Tiens bien ma main. Je risque de me perdre dans ce monde de vautours.
Voilà deux jours que le médecin avait dit que Mberry se portait bien. Mais elle ne s'était pas encore réveillée. Mes parents, sa mère et moi lui tenions compagnie. Depuis que je la connais, je ne lui ai jamais connu d'amie proche. C'était si étrange. À qui parlait elle quand elle ne se sentait pas bien ? Avec sa mère les relations n'étaient pas soudées, elles s'aimaient à leur manière.
-Abdou, cette histoire va loin. Si on ne réagit pas, ils vont la tuer, dit tata Coumba le regard au loin.
Mon père ne releva pas. Je sais qu'après la mort du père de Mberry, il s'était fait la promesse de prendre soin de cette fille unique.
-On ira voir Franck pour avoir des explications. On lui dira de se tenir à l'écart et de ne point mêler Mberry à cette histoire. J'aimerais qu'on les prévienne d'abord. Si ça continue on prendra les taureaux par les cornes. Appelle le et fixe un rendez vous avec lui.
Tata Coumba hocha la tête et sortit de la chambre avec ma mère.
Mon père s'adressa à moi.
-J'ai confiance en toi pour toujours prendre soin de cette fille. Je n'ai jamais fait volontairement mal à ta mère. Si j'ai insisté pour que tu l'épouses c'est que je connais ses valeurs. Mais je sais qu'elle aura aussi besoin de toi. Je ne te remercierai jamais pour ce sacrifice. Pour avoir tout abandonné pour moi. Merci fils.
Mon père n'avait pas besoin de me remercier. Son choix m'allait bien.
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J'étais assise en tailleur dans du blanc. Mon père était en face de moi mais dans une cage. Le sang coulait de je ne sais où de sa peau. Ses yeux étaient hagards mais ça se lisait qu'il était content de me voir. Je ne savais pas où j'étais mais ça m'importait peu. J'étais avec mon père, celui qui fut mon Dieu sur terre
-Papa, dis je.
Ça m'avait manqué. Il y a longtemps que je n'avais plus prononcé ce mot. Nos conversations me manquaient. J'eus voulu lui raconter mes malheurs depuis 2 ans qu'il m'a laissée. Les mots ne sortirent pas . Je me contentais de le scruter. Pour une fois je me demandai comment mon père allait. Chaque fois je lui parlais de mes tourments sans pouvoir l'écouter. Quand j'y pense, je ne me rappelle jamais l'avoir vu se confier à moi. J'étais égoïste et imbue de moi, pensant que la terre ne tournait qu'autour de moi. Son sourire, ses paroles, ses actes, sa façon de me protéger, tout me manquait. Il y avait une flamme qui vivait en moi en cet instant. Je compris que j'étais morte spirituellement avec mon père. Ma vie ne s'était limitée qu'au boulot pendant ces deux années. Je le fixai dans les yeux. Son visage était enflé. Mon père qui était d'une beauté inégalable.
-Mberry.
Je reconnus la chaleur de sa voix. Celle là qui me berçait et me grondait à la fois.
-Tu es devenue plus belle. Mais tu sais tu ne devrais pas être ici. Ce n'est pas un endroit pour une âme pure comme toi. Vas y ma fille. Il te protégera.
Mais de qui parlait il?
-Non papa je veux rester ici avec toi. Tu ne me laisseras plus jamais.
Il eut un sourire en coin.
-non princesse. Tu dois y retourner. La vie vaut la peine d'être vécue tu sais. Il y a des combats que tu dois mener. Et tu n'es pas du genre à abandonner facilement. Tu as la même force de caractère que ta mère et sache que jamais je n'ai regretté de vous avoir eues dans ma vie. Et maintenant vas y. Et une chose écoute toujours ton cœur.
Le temps que je lui réponde, il avait déjà disparu. Je suis censée faire quoi maintenant.? Je me retrouvai toujours dans cette même brousse. Je marchai lentement sans destination fixe. J'arrivai à un carrefour qui bifurquait. Je ne savais pas si il fallait prendre la gauche ou la droite. Je choisis la gauche. Après quelques pas, je vis une petite fille attachée avec des cordes.
-Mberry sauve-moi.
Mais c'était moi plus petite. Je me reconnus. Je voulus aller détacher les liens mais quelque chose me retenait. Mon cœur m'ordonna de fuir. Je ne me fis pas prier. Je pris mes jambes à mon cou et prit la droite. Là une lumière m'aveugla et j'entendis la voix de mon père.
-Bon choix ma fille. Écoute toujours ton cœur.
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Mberry revenait peu à peu à elle. Quand elle se réveilla elle demanda de l'eau mais au lieu de cela sa mère lui donna une décoction. Elle ferma le visage mais le but quand même.
-Maman j'ai demandé de l'eau. Pas tes plantes à ne pas en finir.
Mon père émit un sourire, content de la retrouver insolente. À vrai dire, on avait tous peur qu'elle soit fragilisée.
-J'ai vu papa, dit elle.
Sa mère la regarda stupéfaite. Cette fille venait de loin. Elle vient de gagner un combat que très peu réussissent. Sa mère l'avait aussi compris. Sa première réaction fut de tirer légèrement sur sa robe de chambre et comme par enchantement, les traces avaient disparu. Elle ferma légèrement les yeux en signe de prière sourde..
-Tu habiteras désormais avec Cheikh.
La sentance tomba. Je m'attendais à tout sauf à ça. Je regardai Mberry qui n'était pas de cet avis.
-Maman je peux toujours changer d'appartement mais ne me demande pas de vivre avec un inconnu.
Pour me blesser, eh bien elle avait réussi. À ce stade cette idiote me considérait toujours comme un inconnu.
-Mberry dal yow( méfie toi) , dit sa mère calmement.
Mberry me regarda longuement comme si elle me voyait pour la première fois.
-Mon fils ne te plait il pas ? Demanda ma mère.
-Mais maman, tu vois..
Tata Coumba me coupa la parole .
-Non mon fils. Qu'elle nous donne une reponse aujourd'hui. Si elle ne te veut pas qu'elle le dise. Il y a plein de filles là dehors que tu peux épouser..
-Justement tata. Je ne veux pas ces filles. C'est Mberry je veux, dis je dans un accès de colère.
Je ne sus quand les mots avaient franchi ma bouche. Mais la parole c'était comme de l'eau. On ne la rattrape pas.
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SHIELD
Romance-Mais maman, on est en plein 21 ème siècle tu ne peux pas m'imposer un mariage, souffla Mberry hors d'elle. Mberry RANDOLPH une agouda du Bénin se trouve coincée par sa mère sénégalaise qui essaie de lui arranger un mariage avec un renoi qui a gran...