Étoffe d'esclave??

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Je fus enfermée dans une cage et plongée dans l'obscurité. Les murmures et plaintes me firent comprendre que je n'étais pas seule dans cette pièce. Il y avait aussi d'autres personnes comme moi, dans des cages et menottées. Je n'arrivais pas à comprendre ce qui se passe. Je m'endors un instant et me retrouve sur une plage menottée. Je crois jusqu'à présent que je suis dans l'un de ces cauchemars que je faisais jadis. Mais depuis plus de 72 h j'espérais me réveiller de ce cauchemar, me retrouver dans mon lit avec mes enfants. J'avais passé 3 jours sans me laver, sans rien avaler, sans fermer les yeux. La peur m'habitait, je sursautais au moindre bruit. Aussitôt une lumière fut allumée. Elle était tamisée mais je voyais parfaitement bien. Les cages étaient d'un millier. La mienne était au milieu et toutes les autres cages m'entouraient. L'image de mon père en cage me revint en esprit. C'était la même cage. Les détails me revenaient mieux. En haut de la cage, était suspendue une chaine rouge sur laquelle était une bête couronnée. Et il y avait la même chaine que sur ma cage. Je notai que toutes les autres cages n'en avaient pas . L'homme qui vint vers nous était en pagne noir noué autour de la taille . Arrivé devant moi, il se prosterna et dit:
-Reine mère recevez mes révérences.
Je regardai en arrière pour être sûre qu'il me parlait. D'abord pourquoi se prosternait -il devant moi et pourquoi m'appelait-il reine ?
-Je veux rentrer chez moi.
-Vous êtes chez vous ma reine, dit-il en ayant toujours la tête baissée.
-Mais vous ne comprenez pas. Je veux rentrer chez moi, retrouver ma vie d'avant, mon mari, mes enfants.
J'avais déjà recommencé par pleurer. Ma grossesse? Je devais vite sortir de cet endroit. Mais comment ? Il faudrait commencer par savoir où c'est. Ma mère s'était elle rendue compte de ma disparition. ? Et mes enfants, comment se sentaient -ils ? Toutes ces questions me tauraudaient l'esprit. Une partie de moi me disait que c'était fini, que je ne reverrai plus mes enfants, que j'étais dans un nouveau monde, que je devais oublier ma vie passée. C'était plus fort que moi. Je ne pouvais pas abandonner mes enfants. Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle pour lui.
-JE VEUX RENTRER CHEZ MOI.
J'avais crié de toutes mes forces ou plutôt j'avais rugi. Je ne me connaissais pas ce côté. Ma voix avait changé. Etait-ce à cause de la douleur qui me pesait? Je ne saurai répondre. Mais j'avais captivé l'attention de tous les autres détenus. Certains se rapprochaient plus de leur cage pour me voir et d'autres se prosternaient comme cet homme devant moi. J'étais abasourdie. Je ne comprenais rien. Un gros homme fit aussi son entrée. Je le reconnus aussitôt. C'est mon oncle. Ses menaces d'il y a bientôt 7 ans me revinrent. Tout ça était donc vrai.
-Mberry, bienvenue.
-Que fais -je ici?
-Accomplir ce pourquoi tu es venue au monde.
Je ne comprenais rien à ce qu'il disait.
-Tu peux être plus clair. ?
-Accomplir ta destinée.
-Ma destinée ne sera pas sans doute accomplie si je suis dans une cage.
-On t'a mis là le temps que tu te calmes et que tu acceptes la situation. C'est temporaire.
-Temporaire? Non mais tu es fou. Il n'y a rien à accepter. Explique moi ce que je fais ici.
Il souffla.
-À ta naissance, ton père est devenu gardien de notre tradition. Il lui a été  demandé de faire un vœu. Il n'a pas hésité à demander que tu sois protégée  contre tout et tous. On a donc compris que tu étais ce qu'il avait de plus cher. Et comme il est mort, on devait le remplacer. Et quoi de plus mieux que de le remplacer par sa protégée. Alors tu es ici pour continuer la fonction de ton père.
-Pourquoi ai-je l'impression que tu ne me dis pas toute la vérité. ? Une tradition qui enchaîne les gens et les mets dans des cages? Une tradition qui poursuit des gens même dans leur cauchemar? Tu insultes mon intelligence cher oncle.
-Je suis désolé Mberry. C'est tout ce que tu peux savoir pour le moment, dit-il en inclinant aussi la tête.
-Je ne veux plus rien savoir car je dois rentrer chez moi.
-Désolée Mberry, tu n'iras nulle part. Reste sage et je dois pouvoir te ramener de quoi manger et mieux t'habiller. J'espère que quand tu prendras le pouvoir tu sauras me pardonner. Je le  fais juste pour ton bien.
-Laisse-moi sortir d'ici.
-Bonne nuit reine mère.
Ils sortirent tous deux sans aucune pitié.
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-Et tu savais cela et tu n'as rien dit depuis des années. ?
-Papa cela n'avait pas d'importance. Je pensais pouvoir gérer. Ils ont été plus rusés.
-Et ma petite fille se trouve entre leurs mains. Coumba tu te plains toujours que Mberry garde toujours ses choses pour elle. Mais je crois qu'elle le tient de quelqu'un.
À mon âge, je me faisais gronder par mes parents. Je leur avais caché la vérité mais c'était pour protéger l'homme que j'aimais.
Derrière cette histoire de tradition se cache une secte. Et Gildas n'en n'avait pas connaissance. Pour lui il s'agissait de ces simples rituels qu'on faisait au village. On l'avait berné et il s'en est voulu toute sa vie d'avoir impliqué notre fille là-dedans.De jour en jour il a commencé à se rebeller contre la secte et ils l'ont fait disparaître.  Quand il m'en avait parlé je suis allée voir un prêtre religieux qui m'a assuré que si Mberry se mariait avec un sang noble et pur, il saurait le protéger d'où j'ai choisi  Cheikh pour elle. Est-ce le moment où il doit jouer un rôle crucial dans la vie de ma fille. Je voulus l"appeler quand je me rappelai des avertissements de la vieille.
-Et tu es sûr qu'elle n'est pas à la maison ? Et que tu te fais du souci pour rien. D'ailleurs où sont les enfants. ?
-Avec Cheikh.
-Cheikh? Les enfants font quoi avec lui. ?
-En fait papa, il est leur père.
-Coumba, ta fille et toi vouliez sûrement ma mort. Depuis quand ces enfants sont de Cheikh et moi je ne le sais pas.
-Maman essaie de le calmer. C'est une longue histoire.
-Maintenant tu peux dire à Cheikh que moi je veux voir mes petits enfants ? Depuis leur baptême je ne les ai plus revus.
-Papa ce ne sera pas possible. Cheikh a obtenu la garde exclusive des enfants et ils vivent ensemble au Canada depuis un bout de temps.
Mon père me regarda déçu. Oui je l'avais déçu. À force de lui cacher tous ces trucs.
-Je vais mettre la police à la recherche de ma petite fille.
-Non papa. On sait bien que cette histoire va au déjà du réel. C'est du mystique. La vieille m'a conseillé de laisser Mberry s'en sortir.
-Je ne laisserai sûrement pas tomber ma petite fille. Je vais appeler l'Alpha.
Étant enfant unique, j'avais connaissance du grand amour dont me couvaient mes parents. À mon tour j'avais aussi donné naissance à un seul enfant. Ils aimaient beaucoup Mberry même si elle ne leur était pas très attachée.
-Je savais que ce mariage était une terrible erreur. Je l'avais lu dans les yeux de ce type mais ma petite fille était trop heureuse pour que je me permette de mettre en péril son mariage.

SHIELDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant