Repentir tardif ne répare point.

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J'étais revenue enfin à la maison après 1 mois et demi à l'hôpital. Pour le moment, je me déplace en fauteuil roulant. Le médecin avait dit que très tôt je pourrai remarcher. J'avais hâte car j'ai trop longtemps déserté mon entreprise.
Durant tout mon séjour à l'hôpital, je ne lui avais pas donné l'occasion de me voir. La pillule n'est pas passée. Je ne sais d'où Mario a tiré cette confiance en lui au point de se permettre de me battre. Cela me semble encore faux mais j'avais les preuves face à moi: j'étais en fauteuil roulant. Où avais-je fauté ? Est-ce le prix à payer parce que je l'avais trompé lors de ce colloque? Les images revenaient en flash back. J'avais brisé le sacrément du mariage en trompant mon mari. Est-ce le châtiment que Dieu me réservait?
Je ne me reconnaissais plus. Je ne reconnaissais plus cette Mberry intègre que j'étais, cette jeune femme qui savait dominer ses pulsions. Avant de tout ramener à Mario et de chaque fois le culpabiliser, je devais me remettre aussi en cause. Me suis-je bien comportée avec lui? Bien vrai que cela n'explique pas les coups mais il est aussi un être humain et il a des limites qu'il ne faut pas dépasser. J'étais perdue. Une partie de moi lui en voulait, une autre me désignait comme la véritable coupable de l'échec de mon mariage.
-Mberry tu dois maintenant te coucher. Attends je t'aide
Maman me souleva du fauteuil malgré tout mon poids et me posa sur le lit.
En voulant sortir elle me dit:
-J'espère que tu vas régler ce problème que tu as avec ton mari. Je n'aime pas la façon dont tu le traites. C'est très rare de voir des hommes si attentionnés.
-Maman, ne te mêle pas de ça.
Elle revint en furie.
-Si je vais m'en mêler. Tu te mets sur une pente glissante avec ce que tu fais. J'espère que Cheikh et toi preniez conscience un jour. Méfie-toi beaucoup Mberry.
Cheikh? Pourquoi me parle t'elle de Cheikh.
-Cheikh?? Dis-je en bégaillant. Qu'est-ce que Cheikh fait dans cette discussion ?
Elle me lança un regard noir.
-Reste là à me jouer l'innocente. Bonne nuit.
Et elle s'en fut sans plus aucun mot.
Que savait cette femme?
Au point où j'en étais, j'étais aussi fatiguée de réfléchir. Ma tête chauffait.
Je m'endormis sans attendre mon reste.
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-Mais Mammy nous on veut que maman mange avec nous.
-Elle ne pourra pas. Elle est malade.
- On ira donc dans sa chambre. Moi je veux manger avec elle, s'apprêtait à pleurer Dayan.
-Tu vas te calmer et manger jeune homme si tu ne veux pas recevoir des coups de parmatoire sur tes fesses.
-Tu es méchante, dit-il en se levant de la table.
J'en avais que faire de ses caprices. Quand il aura faim il reviendra. Je me rappelai aussitôt qu'il n'avait rien mangé de bon dans la journée.
-Dayan reviens manger.
Sa sœur par contre était calme. Comme à son habitude.Elle ne se plaisait pas dans cette maison. Et je n'arrivais pas à comprendre pourquoi. Elle aimait être avec sa mère mais quand il s'agissait de venir dans la maison, elle y objecte un refus catégorique. Qu'est-ce qui peut bien l'indisposer? Mario? Mais non il était assez sympa avec les enfants.
Il faut aussi reconnaitre que Dariane voulait une chose que sa mère ne peut jamais lui offrir : Cheikh.
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-Donc vous rentrez après demain?
-Oui maman.
-Et pourquoi je sens que tu n'es pas heureux, que cela ne te réjouit pas.
-Bien sûr que je suis heureux. C'est la santé de ma fille qui m'inquiète.
Ma fille souffrait d'une tumeur et je ne savais où mettre ma tête. Dana passait toutes ses journées à pleurer. Pourquoi cela nous arrivait à nous?
-Ta fille ira bien. Aies foi mon chéri.
Je hochai la tête sans pour autant la croire.
-Mais je voulais longtemps te parler d'une chose que j'ai remarqué. C'est à propos de Mberry.
À l'évocation de ce nom je me levai.
-Maman penses-tu vraiment qu'avec la situation que je traverse que j'aimerais parler de Mberry. Tu me demandes chaque fois de la sortir de nos vies mais c'est toujours toi qui la ramène sur le tapis. Laisse Mberry dans son  couple et laisse moi aussi vivre le mien.
-Penses -tu vraiment que si ce n'était pas important j'allais en parler.
Je me calmai .
-Je t'écoute.
Elle soupira et commença :
-J'ai comme l'impression que les enfants de Mberry sont les tiens. Au tréfonds de moi, je le ressens quand je vois ces enfants là. Pose lui la question Cheikh. Mberry ne t'a pas dit toute la vérité.
Je contractai ma mâchoire. Je n'arrive pas à croire que ma mère me faire asseoir pour de telles bêtises.
-Bonne journée maman, dis-je en me levant pendant qu'elle m'appelait.
J'en avais assez entendu pour aujourd'hui.
Dariane et Dayan mes enfants? Il ne manque qu'elle me dise que j'étais aussi le fils du président des États-Unis d' Amérique.
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Je m'étais déjà réveillée vu qu'il faisait jour. Assise sur le lit, je fixai un objet sans pour autant le voir. J'étais dans les vapes.
-Mberry.
Je sursautai. Je n'avais entendu personne arriver. Il était au seuil de la porte et me fixait. Il avait considérablement vieilli. Regrettait-il ses actes?
Il s'approcha de moi mais je sentis qu'il avait peur que je le chasse.
-Tu vas bien?
Je hochai la tête.
On passa plus de 15 minutes à ne rien dire, moi me contentant de fixer le drap.
-Maman m'a dit que tu dois pouvoir remarcher dans quelques jours.
-C'est ce qu'a dit le docteur.
-Romain est un bon docteur, son diagnostic est fiable.
Il s'assit sur le lit et se mit à me masser les pieds. Je sentis qu'il avait quelque chose à dire.
- Cette première fois où je t'ai vue dans ce lit d'hôpital tu m'as tout de suite tapé à l'œil. Je te mentirai si je ne te dis pas que je t'ai dès lors désiré. Désiré sexuellement, en tant que femme, mère de mes futurs enfants. Je ne saurai te dire cette joie qui m'a animée ce jour là où on s'était uni. Je pensais que je serai un bon homme pour ma femme, que je serai un bon mari mais non. Je me demande si pendant ces années de mariage, je t'ai rendue heureuse une seule fois. Je ne pense pas. J'ai failli à toutes mes promesses. J'ai changé et je t'ai changé. J'ai beaucoup fauté et j'ai mal. Et à cause de moi tu te retrouves en fauteuil roulant. Je ne pense pas que je pourrai vivre avec cette culpabilité. Peut être au final on n'était vraiment pas fait l'un pour l'autre.
Il marqua une pause. Je vis des larmes se former du coin de son œil.
-Mberry c'est mieux si on divorçait, lâcha t'-il.
La sentance me parvint comme un coup de massue sur la tête. Divorcer ?
-Non moi je ne veux pas divorcer.

SHIELDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant