Mettons les mauvaises nouvelles sur liste noire.

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-Demoiselle vous allez bien ?
Je redressai ma tête et rencontrai le visage du médecin. Le papier qui était dans ma main tremblait et était mouillé par mes larmes. Ma vue était brouillée.
-Demoiselle, j'ai comme l'impression que vous n'êtes pas heureuse.
Si je l'étais. J'étais pleine d'alacrité. Moi, je portais depuis 3 mois un bébé dans mon ventre. Moi pour qui rien ne marchait, j'étais la demeure de cet être merveilleux. C'étaient des larmes de joie. Mais aussi de tristesse. Mon enfant ne connaitra jamais le bonheur de vivre dans une famille. Il se retrouverait partagé. Il vivra comme moi. Je sais que Cheikh aimera son enfant, mais je sais quels sentiments animaient quand les deux parents n'étaient pas ensemble.  Je me culpabilisais parce que je me voyais faire revivre ce cauchemar à mon enfant.
Voilà 2 mois que j'avais déserté la villa de Cheikh. J'avais loué une petite maison pas loin de l'entreprise. Après 1 mois, Cheikh et Dana se marièrent. J'en fus touchée mais je n'y pouvais rien.
Je n'avais aucune nouvelle de ma mère depuis 4 mois qu'elle s'en est allée au Sénégal avec tonton Abdou. J'avais essayé leurs numéros à maintes reprises. Tata Fanta n'apprit le mariage de son fils que deux semaines après. Elle m'a fortement grondée. Mais ce n'était pas à moi de lui porter l'information mais son fils. Elle nous avait dits que nous avions commis la plus grosse erreur.
J'avais déposé ma lettre de démission et je devais déserter les lieux la semaine prochaine. C'était difficile pour moi de voir Cheikh tous les jours, une bague brillant sur son doigt. Le savoir qu'il dort dans les bras d'une autre avec qui il est légalement marié.
Et voilà le fruit de nos nuits torrides. Un bébé. Je n'allais pas déranger son foyer avec une telle information. J'étais aussi une femme et je sais que ce n'est pas supportable. J'avais bien fait de déposer une lettre de démission. J'avais pour intention de diriger l'un des démembrements de l'entreprise de jus de fruits de mon père, se situant au Nord. J'allais en assurer la direction. J'en avais déjà parlé avec les avocats, tout était prêt. Je n'avais qu'à rejoindre mes locaux. Personne ne connaissait mes projets. Ma mère devrait être au courant mais je n'arrivais pas à la joindre.
Le jour de dépôt de ma lettre de démission, Cheikh ne m'avait rien demandé approuvant juste ma décision . Cela me fit mal. Il était visiblement passé à autre chose alors que moi je passais toutes mes nuits à penser à lui. Maintenant avec cette histoire de grossesse, je devrais prendre mes distances.
-Non docteur je suis heureuse, dis je en reniflant.
-Bien madame, vous en êtes à votre 3 ème mois. Vous avez sûrement des soucis c'est pourquoi vous n'avez pas fait attention. Vous devez commencer avec les échos. Je vais vous orienter vers un gynécologue.
-Docteur, il se trouve que je ne serai plus dans la région. Je m'en vais à Parakou.
-Très bien. J'ai un bon ami là-bas qui vous suivra.
-Merci à vous.
Je sortis et rentrai chez moi. J'avais loué les services d'une agence de déménagement. Ils en étaient à leur dernier jour. Il ne me restait plus rien. Sauf les quelques vêtements que j'allais porter jusqu'au mercredi. La pièce était vide comme mon cœur, dénuée de chaleur. J'allais passer ces 3 nuits chez Sarah. J'avais mis certaines de mes affaires en vente. Je jetai un dernier regard à cette pièce dans laquelle j'avais passé les premiers mois avec mon bébé sans le savoir. Je posai ma main sur mon ventre. Un ange y dormait. Je me sentis d'un coup responsable. J'avais dorénavant une vie à protéger. J'avais appelé mon propriétaire pour lui rendre ses clés.
-Demoiselle Mberry, que me vaut l'honneur de cet appel. ?
Je fermai ma porte et lui tendit les clés.
-Bonjour Mr. Je vous appelais pour vous rendre les clés. Ne vous inquiétez pas je vais pas demander le reste de l'argent. Vous pouvez le garder pour vous, lui dis je dans un sourire.
-Mais madem....
-Non ne vous sentez pas gêné. J'ai pris la décision sur un coup de tête donc je sais que ça vous sera difficile de trouver aussi vite un locataire. Vous êtes quelqu'un de bien.
-Demoiselle, il y a un homme qui a acheté cette maison en votre nom. Il ne m'appartient plus.
Il fit sortir des papiers et me les montrait. Je voyais que la maison m'avait été cédée à une somme de 9 millions. Quoi?.
-je n'ai jamais acheté ça.
-Non il a payé de ses propres poches mademoiselle. J'ai cru que vous m'appeliez pour les papiers c'est pour ça je me suis déplacé avec.
Je soupirai. Qui est ce? Cheikh? Non il n'avait aucun intérêt à faire ça. Je cogitais mais le vieil homme était toujours debout.
-Mr voyez vous je voyage pour un bon moment. Pouvez vous donc mettre la maison en location. ? Vous percevrez la moitié et l'autre vous me le déposerez sur un compte bancaire. Je lui notai mon numéro de compte.
-Bonne chance demoiselle.
Je le remercie et prit mes vêtements dans ma voiture. J'avais aussi pris l'acte de propriété de la maison. Je conduis vers la maison de Sarah.
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Aujourd'hui c'était mercredi. Mon dernier jour dans l'entreprise. Je rangeais déjà mes affaires. Je quittais les lieux à 12 h. Sarah et Roger me regrettaient. Dana fit son entrée.
-Oh Mberry, Cheikh m'a parlé de votre démission. J'espère que vous avez trouvé mieux ailleurs.
Cette pimbêche m'énervait. Je ne lui accordais aucun regard. Mes cartons étaient prêts. Je doutais si je devais dire à Cheikh que je m'en allais déjà. Voyant que j'étais perdue elle me dit;
-Oh non ne le gênez pas. Je lui dirai que vous êtes déjà partie. Il comprendra.
Son trop plein d'assurance me fit toquer à la porte du bureau de Cheikh. Il ne répondit pas mais j'ouvris quand même. Il avait la tête baissée et paraissait soucieux. Il avait maigri mais était toujours beau. Depuis mon déménagement on ne parlait que du travail. C'est comme si nous n'avions jamais existé. Après est survenu son mariage. Trop de choses nous séparaient maintenant.
-Monsieur, je m'en vais déjà.
Je crus voir une larme au coin de son œil. Il se leva et mit les mains dans sa poche. Il se leva et s'approcha de moi mais en étant toujours loin. Il me tendit la main.
-Ce fut un plaisir d'avoir collaboré avec vous. J'espère que vous trouverez ce à que vous aspiriez. Du courage demoiselle.
Non Cheikh pas comme ça. J'aspire à toi connard. Tu me tues. C'était si difficile de l'entendre me dire ces paroles légères. Il enleva sa main de la mienne. Je me retournai et allai vers la porte.
Ne te retourne pas surtout Mberry. Vas-y, ouvre de nouvelles pages de ta vie. Cheikh c'est du passé. Même si il a laissé en toi une graine.

SHIELDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant