Mon devoir, c'est de semer la joie en vous.

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Je la regardais signer les papiers de mariage. Je n'arrive pas à croire qu'elle était officiellement ma femme. Ma femme. Depuis quand j'attendais ce moment. Le sourire qui était présent sur son visage me faisait comprendre que ce sentiment était partagé. La dot avait eu lieu une semaine avant. Avec mes parents, on avait voulu faire un truc grandiose et nous avions réussi. Il m'a été rapporté qu'elle avait coulé les larmes. Des larmes de joie. La dot était très symbolique chez nous. Cela montre à quel point vous valorisez cette femme que vous épousez ainsi que ses parents.
-Vous pouvez embrassez la mariée.
Je me tournai vers elle. Elle était très timide. Ce que je ne compris pas d'ailleurs.
Je pris possession de ses lèvres et lui donnai un léger bisou. Je me devrais de faire preuve de retenue. Elle gardait la tête baissée.
Tous nos parents et amis se mirent à crier et nous jettaient des confettis. On était à l'honneur.
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Je suis heureuse. Très heureuse. Je m'étais mariée avec le père de mes enfants, cet homme que j'aime. Cet homme qui m'accepte telle que je suis.   Quoi de plus beau. Je me suis unie à lui pour toujours. Et pour rien au monde, je dis bien pour rien au monde, je ne le laisserai filer.
-Mberry tu viens pour une photo.
Les cousines de Cheikh me harcelaient de part et d'autre. Cheikh a loué un luxueux hôtel pour nos invités. Depuis qu'on s'est séparé à la mairie, je suis rentrée me changer. Et ce n'était dutout pas la joie. Passant la maquilleuse, la styliste qui devait ajuster ma tenue, la coiffeuse, mes belles cousines qui voulaient choisir quelles paires de chaussures je devais mettre , mes enfants qui me faisaient la tête parce qu'apparemment depuis une semaine je ne m'occupe plus d'eux, Dewel qui pleurait et restait accrochée à moi car elle avait visiblement peur du monde. J'étais vraiment épuisée. Tout le monde donnait son avis par ci et par là.Personne n'écoutait le mien. Ce fut tata Aïcha qui vint chasser ses nieces de la chambre laissant ainsi la maquilleuse, la coiffeuse et la styliste.
-Je pense que c'est bon maintenant, a t'elle dit avant de fermer la porte à clefs.
Ce fut  dans ce tohu-bohu que je vins à la salle de réception. Tous les regards étaient tournés vers moi. Ah oui mon mari avait assuré. J'étais mariée au meilleur homme. L'une de ses cousines me tira alors que je m'apprêtais à aller m'asseoir.
-Une photo ma belle. Ce n'est pas tous les jours qu'on voit circuler une si belle femme. Tu vois comment mon frère assure.
Je lui souris.
À peine on finissait, que les autres vinrent. Des selfies par ci et par là. J'étais fatiguée, je voulais m'asseoir et manger. Mais rien n'y fit. Je réfléchissais à comment sortir de là quand mon ténébreux époux vint.
-Wa mane damay beugue diomi? ( je hallucine ou quoi?)  lança t'il à l'endroit de ses sœurs. Vous me privez de ma femme à cause de photos. ?
Elles se calmèrent.
-Mais Cheikh, laisse nous profiter d'elle aussi. Tu as toute la vie toi pour ça, lança la plus petite.
Il s"approcha de moi et me prit la main.
- Désolé, mais elle doit se nourrir. Elle n'a rien avalé de consistant depuis une semaine.
Je le regardai étonnée devant cet énorme mensonge.
-On la laissera partir à condition que tu nous paies.
Et les autres hochèrent la tête comme pour être d'accord.
-Vous payez ? Mais c'est le comble.
-C'est à prendre ou laisser grand frère.
-Mais c'est ma femme.
-Elle est la notre aussi.
Ses filles me faisaient rire. Je regardais la scène.
-Mberry mais toi aussi dis quelque chose.
-Dire quoi? Tu discutes avec tes sœurs. Donne leur ce qu'elles veulent pour qu'on puisse quitter ici.
Cela devenait un spectacle que les invités délectaient. On était en plein milieu de la salle et ça m'amusait aussi.
-Donc tu te ligues contre moi.
-Oh Cheikh, arrête ce chantage à l'endroit de notre femme. Vas y paie et on la libère.
-Allez chéri. Paie. Montre leur que tu n'es pas n'importe qui.
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Mes cousines avaient ce caractère là depuis leur tendre enfance : faire le contraire de ce qui leur est demandé.
J'appellai mon cousin Omar qui me passa mon chèquier.
-Je vous signe un chèque de 500 milles pour que vous daignez libérer ma tendre et chère épouse.
Tout le monde cria. Je n'avais pas remarqué que les autres nous regardaient. Peu n'importe. Je voulais qu'elle mange et se repose. Avec sa santé, elle était capable de tomber en syncope. Les filles tenirent leur promesse. Je l'amenai vers notre table, elle s'assit et ma mère lui servit à manger.
Après son repas, on était occupé à parler quand quelqu'un fit son entrée. La salle entière émit un brouhaha. Tout le monde se levait et criait. C'était le grand artiste Youssou N'Dour en personne. Et fallait être sénégalais pour savoir combien ses chansons étaient aimées. Presque toute l'assistance était sénégalaise.
La salle vibrait. Il fit son entrée comme le grand homme qu'il était. Ma femme se jeta à mon cou en pleurs. Oui j'ai voulu le faire en grand. Car cette femme, je lui dois tout et elle n'était pas à bout de ses surprises. Elle ne savait pas le cadeau qu'elle m'a fait,  en acceptant d'être ma femme et la mère de ces petits diablotins.
-Je t'aime Cheikh, dit elle.
-Et moi encore plus.
Je profitai pour l'embrasser vu que le regard de tout le monde était porté sur Youssou N'Dour.
Mes cousins et moi montèrent sur la piste et on commença à esquisser les pas de danse comme de vrais sénégalais que nous étions. La majorité  d'entre nous avions grandi loin de notre pays mais nous avons gardé nos valeurs. Et c'est ce que je compte faire. Apprendre tout cela à mes enfants. Il y a longtemps je n'avais plus ressenti ça. On dansait comme si nos vies en dépendaient. Les femmes tapaient des mains et nous regardaient. Que ne fut ma surprise quand je vis ma femme porter un boubou de chez moi et monter sur la piste. Ce fut le cri de joie total. Elle dansait à la perfection comme si elle avait eu à faire ça toute sa vie. Mes sœurs la rejoignirent et c'était tellement beau à voir. Je restai bouche bée. Ma femme me surprenait de jour en jour. Je remarquai un instant après ma petite princesse aussi sur la piste. Pour une petite de son âge, elle s'en sortait très bien. Mberry m'a peut être caché l'existence de mes enfants, mais elle a pris le soin de leur inculquer les valeurs de chez moi, de les éduquer comme je l'aurai fait et même plus. Elle leur a montré leur identité culturelle. Et pour ça je ne la remercierai jamais assez.
Je retournai m"asseoir car je ne voulais rien rater de ce spectacle.
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Il était 21 heures. Nous quittons les lieux avec les enfants. Cheikh avait insisté pour conduire lui-même. Mais il ne prit pas le chemin habituel de la maison.
-Mais où va t'on Cheikh? Je suis épuisée.
-À la maison chérie.
-Maison ? J'espère que tu n'es pas saoul. Tu vois au moins le chemin que tu prends.
Il esquissa un sourire. Ne pouvant plus je m'endormis.
-Eh oh madame, réveille toi. Tu vas continuer le reste du sommeil à l'intérieur.
On n'était quelque part que je ne connaissais pas. Une belle maison quand même.
-C'est où ?
-Chez nous.
-Chez nous?
-Oui bébé, je te présente le nouveau foyer de notre famille. La famille que tu m'as donnée.
Je sortis ébahie. C'était époustouflant. Je ne sais pas comment vous le décrire mais c'était bien meilleur que ma maison de rêve.
-Cheikh depuis quand. ??
-Depuis que j'ai su que je t'aimais.
Je fondis en larmes. Cet homme.....
-Ne pleure surtout pas ma belle. Pas en ce jour.
Il suffit que je pense à tout ce qu'on a traversé. Il me prit dans ses bras.
-Papa, la dernière fois tu as dit que l'armoire jaune était mienne n'est ce pas ? Dayan dit que c'est pour lui.
Dernière fois?? Je regardai Cheikh.
-Oui les enfants sont déjà venus ici. Je leur ai permis de choisir leurs chambres. Tu étais occupée avec les préparatifs et ils se sentaient seuls. C'est ici on passait nos journées.
J'en fus jalouse.
-Je suis donc la dernière informée.
Il me fit un léger bisou.
-Tu ne vas pas jalouser tes propres enfants. Allez viens.
Je le retiens. On se fixa dans le blanc des yeux.
-Merci mon amour.
Il sortit aussitôt une clé de voiture de sa poche. Je pensais qu'il voulait bloquer celle avec laquelle on était venu.
Mais une voiture qui était garée dans l'ombre émit un bip.
-Pour la femme la plus merveilleuse et capricieuse, la mère la plus attentionnée.
Il me remit les clés entre les mains.
-Cheikh c'est une blague n'est ce pas?
-Elle est toute à vous madame. Venue tout droit de l'industrie. 😘. 
Je courus vers et y entra. Je demarrai et la voiture vrombit. Je criais comme une folle. Pas que je ne pouvais pas m'en acheter, ce qui me faisait plaisir c'est que c'est l'argent de mon homme qui a acheté cela.
-Tu aimes. ?
-J'adore bébé.
-Eh bien sors. On va pas non plus passer toute la nuit.
Il parlait avec sous entendus. Je lui souris.
-Très facilement j'arrive à t'intimider.
Je bloquai la voiture et rentrai dans la maison. Les enfants en avaient déjà fait leur propriété. Les jouets par ci et là. Je m'apprêtais à crier quand:
-Pas ce soir mon amour. Tu as autre chose plus importante à faire ce soir, me murmura t'il.

SHIELDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant