Chapitre 74

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Quoi ? Non ! Alejandro se lève alors de sa chaise. Je n'ai pas envie qu'il parte. Ne me laisse pas seule pensé-je assez fort pour qu'il capte mon message. Surpris, il s'arrête net mais il n'est pas le seul.

Druide : Intéressant ! Clame-t-il.

Alejandro : Voilà la raison de notre venue Druide répond-il inquiet.

Mince, lui aussi il m'entend ?

Druide : Je vois ! Dit-il à Alejandro. Ne vous inquiétez pas Prince, elle est entre de bonnes mains continue-t-il cette fois-ci en me regardant.

Alejandro embrasse le dessus de ma tête pour me rassurer avant de sortir du bureau. Je n'ose du coup plus rien dire, ni même penser. Je suis mal à l'aise.

Druide : Amalya, c'est bien ça ?

Comment sait-il ?

Druide : Je le sais parce que j'ai fouillé les souvenirs de la sorcière et que la prophétie parle de toi.

C'est perturbant ! Il répond à mes pensées. La prophétie ?

Druide : J'ai vu qu'elle vous a retenu prisonnière, j'ai senti votre immense douleur. Votre connexion avec Alejandro est très puissante, du jamais vu!

Je fronce les sourcils mais bois toutes ses paroles. J'ai l'impression qu'il en sait déjà beaucoup sur moi !

Druide : Si j'ai fait sortir le Prince, c'est pour une bonne raison dit-il avec un air plus sérieux.

Moi : Je vous écoute.

Druide : Je sais qu'il m'aurait dit non si j'aurais à peine osé prononcer le nom de la thérapie. Je sais qui vous êtes ! Je pourrais vous le dire tout de suite mais vous avez besoin de voir par vos propres yeux votre histoire, votre passé pour comprendre.

Où veut-il en venir ? J'ai les mains qui tremblent et l'estomac noué, son expression ne me dit rien qui vaille. Après quelques secondes à peser ses mots, il continue.

Druide : C'est une procédure douloureuse.

Moi : C'est à dire ?

Druide : J'ai besoin de me connecter à votre esprit, votre âme, votre corps pour réveiller vos souvenirs, pour que vous puissiez connaître votre passé. Si vous voulez bien, je vais fermer la porte de mon cabinet avant de prononcer le nom ? Si vous communiquez avec Alejandro et qu'il comprend, il ne me laissera pas faire. C'est votre choix ! Voulez-vous apprendre votre histoire ?

Moi : C'est très douloureux si je comprends bien ? Répondis-je.

Il hôche la tête pour confirmer. Que Suis-je censée faire ? J'ai envie de savoir pourquoi j'ai ce don et pourquoi j'ai réussi à traverser le portail mais est-ce-que je suis prête à souffrir pour ça ? Alejandro aurait refusé alors est-ce vraiment une bonne idée ? En même temps, après cette procédure, tout sera plus clair et je serais qui je suis. Je suis orpheline et je n'ai jamais trouvé de réponses à mes questions, d'où je venais, mes origines. Aujourd'hui, c'est l'occasion ! Au fond, j'ai besoin de savoir pour être complète. Je pense que le druide est le seul capable de m'ouvrir les yeux.

Moi : Ok, je vais le faire !

Le druide se lève alors pour fermer la porte de son bureau. Il m'invite à le suivre dans une autre pièce tout en pierre avec une table au centre également en pierre recouverte de lierre. Une fois à l'intérieur de celle-ci, il ferme les yeux et récite des mots dans un langage inconnu. Soudain, l'ouverture se referme comme par magie par une énorme porte en pierre qui vient se fondre avec les autres. Impossible de savoir qu'il y a encore une seconde, une porte se trouvait à cet emplacement. On a l'impression d'être dans un trou au milieu d'une grotte sans issue. Un lustre de bougies éclair la pièce instantanément. C'est la première fois que je vois de la magie ! C'est beau, pur, impressionnant !

Druide : Nous y sommes dit-il en me fixant. Je vais procéder à un déverrouillage de votre esprit.

Un déverrouillage ? J'ai à peine le temps de penser au mot qui vient d'être prononcé qu'un bruit attire mon attention.

Druide : Il ne veut pas répond le druide dans ma direction.

Moi : Qui ?

Druide : C'est Alejandro qui vient de fracasser la porte de mon bureau. Ici, le son extérieur est filtré. J'ai besoin d'un silence complet et je suis obligée de lancer un sort.

Alejandro : Noooon !

Je ferme les yeux pour me concentrer et lui faire parvenir un petit message rassurant à mon tour. Tout va bien. Je t'aime pensé-je.

Druide : Il essaye de vous protéger pour que vous n'ayez pas à subir cela. C'est une procédure traumatisante qu'il a déjà vécu il y a plusieurs années.

Il se retourne sans rien dire de plus pour toucher le mur et immédiatement, les sons extérieurs sont éteints. Nous sommes à présent tous les deux, seuls dans un silence froid.

Druide : Si vous voulez bien vous allonger.

Je m'installe alors sur le dos et j'ai à peine le temps de prendre place que le lierre s'enroule tout autour de moi pour m'immobiliser. Mon rythme cardiaque augmente, mon corps tremble, pourvu que je ne sois pas en train de faire une bêtise.

Druide : Il faut dans un premier temps que j'interrompe votre connexion avec le Prince sinon, vous serez deux à souffrir. Ensuite, je vais positionner mes deux mains sur votre tête et la procédure débutera. Êtes-vous prête ?

Moi : Oui répondis-je en bafouillant.

Le lierre s'enroule aussitôt autour de mon front, de mes cheveux pour former comme un casque. La sensation est apaisante, j'ai l'impression que mon cerveau se libère des doutes, appréhensions. Il s'éteint et la connexion avec Alejandro aussi par la même occasion. Je me sens comme vide.

La première main du druide se positionne à droite de ma tête, ses doigts rentrent en contact également avec ma tempe. Une sensation de chaleur envahie tout le côté droit de mon cerveau. Je n'arrive plus à bouger, je suis immobilisée par une force invisible. Je sens le vent tourner autour de moi, la lumière des bougies s'intensifie et le lierre resserre son emprise. La chaleur commence à se propager de mon cerveau à tout mon corps, j'ai horriblement chaud !

Druide : La procédure débute, vous êtes réceptive à ma transmission. Je vais positionner ma deuxième main et tout va débuter.

Il parle lentement, articule alors que le son de sa voix résonne dans mon esprit, comme si j'étais déjà loin, partie.

Je sens ses doigts se positionner sur la partie gauche de ma tête, les uns après les autres, chaque doigt est un supplice, la douleur monte crescendo ! Puis sa main s'écrase entièrement et là, la douleur explose dans mon corps.

Un boss pas comme les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant