L'amour et le doute ne se parlent jamais.

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-Je vois que vous ne voulez pas me croire.. Très bien. Je parie qu'il ne vous a jamais parlé d'une ex, jamais parlé de sa vie avant vous.
Là elle avait touché une corde sensible.
-Et puis ce temps où vous aviez voyagé pour deux semaines. Ces deux semaines, il les a passés avec nous. J'étais là quand il faisait ses appels avec vous, jouant le mari amoureux. Mon œil.
Là j'en avais assez entendu.
-Sortez madame, sortez svp, dis-je le plus calmement possible.
Ma tête chauffait.
-Comme preuve, il y avait même eu un soir où vous aviez causé en appel vidéo avec lui et vous étiez entrain de lui montrer votre nouvelle coiffure et vos nouveaux vêtements.
Je la regardais pétrifiée. Comment savait-elle tout ça ?
Elle replia la manche de son habit.
-Vous voyez ces bleus et ces traces, ils sont laissés par Mario. J'en ai également sur les fesses et au dos. Écoutez madame, je ne suis pas venue ici pour vous rendre jalouse mais plutôt pour vous permettre de voir le monstre que vous aviez épousé. Comme vous j'ai été naïve. Il m'a tout pris ainsi que mon travail. J'étais un bon médecin d'Etat. Et un jour Mr a décidé que je ne travaillerai plus, qu'il s'occupera de moi. Et maintenant je vis à son crochet. Si en ce temps là, je lui avais tenu tête j'aurai encore un boulot. Je pourrai prendre financièrement soin de ma famille.
Elle pleurait à chaudes larmes.
-Madame, faites beaucoup attention à vous.
Elle se retourna et sortit de mon bureau. J'étais hébétée, je ne savais quoi dire face à ce discours. Elle avait réussi à semer le doute en moi. Et maintenant je doutais de mon mari, celui là que j'ai supplié pour qu'il me donne une seconde chance. Non Mario n'était pas cet homme m'appartenait qu'elle décrit. Mon mari est un....
Et de nouveau les étourdissements revinrent. Je sentis comme un goût de fer dans ma gorge et s'ensuivit l'envie de vomir. Je courus dans la salle de bain. Après avoir vomi, je me regardai dans le miroir. Ce teint pâle, ces yeux hagards, ces lèvres dures, et les seins gonflés, je les reconnaissais. Les  mêmes symptômes  quand j'étais enceinte des jumeaux. Oh non. J"étais enceinte. Des larmes de joie coulèrent. J'allais pouvoir combler mon mari d'un cadeau qu'il attendait tant. Je touchai mon ventre avec un sourire béat. J'allais de nouveau être mère.
Je pris mon portable pour annoncer la  nouvelle à mon mari mais je me ravisai. Je voulus me rassurer. Je pris mon sac et me rendit à l'hôpital pour une prise de sang.
J'arrivai dans le hall toute excitée. Je demandai d'après mon gynéco. Sa secrétaire m'introduisit vu qu'il n'avait aucun patient.
Les choses se passèrent très vite et étant une connaissance, il me demanda d'attendre pour les résultats. Ce que je fis.
30 minutes plus tard, il revint.
-Félicitations Mberry, tu es vraiment enceinte.
-oh merci mon Dieu, dis-je en cachant mon visage entre mes mains.
Je sentis qu'il y avait une phrase en suspens que le docteur n'avait pas dite
Je le regardais. Il affichait un regard trop sérieux.
-Mais?? Demandai-je en étant convaincu qu'il y a avait quelque chose.
J'étais prête à tout encaisser pour mon enfant.
-Tu es enceinte de 4 mois et demi.
Et là j'éclatai d'un rire bruyant.
-Non non tu t'es sûrement trompé.  On peut refaire le test si tu veux. Je suis prête à payer, dis-je de but en blanc.
Il me regardait déçu.
-Mberry tu doutes de mon diagnostic.
-Non juste que tu te trompes. Je n'ai tenu les rapports avec mon mari qu'il y a 3 mois et......
Oh non.
-Mberry, tu as été victime d'un déni de grossesse. Dans ces cas, la femme enceinte ne sait pas qu'elle l'est car son corps ne présente aucun signe de grossesse : il n'y a pas de ventre, pratiquement pas de prise de poids. Les mouvements fœtaux ne sont pas ressentis ou ils sont confondus au stress.  Et dans ce cas même ton entourage ne saurait jamais que tu es enceinte. C'est pourquoi l'on parle de contagion de déni de grossesse.
Je le regardais pendant qu'il me l'expliquait.
-Y-at'il de risques que je perde mon enfant. ?
-Non. Enfin si on commence tôt les consultations. Je vais aussi te prescrire des médicaments et tu dois fréquemment me rendre visite. Tu souffres de déni de grossesse partiel.  Et cela est dû à un trouble psychique. Tu as donc été soucieuse pendant tout ce temps, un combat que tu livres avec tes nerfs bloquant ainsi les manifestations physiques de la grossesse.
Il se tut un instant.
-Maintenant il se peut que tu végètes dans ce déni. C'est à dire que ton ventre ne sortira pas. Tu sentiras les nausées et tout.
Je prenais le temps d'enregistrer toutes ces informations. Savoir que mon bébé ne risquait rien me satisfaisait. Mais j'avais peur car ce bébé n'était pas de mon mari.
-Tu as eu assez de chance. Tu aurais pu souffrir d'un déni total et tu viendrais à l'hôpital juste parce que tu ne te sens pas bien, et on te dira que tu es sur le point d'accoucher. Eh bien suis moi, nous allons voir à quoi ressemble ce jeune bébé. Bien-sûr je sais que tu n'aimes pas connaitre le sexe de tes enfants.
Je passai près de deux heures avec mon gynéco. 
Quand je sortis, je m'assis pour digérer ces informations. J'avais  merdé. Que pourrais-je bien faire. ? Tout sauf attribuer la grossesse à Mario. Cela va me hanter toute ma vie. Je venais de foutre en l'air mon mariage. Et si....
Je retournai dans le bureau du gynéco.
Quand il me vit aussitôt il comprit ce pourquoi j'étais revenue.
-Non Mberry je ne peux pas faire ça. C'est risqué.
Je hochai la tête et me retourna triste.
-Mberry, m'appela t'il.
Je me stoppai.
-Viens prendre place s'il te plait.
Je hésitai mais le fis finalement.
-Je ne te reconnais plus Mberry. Mberry que je connais, cette idée ne lui aurait jamais effleuré la tête. Pourquoi ce subit changement ? Te reconnais-tu toi-même ? Ne vois-tu pas que tu déroges à beaucoup de tes principes ?.
Je me mis à pleurer. Il avait touché une corde sensible.
-Rentre et fais face à tes erreurs.

SHIELDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant