Chapitre 10

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J'essaye de revenir à moi mais impossible. Je pense être là mais je ne vois rien. J'entends une voix me parler mais je n'arrive pas à répondre. Je suis clairement entre deux mondes. Je sens des mains me porter afin de me déplacer, une glisse sous ma nuque et l'autre sous mes jambes. Ma tête repose sur une épaule, surement celle d'un homme. Il me semble entendre un grognement à ce même moment. On me dépose sur un canapé. Non ! Pas un canapé ! Le seul endroit qui peut posséder un canapé à cet étage ne peut être que le bureau de Monsieur Conti. Tout le monde le sait, seul les PDG ont ce privilège.

Des images me reviennent à l'esprit, un canapé bordeaux en velours, c'est bien ça et il se trouve dans son bureau. J'essaye de me lever mais impossible rien ne répond. Il me semble entendre une voix dire : « ramène toi vite, j'ai besoin de toi ! ». Puis rien. Puis un souffle chaud sur mon visage et une main qui déplace une mèche de mes cheveux. Une odeur musquée envahie mes narines, cette odeur particulière je la reconnais, c'est lui c'est sur. J'essaye d'ouvrir les yeux mais je n'arrive pas. Bon sang Amalya, fait un petit effort merde me dis-je intérieurement. C'est frustrant, je suis prisonnière de mon propre corps mais rien à faire pour le réveiller.

J'entends une porte s'ouvrir en trombe puis le bruit du claquement de fermeture immédiatement après. Une autre personne est rentrée dans la pièce. « Tu n'as pas osé faire ça ? Dis-moi que tu ne l'as pas mordu ! », « Ne sois pas débile ! ». Je plane à quinze mille c'est sur. Je ne comprends rien de leurs discussions, mordre quoi ?J'essaye de me concentrer sur la discussion mais c'est difficile, j'entends des mots, parfois rien. « Évanouie », « quoi pas de pause repas », « inconscient », « tyran », « persécution », «j'ai faim », « j'arrive plus à me retenir », « son odeur », « je ne vais pas tenir », «ressaisi-toi », «eau sucré ». J'ai beau essayer de capter la conversation, rien n'a de sens. J'abandonne. J'ai envie de dormir, je suis fatiguée.

Tout un coup, je sens un liquide couler dans ma bouche. Répugnée par cette sensation, j'essaye de tourner la tête. Une voix me demande d'arrêter de bouger. Je sens une main se poser sur mon front pour éviter cela. J'arrive à bouger ce n'est pas trop tôt pensais-je. J'essaye de me concentrer sur le breuvage qui coule sur ma bouche, de l'eau sucrée. C'est agréable, mon corps le réclame. J'immerge doucement et en ouvrant les yeux, je le reconnais. J'avais raison, c'était bien lui.

A genou au pied du canapé, ses yeux sont doux et tristes à la fois. Il me demande d'une voix calme si j'arrive à me relever. J'essaye avec difficulté et ses mains m'accompagnent dans cette tâche. Je frissonne au contact de celles-ci. Je me mets en position assise.Je suis honteuse et gênée. Pourquoi n'ai-je pas pensé à ramener une collation dans mon sac en cas d'imprévu ? J'aurai ainsi évité cette situation.

Moi : Merci, réussis-je à bredouiller.

Je peux lire dans son regard qu'il n'est pas content mais suis-je la seule responsable ? Je baisse les yeux, la honte me submerge, je ne sais plus où me mettre. J'ai beau essayé de paraître forte, je suis quand même sensible. Sa main se pose alors sur mon menton me forçant à relever la tête pour le regarder. Ses yeux fixent ma bouche pendant ce qui me parait être une éternité. Je finis par les mordiller, le stress m'envahit. Comment me libérer de cette situation ? Cette attitude le ramène à la réalité et il se ressaisi immédiatement. Il lâche mon menton et me regarde une dernière fois avant de se redresser et il se retourne.

Je le suis du regard et me rends compte que Vivien se tient assis de façon nonchalante derrière le bureau du Directeur. La fameuse deuxième voix que j'avais complètement oublié.

Monsieur Conti : Peux-tu la déposer chez elle s'il te plait ? demande-t-il à Vivien.

Il hoche la tête, se lève du siège et s'avance dans ma direction. Il fini par me tendre sa main que je saisie. A bout de force et épuisée, j'accepte son aide.

Vivien : Envoi moi son adresse par message.

Monsieur Conti hoche la tête à son tour en signe d'approbation, vient nous ouvrir la porte de son bureau et la referme directement après notre passage sans un mot.

Vivien attrape mon sac à main près de mon bureau instinctivement et nous nous dirigeons vers l'ascenseur qui nous emmène au parking sous terrain. Il m'ouvre la porte de sa voiture et m'aide à m'installer. Il s'installe par la suite à son tour, rentre l'adresse dans son GPS et nous voilà en route.

Le trajet s'est déroulé dans un silence complet jusqu'à mon appartement où il s'est garé, puis est venu m'ouvrir la porte. Je sors de celle-ci comme je peux et lui chuchote :

Moi : Merci beaucoup avec un léger sourire qui se veut désolé.

Vivien : Je t'en prie, repose-toi bien dit-il avec un sourire compatissant.

Je me dirige chez moi sans me retourner. Mes jambes sont faibles. Une fois à la maison, je me sers un grand verre de jus d'orange que j'avale d'une traite sans me rendre compte que j'étais complètement déshydratée. Trop fatiguée pour faire à manger, je choisie la facilité en me préparant un bol de céréales. Certes un choix pas très sain pour un repas mais j'avais une envie de sucre. En même temps avec le malaise hypoglycémique que je viens de faire, c'est plus une nécessité qu'un choix. Je jette mon bol terminé dans le lavabo, me douche rapidement et pars m'allonger dans les bras de Morphée.

Un boss pas comme les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant