ma fille.
- Ne vous inquiétez pas. Elle a juste besoin de repos et de prendre les médicaments que j'ai prescrits.
Ma mère en fut satisfaite. Le médecin et moi nous regardions comme si nous étions seuls. Ce fut mes enfants qui vinrent me faire un câlin. Le temps de leur parler il était déjà parti. Mon cœur se serra. Je pensai à ces quelques minutes passées avec lui, à tous ces foisons de sentiments qui m'ont animés. Mes yeux tombèrent sur Cheikh qui me fixait durement.. Il avait sûrement surpris la scène. Il n'avait rien perdu de sa beauté. Et mon cœur s'emballa de plus belle. Je lui lançai un regard timide, celui d'un enfant qui voulait une gâterie. Ça avait toujours le don de l'attendir. Je ne sais à quel jeu je jouais mais je voulais le séduire, savoir si j'avais encore de l'effet sur lui. Comme prévu, il détourna les yeux et enfouit ses mains dans ses poches. Ses veines étaient visibles et je sus qu'il faisait violence sur lui-même pour ne pas me prendre dans ses bras.
-Mamie on rentre quand ?
-Tout de suite champion. Je vais ranger les affaires de Dariane dans son sac.
Les enfants sautèrent du lit.
-On t'accompagne, dirent ils en cœur.
-Mberry lève toi et prépare toi pour qu'on rentre.
Elle sortit, les enfants à ses trousses.
Tata Fanta visiblement gênée sortit à son tour. Elle ne m'adressait pas la parole et moi non plus. C'était visiblement mieux.
Je me levais et me rendit dans les toilettes de ma chambre. Je pris une bonne douche et m'habillai. Cheikh était toujours là, dans la position dans laquelle je l'ai laissée. Il me regardait. Je savais qu'il voulait me parler mais je faisais semblant de m'en foutre. Il m'attrapa violemment la main et me rapprocha de lui.
-Tu peux me dire ce à quoi tu joues, siffla t'il.
-Qu'ai-je encore fait?
-Qu'as-tu fais ? Tu oublies que tu es dans un hôpital ? Et tu te permets des jeux de séduction avec un médecin. Imagine une minute que c'étaient les enfants qui avaient ouvert cette fichue porte.
Il était très en colère.
-Ah ça...
-Oui ça. ?
On se regardait dans le blanc des yeux. Il y a longtemps qu'on a été si proche. Je jetai un regard furtif sur ses lèvres.
-Ne me dis pas que tu es jaloux... Mr serait-il jaloux ? Si oui, pourquoi? N'as tu pas refait ta vie? N'es-tu pas mariée ?Comment peux-tu savoir ce qui est bon pour mes enfants? Suis-je censée attendre un imbécile qui.....
Je n'avais pas encore fini ma phrase qu'il m'embrassa. Tous mes sens se calmèrent. Ma rage s"était éteinte. J'appréciais ce moment que je convoitais depuis 4 ans au fond de moi. Il me serra contre lui et approfondit le baiser. Je me perdais en lui. Il était mon socle.

SHIELDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant