Tu as l'avantage sur la colère quand tu te tais.

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Je faisais les cent pas dans le hall de l'hôpital. Ma cousine Meryam m'avait accompagné. La santé de ma fille Dewel se détériorait de jour en jour. Ma vie de couple avec Dana fonctionnait en dents de scie. Elle était même  incapable d'amener sa fille à l'hôpital. Je ne comprenais pas ma femme et cette paresse qui l'animait. Le psychiatre disait que l'état de notre fille l'affectait au point où elle ne s'en remettait pas. Mais Dana doit bien comprendre qu'on doit être là pour notre fille, main dans la main.
-N'est-ce pas Mberry là-bas ?, questionna ma cousine.
Il ne manquait plus qu'elle. Ma cousine s'avança vers elle. Je remarquai qu'elle pleurait et quand elle vit ma cousine elle essuya à la hâte son visage mouillé. De loin je n'entendis pas ce qu'elles se disaient. À vrai dire je m"en foutais. La santé de Dewel me préoccupait assez. Comment une fille née en de bonnes conditions peut être autant malade. Je ne pouvais décrire la peur qui m'anime.
Ma cousine revint quelques minutes plus tard vers moi. Mberry était déjà partie. Tant mieux. Je n'avais pas envie d'afficher de faux sourires. Mais le fait qu'elle pleurait m'avait néanmoins affecté, malgré moi.
-Elle a quoi?, demandai-je sans me retenir.
-Oh, elle dit que sa petite Dariane est un peu malade et ça l'affecte.
J'en fus touché.
-Dariane? Malade?
-Oui oui.
-Eh bien je vais l'appeler. Sa voix pourra peut être aussi m'apaiser. Cette façon qu'elle a de m'appeler papa me réconforte.
Meryam tourna de gros yeux en souriant.
-Donc tu es au courant? Enfin tu le sais c'est ça.
-Euh oui.
Je répondis sans vraiment savoir de quoi tu parles.
-Oh allah merci. Et comment le prend Dana? Elle ne t'en veut pas?. Ce n'est pas facile d'accepter que son homme ait des enfants au dehors de surcroît avec son ex.
Je mis du temps à comprendre le sens de sa phrase. Mais je ne croyais pas.
-Tu parles de quoi là Meryam?
-Mais des jumeaux. Figure-toi que la fois passée Mberry a essayé de leur changer leur nom de famille et mettre le sien sur leur acte de naissance. Le juge ne lui a pas donné gain de cause, exigeant d'elle la présence du père des enfants. Donc pour le moment, Dayan et Dariane sont des DIENG. Mais bon tu dois déjà être au courant de tout ça.
Dayan et Dariane des DIENG? Cela dépassait l'entendement humain. Non ce n'est pas possible. Ils n'étaient pas mes enfants. Mberry ne m'aurait jamais caché une chose si vitale, jamais elle ne l'aurait fait. Pendant près de 6ans, elle m'aurait caché l'existence de mes enfants.? Non non c'était impossible. Je lui avais demandé l'identité du père et elle m'avait que ce n'était pas moi. Mberry ne m'aurait pas menti pendant des années.
Mais quand je rassemble les faits du moment, cette vérité s'avérait. Et plus le visage de Dayan me venait en esprit, plus je notais la ressemblance avec moi enfant. Je pris en compte cette alchimie entre Dariane et moi, ce sentiment de propriété ressenti. Les aveu de ma mère me revinrent en tête. Tout le monde semblait être au courant mais j'étais apparemment le seul aveugle.
Je comprenais maintenant tout. Sa gêne et sa peur quand Dariane m'appelait papa, son interdiction aux enfants de m'approcher. Mberry m'avait privé de mes enfants.
Mes enfants. Ça sonnait faux et à la fois merveilleux dans mes oreilles. Je me mis à sourire. J'étais père de jumeaux. C'était incroyable. Mais chaque fois que je pense que j'ai été séparé d'eux, mon amertume refait surface.
-Reste là avec Dewel. Je reviens.
-Mais où vas-tu?
-Régler des comptes avec quelqu'un.
Oui elle allait m'expliquer toutes ces années de mensonge. Mberry n'a pas idée de ce qui l'attendait. Oh non. Elle allait payer pour chaque instant passer loin de mes enfants. Savoir qu'elle s'était moquée de moi pendant tout ce temps me ronge de l'intérieur. Elle m'a quasiment pris pour un bête, un niais. Je dévalai les marches en vitesse. Plus j'avance, plus les visages de mes enfants me viennent en esprit. 

SHIELDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant