Se quitter sans espoir.

861 91 5
                                    

Aujourd'hui était le dernier jour du colloque. La plupart des participants s'étaient rendus chez eux le même jour. Je faisais aussi mes valises. Il était 20 heures et une partie de moi n'avait pas envie de rentrer.
J'entendis un coup porté sur ma porte.
-Ouvrez, dis-je.
Il entra avec une valise à la main. Il avait déjà rangé ses affaires. Je compris qu'il était pressé de s'en aller contrairement à moi.
-Tu es déjà prêt dis donc. Tu prends le vol de quelle heure ?
-23 heures.
-Figure-toi que moi je n'ai même pas réservé le mien. Je ne sais même pas où j'avais la tête.
Je pris mon portable dans l'optique de voir si il y aurait de vol disponible. Ma main tremblait et je ne sus pourquoi. Il le remarqua et  s'approcha de moi. Il prit le portable et le mit sur le lit en me gardant les deux mains et me fixant.
-Tu n'as pas envie qu'on rentre. ?
Je tiquai.
Je bégayai.
-Mais non. Qu'est-ce-qui te fait croire ça ? Je..j'ai juste oublié de réserver mon vol.
-Mberry je te connais assez bien. Si tu n'as pas envie qu'on rentre dis-le moi et on restera.
-Non Cheikh. On doit rentrer. Mon mari et les enfants m'attendent.
Il relâcha mes mains et enfouit ses mains dans sa poche et me fixa sévèrement.
-On reste. On rentrera demain soir. Appelle ton mari si tu veux mais on reste, dit-il d'une voix qui n'appelait pas la réplique.
Il mit sa valise dans un coin de ma chambre et se rendit sous la douche. Il revint quelques instants plus tard.
-On mange quoi ce soir ? Demanda t'il.
-Euh on peut sortir manger si tu veux.
-Non on appelle le service de chambre. Je n'ai pas envie de sortir, dit-il en joignant le geste à la parole.
Je sentais qu'il était toujours énervé mais il faisait des efforts pour me parler.
-Ta fille, tu as de ses nouvelles ?
Il ne s'attendait sûrement pas à cette question. Il se retourna et me fixa:
-Oui elle va bien ainsi que sa mère.
Je hochai la tête.
-Tu dois être comblé ? Demandai-je.
Et il afficha un vrai sourire.
-Tu n'as pas idée Mberry. Cette petite représente mon bouclier. J'avais longtemps espéré avoir un enfant. Je désespérais quand Dana n'accouchait pas. J'avais soif d'un enfant qui n'existait pas. Et maintenant je suis comblé par son arrivée. Je suis prêt à tout pour elle.
Ça se voyait qu'il aimait vraiment sa fille. Un amour dont je prive certainement mes enfants.
- Mberry pourquoi ?
Je le regardais sans comprendre.
-Pourquoi t'es partie ? Pourquoi tu me cocufiais? Pourquoi tu m'as laissé me marier? Il y a tellement de questions sans réponses. Ne te traitais-je pas assez bien?
-Non mais es-tu sérieux avec ce que tu dis?, criai-je.
Pourquoi t'avoir laissé te marier? Non mais c'est le comble.  Pourquoi être partie? As-tu au moins essayé de me retenir ce jour-là ? Je m'en rappelle comme si c'était hier. Tu m'avais dit "j'espère que vous trouveriez ce à quoi à vous aspiriez". Cette phrase a longtemps résonné  dans ma tête. Cheikh tu n'as pas essayé non plus de me retenir. Tu t'es marié sans te demander ce que je ressentais réellement. Tu ne m'avais pas laissé t'expliquer le pourquoi j'avais loué cette maison. Non tu as conclu directement. Je ne suis pas la seule fautive dans cette histoire. Arrête à chaque fois de te faire passer pour la victime. J'ai aussi souffert Cheikh, j'ai souffert. Quand tu es parti, quand tu as épouse cette femme, chaque fois qu'elle venait dans ton bureau et que vous passiez des heures, t'es-tu demandé ce que Mberry allait ressentir.? Bien sûr que non.
Je ne me rendais pas compte que je criais. Les murs en arrivaient même à trembler.
-Mais tu ne m'aimais pas Mberry.
- Je t'aimais plus que ma propre vie. Tu n'as jamais fait attention à mes gestes. L'amour ne se résume pas au mot 'je t'aime'. Il se traduit par les gestes. As-tu essayé de traduire mes gestes. ? Bien sûr que non Cheikh. Alors arrête de chaque fois rejeter la faute sur moi. Bientôt 7 ans que tu me fais passer pour la victime. Je t'ai aimé Cheikh au point d'en être  malade, je t'ai aimé au point où tu étais le centre de ma vie. Non je ne pouvais pas empêcher ton mariage car je suis aussi une femme et je n'aimerais pas infliger cette honte à ta chère Dana. Tu n'as pas idée....
C'était plus fort que moi. J'éclatai bruyamment en sanglots. Je me rendis compte que j'étais toujours amoureuse de cet homme. Il me prit dans ses bras.
-Je suis désolée mon amour.
Il avait cette capacité de m'affaiblir.
-Cheikh je pense qu'on doit rentrer rejoindre nos familles respectives. Nous avions déjà fait nos choix et nous devons les assumer.
Je m'étais déjà calmée et parlai faiblement.
-Tu n'as pas envie de rentrer Mberry et moi non plus. Alors  restons.
-Non Cheikh. Si c'est pour nous disputer pour des choses qui se sont passées depuis 7 ans alors je préfère m'en aller.
-Ok ok c'est compris, on en parlera plus mon amour.
-Merde Cheikh arrête de m'appeler comme ça. Nous savons tous les deux que je ne suis pas ton amour. Tu ne vis que pour ta femme et ta fille. Que ton désir pour moi ne t'amène pas à dire des sottises.
Il voulut parler mais se ravisa.
-Tu manges quoi pour que je puisse le commander à la réception ?
Je l'avais encore fâché. Et Cheikh fâché pouvait passer des heures sans vous parler. Bien vrai j'y suis allée un peu fort mais Cheikh a tort de  chaque fois me culpabiliser.
-Je veux te manger toi, dis-je en le poussant sur le lit et en  me mettant à califourchon sur lui.
-Mberry arrête avec ça.
Je me mis à lui faire les yeux doux, ces yeux là auxquels ils ne résistaient pas. Il ferma les yeux.
-Arrête avec tes gamineries et descends. Je vais chercher la nourriture.
-Pourquoi commander si on pouvait se manger mutuellement ?
Il me renversa sur le lit et prit le dessus.

SHIELDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant